Abritant plus du quart de la biodiversité de la planète, les sols assurent des fonctions essentielles à la vie qui peuvent être altérées de façon quasi irréversible lorsqu’ils sont artificialisés.
Définie par la loi Climat et Résilience de 2021, l’artificialisation des sols est « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. »
Lorsque des opérations d’aménagement sont réalisées (habitat, activités, commerces, infrastructures, équipements publics…), la structure et la composition des sols sont profondément transformées et dégradées, les habitats naturels sont détruits et fragmentés, les paysages sont modifiés.
En France, entre 20 000 et 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sont consommés chaque année. Ce phénomène se poursuit à un rythme 4 fois plus important que celui de l’augmentation de la population. Près de 8 500 communes continuent ainsi d’artificialiser leurs sols alors que le nombre de ménages dans ces communes diminue. (source : Observatoire de l’artificialisation des sols)
En métropole, ce phénomène affecte notamment les prairies, qui sont des écosystèmes très riches : elles représentent le premier type de milieux détruit par l’artificialisation entre 1990 et 2018 (plus de 55 000 hectares détruits soit plus de 2 fois la superficie de Marseille). (source : Bilan de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) 2021)
Les déterminants de l’artificialisation des sols sont multiples :
Autant d’éléments qui ont jusqu’à présent conduit toute la chaîne des acteurs de l’aménagement à privilégier des modalités fondées sur l’étalement urbain et l’artificialisation des sols.
Sous l’impulsion du Plan Biodiversité et de la convention citoyenne pour le climat, la loi « Climat et Résilience » a fixé des objectifs ambitieux :
A travers les documents de planification territoriale, comme les schémas régionaux, les plans locaux de l'urbanisme et les schémas de cohérence territoriale, l’objectif ZAN dessine une trajectoire qui invite à repenser en profondeur nos manières de construire, d’habiter et de produire dans les territoires.
Il s’agit, en exploitant l’immense patrimoine déjà bâti et en construisant uniquement là où il y a un réel besoin, de les rendre in fine plus accueillants pour le vivant. Une des solutions est de réutiliser voire de réinvestir des secteurs déjà urbanisés (logements vacants, friches industrielles ou commerciales ...) et de favoriser la conception et la construction d'opérations un peu plus compactes qui donnent plus de place aux sols vivants, à l’eau et au végétal.
Dans ce contexte, et selon la Fédération nationale des SCoT, une valeur renouvelée pourrait être accordée dans les projets de territoires aux espaces non bâtis et aux conti-nuités écologiques. (source : Contribution vers de nouveaux modèles d’aménagement)
Quand un écosystème étendu est divisé en de nombreux fragments de taille réduite, la biodiversité est menacée. Les populations sont isolées, leur habitat perturbé et de fait, le mode de vie. Comment se nourrir et se reproduire dans un milieu qui n’est plus le sien ?
L’objectif principal de la trame verte et bleue (TVB) est de reconstruire un réseau d’échanges pour que les espèces animales et végétales puissent circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer et assurer ainsi leur cycle de vie, en cohabitation avec les activités humaines.
Afin d’assurer le bon état écologique d’un territoire, les deux composantes de cette trame permettent de former un ensemble cohérent entre milieux naturels et semi-naturels terrestres (composante bleue) et les zones aquatiques et humides comme les fleuves, rivières, canaux, étangs... L’interaction entre chaque milieu crée alors une continuité écologique, elle-même constituée de réservoirs de biodiversité reliés les uns aux autres par des corridors écologiques.
L’OFB anime le centre de ressources TVB afin de permettre aux acteurs de connaitre les bonnes pratiques à mettre en œuvre sur le terrain. Par exemple, la communauté d’agglomération de Maubeuge a choisi, dès 2015, d’intégrer son schéma de TVB à son Plan local d’urbanisme intercommunal. Adopté en 2019, ce document fondamental a intégré la TVB et « invite à repenser la place de la nature dans les nouveaux projets et à rationaliser la consommation d’espace ».
Cette séquence vise à concilier développement économique et enjeux environnementaux, en constituant le fil conducteur d’intégration de l’environnement dans les documents de planification et les projets d’aménagements du territoire. Pour ces derniers, il s’agit d’éviter toute atteinte aux milieux naturels et aux services associés, à défaut, de les réduire et, en dernier lieu, de les compenser.
Les services de l’OFB sont fréquemment mobilisés pour donner des avis techniques et améliorer ainsi les projets d’aménagement, comme ce fut le cas sur la commune de Cesson-Sévigné.
L'OFB enrichit les outils visant à l'intégration de la séquence ERC aux échelles de la planification et du projet d’aménagement. Il a lancé en 2020 un centre national de ressources en ligne pour faciliter sa connaissance et son appropriation par le plus grand nombre.
La renaturation des sols est l’une des deux composantes de l’objectif ZAN qui, en milieu urbain, devrait conduire à donner plus de place à la pleine terre, à l’eau et à la biodiversité pour en faire des moteurs des stratégies d’adaptation climatique et de reconnexion à la nature.
D’une vision des sols comme supports de l’aménagement, l’objectif « zéro artificialisation des sols » invite désormais à privilégier une approche des sols en 3 dimensions comme ressources et solutions pour les territoires. (source : « Renaturer les sols, des solutions pour les territoires »)
La renaturation des sols s’inscrit pleinement dans le cadre des solutions d’adaptation fondées sur la nature dont la massification est encouragée par le programme Life ARTISAN piloté par l’OFB.
L'Atlas de la biodiversité communale (ABC) est un outil essentiel pour concilier aménagement du territoire et protection de la nature. Grâce à des inventaires écologiques, des cartographies et des actions concrètes, l'ABC permet d'intégrer la biodiversité dans les documents d'urbanisme. Cette démarche collective aide à créer des territoires durables, où nature et urbanisation coexistent harmonieusement.
Des programmes de recherches spécifiques approfondissent les interactions entre biodiversité et aménagement. L’OFB contribue notamment :
L’OFB participe plus globalement au développement des connaissances sur la biodiversité des sols qui permettront à terme de conjuguer les enjeux liés à la sobriété foncière et à la multifonctionnalité des sols.
L’initiative « Territoires engagés pour la nature » vise à faire émerger, reconnaître et valoriser des plans d'actions en faveur de la biodiversité portés par des collectivités locales. Dans ce cadre peuvent être reconnus les dynamiques de sobriété foncière initiées par certaines collectivités.
Le concours Capitale française de la biodiversité peut aussi être l’occasion de valoriser les démarches de limitation de l’artificialisation des sols. C’est le cas de la commune de Muttersholz en Alsace récompensée en 2017 pour sa politique de maîtrise foncière et de restauration de la trame verte et bleue sur son territoire rural.
A savoir
Derrière le terme "artificialisation" se cache un phénomène particulièrement impactant pour la biodiversité qui recouvre différentes acceptions. Le choix a ici été fait de retenir celle issue de la loi Climat et Résilience par rapport à la notion internationale de changements d’usage des terres et des mers, c'est-à-dire des changements dans l'utilisation et l'occupation des sols et des ressources liés aux activités humaines (urbanisation, intensivité des pratiques agricoles, installations sous-marines, …).