Le changement climatique a un impact direct sur l'Homme et les activités économiques, mais aussi sur l’ensemble des êtres vivants, les écosystèmes et donc la biodiversité. Les milieux et les espèces doivent chaque jour s’adapter à ses conséquences. S’ils n’en ont pas les moyens, ils peuvent disparaître. Plus les écosystèmes sont en bon état, mieux ils résistent et offrent même à nos sociétés des solutions d’adaptation aux conséquences de ces changements.
La législation française désigne le changement climatique comme une « variation du climat due à des facteurs naturels ou humains » (Source INSEE).
Pour mesurer ces variations, différentes données enregistrées sur le long terme sont utilisées comme la température de l’air, des océans ou la concentration en dioxyde de carbone.
Si le changement climatique est un phénomène naturel, il est fortement accentué et accéléré par les activités humaines depuis le début du XIXe siècle.
Quelles différences entre changement climatique et réchauffement climatique ?
Bien que les deux termes soient proches, les scientifiques privilégient désormais la terminologie « changement climatique ».
En effet, s’il existe une tendance globale au réchauffement de la planète, ce réchauffement n’est pas continu ni homogène. Par exemple, les températures enregistrées certaines années peuvent être moins élevées que celles des années précédentes. De la même façon, tous les endroits sur Terre ne sont pas concernés de la même manière, en fonction de leur géographie, du type de sol ou des courants océaniques.
Certains gaz influent sur le climat de la Terre en emprisonnant une partie de la chaleur du soleil qui n’est ainsi pas réémise vers l’univers : c’est « l’effet de serre ». Ces gaz comme le dioxyde de carbone (CO2) ou le méthane (CH4) sont indispensables au maintien d’une température viable, mais en trop grande quantité provoquent un réchauffement et sont ainsi en grande partie responsable du changement climatique.
Depuis plus de 200 ans, la concentration des gaz à effet de serre ne cesse d’augmenter et la température terrestre moyenne a déjà augmenté de plus de 1°C au cours des 140 dernières années. Selon les rapports scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la forte hausse du réchauffement planétaire observée depuis 1950 ne peut plus s’expliquer par les fluctuations climatiques naturelles.
Cette augmentation est d’origine humaine, due notamment à l’utilisation des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) mais aussi à l'utilisation des sols, par exemple avec le déboisement des forêts tropicales au profit de l’élevage intensif lui-même fortement émetteur.
Selon la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le changement climatique est également une des cinq grandes menaces qui pèsent sur la biodiversité (avec l’artificialisation des sols, la surexploitation, les pollutions, et les espèces exotiques envahissantes).
Le changement climatique contribue à modifier les conditions de vie des espèces, les forçant à migrer et à adapter leur mode de vie. Ces migrations, comme le moustique tigre qui remonte vers le Nord, peuvent induire de nouveaux risques sanitaires (transmission de maladies) et des déséquilibres sur la chaîne alimentaire.
Ces migrations ne concernent pas que les animaux. Dans les Alpes par exemple, les lignes de plantes forestières comme la renoncule ont remonté d’environ 30 mètres ces trente dernières années à cause de la hausse des températures. Cette ascension va rapidement poser un problème d’espace et probablement participer à la disparition de plusieurs espèces. En milieu marin, très ouvert par nature, ces migrations sont très rapides et les espèces présentes peuvent être rapidement modifiés y compris celles avec un intérêt économique.
Les espèces ne pouvant pas s’adapter sont menacées de disparition. Ainsi, 15 à 37 % des espèces vivantes pourraient disparaître d’ici 2050.
Le changement climatique affecte aussi la température des océans. Ainsi, depuis le milieu du XXe siècle, le nombre de jours de canicules marines (pics de très forte chaleur sur au moins 5 jours consécutifs) a plus que doublé. La biodiversité marine et notamment les récifs coralliens sont particulièrement touchés.
Lorsqu'un épisode de canicule marine dépasse les 180 jours, les coraux blanchissent quatre fois plus rapidement. Ce phénomène se développe également à cause de l’acidification des océans qui modifie la fixation du calcaire par les coraux et les symbioses avec les algues indispensables à leur vie. En moins de 40 ans, le blanchissement des coraux a été multiplié par 10. Ces coraux malades deviennent un milieu inhospitalier pour les poissons alors même qu’ils jouent un rôle considérable dans leur cycle de vie.
Ce phénomène a également d’autres conséquences. Par exemple, la hausse de température des océans influe sur la ponte des tortues de la Grande barrière de corail. En effet, le sexe des tortues est déterminé par la température à laquelle l’œuf est exposé au moment de la ponte. En dessous de 28°C, les œufs se transformeront en tortues mâles, au-dessus de 31°C, les œufs se transformeront en tortues femelles.
Sur la population des tortues présentes au nord de la Grande barrière de corail, 86,8 % sont des femelles.
La canicule marine menace également les algues fixées ou les herbiers, incapables de se déplacer vers des régions plus fraîches.
Un rapport commun du GIEC et de l'IPBES publié en juin 2021, identifie plusieurs actions pour accroître les avantages pour le climat et la nature. Selon ce rapport, « la protection et la restauration des écosystèmes riches en carbone constituent la priorité absolue dans une perspective conjointe d’atténuation du changement climatique et de protection de la biodiversité ». Cela est fortement mis en avant dans la stratégie européenne pour la biodiversité et son pendant nationale la stratégie nationale 3.
Quatre piliers d’action sont identifiés comme essentiels :
La combinaison des actions positives pour le climat et la biodiversité montre qu’elle peut aboutir à l’atténuation du dérèglement climatique ainsi qu’à l’adaptation par la protection de la biodiversité qui rend ainsi des services écosystémiques qui deviennent vitaux. A contrario des solutions d’adaptation au changement climatique ou même d’atténuation peuvent être destructrices de la biodiversité : mauvais positionnement des installations d’énergie renouvelables, captation des ressources en eau au détriment des écosystèmes (« bassines »), solutions « grises » (utilisation du béton) pour lutter contre les risques ; choix d’essences exotiques pour l’aquaculture, la sylviculture, l’agriculture.
En tant qu’établissement public chargé de la préservation de la biodiversité, l’Office français de la biodiversité est impliqué sur la thématique du changement climatique mais son contrat d’objectifs prévoit d’accroître encore la convergence nécessaire et « gagnante-gagnante » des efforts de conservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique.
L’OFB contribue au Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) piloté par le ministère de l'Écologie et du Développement durable. Il vise à limiter les effets négatifs du changement climatique sur les activités socioéconomiques et la nature (espèces, milieux naturels et écosystèmes) en France, face aux évolutions climatiques attendues. Ce plan a été actualisé fin 2018, donnant lieu à un second PNACC, intégrant les décisions de la COP21 et de l’Accord de Paris pour le Climat de 2015.
Ce plan repose sur principalement sur :
Il doit être décliné dans les schémas régionaux du climat, de l'air et de l'énergie (SRCAE), prévus par la loi Grenelle II. Il doit aussi être décliné dans les plans Climat-énergie territoriaux (PCAET). Un second PNACC (2018-2022) comprend les recommandations prises suite à l’évaluation du premier plan. Des indicateurs ont été identifiés afin de suivre les évolutions en termes d’évolution du climat. Chaque indicateur relève de la responsabilité d’un partenaire :
Ces indicateurs permettent de mesurer l’impact du changement climatique sur un ensemble d’éléments et de chercher des solutions d’adaptation.
Mieux connaître le débit des cours d’eau
L’OFB a pour rôle d’évaluer l'état et les usages des écosystèmes aquatiques et des ressources en eau. Il intervient notamment dans les suivis hydrologiques des eaux superficielles avec l’Observatoire national des étiages (Onde). Les données Onde sont réalisées grâce aux observations faites par les agents départementaux de l’OFB. Elles peuvent être présentées lors des instances locales de suivi de la sécheresse. Les Préfets peuvent s’appuyer sur ces instances et les informations qui y sont rapportées pour prendre des mesures de suspension provisoire des usages de l’eau lors des épisodes de sécheresse.
Complémentaire de l’Observatoire national des étiages, le programme « En quête d’eau » est basé sur un réseau d’observateurs bénévoles. Ces volontaires issus d’autres établissements, d’associations, de collectivités ou de la société civile permettent ainsi d’augmenter le nombre de données recueillies sur tous les types de cours d’eau et d’élargir les périodes de collecte au-delà de l’été.
Au-delà de la lutte contre le changement climatique, des solutions sont également envisagées pour adapter les habitudes de l’Homme à ce phénomène. Canicules plus fréquentes, périodes de sécheresses qui touchent de plus en plus de territoires et en toute saison, inondations spectaculaires, incitent la population à trouver des moyens d’apprendre à limiter les émissions de CO2 inutiles, mais aussi à vivre différemment. Les solutions fondées sur la nature déclinées par le projet LIFE Artisan en sont un exemple inspirant et qui fonctionne.
Par exemple, la restauration de certains milieux naturels comme les mangroves dans les territoires ultra-marins ou les zones humides permettent de recréer une protection naturelle contre de nombreux aléas climatiques (risques de submersion marine, cyclones, inondations diverses…). .
Ces actions permettent à la nature en bon état de « jouer tout son rôle de « régulateur », et à l’Homme d’y vivre en sécurité. Préserver ou restaurer les milieux naturels, en ville mais aussi à la campagne, encourage la résilience des territoires face aux effets du changement climatique