Les réseaux de suivi sont une force et une richesse autant pour l’acquisition de connaissances que pour la gestion des milieux. Les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), de ses partenaires et les correspondants sur le terrain (vous ?) collectent ensemble des données in situ et les font remonter, du niveau départemental au national. L’OFB anime des réseaux de suivi et de surveillance de l’état de santé ou de conservation de la faune sauvage, du fonctionnement de leurs écosystèmes, et des réseaux de sites où sont étudiés différents modes de gestion, d’atténuation des pressions et de restauration.
Pourquoi des réseaux ? Utilité et particularités de ces partenariats essentiels
Dans le domaine du suivi et de la surveillance du patrimoine naturel, que ce soit des espèces, des milieux ou des expérimentations sur des sites dédiés ou volontaires, la force du réseau permet de :
- démultiplier les observations et la récolte des données sur de vastes territoires et dans des contextes variés,
- fédérer les observateurs et leurs établissements, partager les expériences et confronter les pratiques.
Un objectif fondateur appliqué à trois grands types d'actions
Tous les réseaux pilotés ou auxquels participe l’OFB ont pour point commun un objectif central : améliorer la connaissance et sa diffusion. Ils se déclinent plus particulièrement autour de trois grandes familles de réseaux.
- Pour certains réseaux, l’objectif est d’établir l’état de conservation des populations des espèces et de leurs habitats en France, le plus précisément et le plus régulièrement possible, par le biais d’enquêtes spécifiques. Cette évaluation de l’état de « santé » permet d’identifier les évolutions éventuelles et tendances de fond. C’est d’autant plus important pour les espèces et écosystèmes les plus impactés par les activités humaines.
- Pour d’autres, il s’agit d’acquérir des connaissances sur les écosystèmes (suivi de la température des plans d'eau), ou de mesurer les effets d’actions de gestion ou de restauration des écosystèmes (les sites de démonstration par exemple). Ces éléments, essentiels à l’avancée des connaissances scientifiques, permettent également de faire progresser les pratiques de gestion.
- Enfin, les réseaux d’acteurs autour des projets permettent d’échanger et de partager autour des bonnes pratiques et des retours d’expériences, et de diffuser largement les connaissances acquises (Agrifaune, Sinapce...).
Des principes structurants et communs de fonctionnement
Pour réaliser un suivi permettant d’obtenir des évaluations régulières ou continues de l’état de conservation, ou une acquisition de connaissances robuste, certains critères ou éléments de méthode sont incontournables et à spécifier précisément selon le sujet :
- couvrir l’ensemble du territoire concerné, selon un maillage scientifiquement déterminé,
- s’inscrire dans la durée : l’action n’a de sens que si elle est maintenue dans le temps, permettant d’obtenir des séries continues pour étudier les changements à long terme,
- se baser sur des protocoles standardisés et des formats harmonisés sur tous les sites et pour tous les participants.
Mise en œuvre du protocole de recherche d’indices de présence du Castor d’Europe (Paul Hurel, OFB)
Réseaux de suivi et surveillance de la faune sauvage
Le suivi patrimonial de la faune sauvage demande une attention particulière, notamment pour les espèces bénéficiant d’un statut de protection particulier ou en interactions directes et fortes avec les activités humaines. Ainsi les oiseaux et mammifères sont particulièrement concernés, dont les espèces chassables. Elles bénéficient d’un suivi pour s’assurer du statut de conservation de leurs populations et de leurs habitats.
Les spécificités du suivi d’espèces dans un réseau national
L'OFB anime des réseaux de correspondants spécifiques, structurés à l’échelle départementale et nationale, pour certaines de ces espèces exploitées ou par groupe d’espèces.
Ce travail débuté en 1985 par l'ONCFS et poursuivi dans l'OFB permet de recueillir au long cours des données sur l'état de conservation des populations.
En chiffres
- Plus de 50 espèces concernées
- Près de 3 000 personnes mobilisées
Outre les nombreux bénévoles, les membres des réseaux sont des agents principalement de l’OFB, des fédérations départementales des chasseurs et d’associations cynégétiques spécialisées. Si chaque réseau a son organisation spécifique, tous sont structurés à l’échelle départementale, avec une remontée d’informations au niveau national.
Pour chaque réseau, un responsable scientifique expert dans le domaine est désigné. Un comité technique national se réunit également pour recueillir l’avis des utilisateurs des données ainsi que celui des correspondants sur tous les aspects de la vie du réseau, et proposer les évolutions nécessaires. Dans beaucoup de réseaux, les responsables scientifiques s’appuient sur des interlocuteurs techniques départementaux, en charge d’organiser les opérations de terrain et la collecte des données.
Pour chaque espèce ou groupe d’espèces, des protocoles spécifiques rigoureux sont mis en place.
Les réseaux
- Bécasse
- Bécassines
- Canards de surface et Canards plongeurs
- Castor
- Loup-Lynx
- Ongulés sauvages
- Ours brun
- Petits et méso-carnivores
- Sagir - Surveillance sanitaire de la faune sauvage
- Suivi temporel des oiseaux de montagne (STOM)
À noter : l'OFB dispose d’un réseau d’espaces remarquables qui servent de référence pour l’étude de l’avifaune migratrice, des cervidés, des sangliers et de la faune de montagne. Avec notamment 25 réserves de chasse, couvrant 55 000 hectares, ces territoires constituent des lieux privilégiés pour la conservation, les études et la recherche appliquée. Ce sont aussi des lieux utilisés pour l’information du public ou la formation cynégétique.
Rejoignez un réseau : observez la faune sauvage !
Certains réseaux appellent et encouragent les bénévoles à les rejoindre : les possibilités et modalités de participation sont précisées sur les pages de chacun.
Tous sont des réseaux de suivis scientifiques : vos observations seront collectées selon des procédures rigoureuses, et pourront ainsi participer à la bonne connaissance des populations sauvages. Certains réseaux reposent sur de simples observations naturalistes, d’autres vous permettront de vous former à des gestes techniques comme le baguage des oiseaux, la pose d’enregistreurs... La participation de bénévoles permet de couvrir un territoire toujours plus large.
Réseaux suivi et surveillance écosystèmes et paramètres physiques
La surveillance des écosystèmes consiste en l’observation répétée de leurs composantes sur le long terme afin de percevoir des changements en qualité ou en quantité aux différents niveaux d’organisation (écosystèmes, habitats, espèces, gènes).
Qu’ils concernent les milieux aquatiques et ses composantes telles que la température des lacs et des cours d’eau ou les étiages, ou le lien entre reproduction du sanglier et fructification par exemple, ces réseaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement d’un écosystème, et les connexions et interdépendances entre les différents éléments qui le composent.
Ils peuvent également permettre de détecter des tendances d’évolution, qu’elles concernent des problématiques locales ou bien à plus large échelle, comme l’érosion de la biodiversité, la place des espèces exotiques envahissantes ou bien sûr le changement global. L’observation de ces tendances, et leurs impacts sur les écosystèmes, est un élément-clé pour mieux comprendre l’évolution des espèces et de leurs milieux.
Les réseaux
- Observatoire national des étiages (Onde)
- Observatoire national reproduction du sanglier et fructification forestière
- Surveillance prospective (RSP) de la qualité chimique des milieux aquatiques
- Suivi de la température (RNT) des plans d'eau et des cours d'eau
Réseaux d'expérimentation de modes de gestion, et de restauration, sur des sites
Ce type de réseaux, pilotés et/ou gérés par l’OFB, se définit par des sites d’expérimentation et des acteurs gravitant autour de ces sites et thématiques. Il s’agit de mettre en œuvre :
- des modes de gestion durables et/ou innovants, ou des mesures de restauration des milieux, sur des sites choisis, en lien avec les gestionnaires de ces sites,
- un suivi rigoureux et scientifiquement robuste de ces travaux, ou changements dans la gestion, afin de quantifier précisément les effets des mesures mises en œuvre sur les milieux et/ou les communautés animales et végétales, voire humaines.
Les résultats permettent à la fois des avancées scientifiques (sciences agricoles, de la gestion des espaces et des espèces, écologie de la restauration), mais aussi d’adapter les pratiques de gestion et de savoir quelles mesures mettre en place selon les contextes.
Ces réseaux de sites sont également essentiels pour l’appui à la mise en œuvre des politiques publiques.
Par exemple, dans le cadre du Règlement européen sur la restauration de la nature, les états-membres sont tenus de restaurer les milieux dégradés sur leur territoire, et d’en rapporter la bonne réalisation. Pour cela, il est nécessaire de savoir quelles sont les techniques ou modes de gestion à mettre en œuvre pour parvenir à restaurer les milieux de la manière la plus efficace selon le contexte. Les différents suivis mis en œuvre permettront aussi de définir quels paramètres quantifient au mieux l’atteinte de l’objectif de restauration.
Les réseaux
- Sites de démonstration (suivi des opérations de restauration hydromorphologique)
Un retour d’expérience du réseau Sinapce : un nouveau mode de gestion du risque incendie dans les Alpilles
L'intégration des enjeux de biodiversité a été pensée dès les années 2000, au travers des documents cadres de gestion de ce massif forestier, le plus grand des Bouches du Rhône avec 30 000 hectares. Cette analyse proposée par le Parc naturel régional des Alpilles porte sur les principales actions : adaptation du calendrier des travaux de défense des forêts contre les incendies (DFCI) et instauration de pâturages dans certaines zones clés.
D’autres dispositifs viennent en complément
Outre les réseaux de suivi formels, très structurés et couvrant souvent la totalité du territoire national comme décrit ci-dessus, l’OFB porte aussi un certain nombre d’initiatives reposant sur des suivis et des expérimentations à long terme, parfois sur seulement certaines régions.
Vous pouvez contribuer à ces dispositifs selon votre activité socio-professionnelle (agriculteurs, pisciculteurs, etc.) ou votre lieu de résidence.
- Mission Espèces exotiques envahissantes
- Mission Faune d’outre-mer
- Observatoire de la Haie
- Pôle Etangs continentaux
- Programme Agrifaune
- Suivi de la grande faune forestière de Guyane