La surexploitation des ressources

Bois, faune, flore, eau… les richesses de la Terre ne sont pas illimitées. L'exploitation de la biodiversité, souvent réduite à la notion de ressources, a atteint un seuil critique. Elle menace non seulement le renouvellement de ces ressources, mais également le bon fonctionnement des écosystèmes.

Comment notre société exploite-t-elle « trop » ?

Vous avez dit « surexploitation » ?

Pour répondre aux besoins et activités humaines, les ressources de la planète sont utilisées quotidiennement. Même si certaines ressources peuvent se renouveler, elles ne sont pas illimitées. Lorsque le niveau de prélèvement d'une ressource dépasse sa capacité à se reconstituer naturellement, le cap de la surexploitation est alors franchi. Aujourd’hui, notre mode de vie actuel est incompatible avec les limites de la planète et crée des inégalités très fortes. Les ressources naturelles sont exploitées à un rythme effréné et de manière trop conséquente, ce qui les empêche de se régénérer.

Chaque année, selon la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables ou non sont extraites dans le monde.
Prélèvement excessif sur la faune et la flore, braconnage, agriculture intensive, surpêche, surexploitation du bois, consommation excessive d’eau… toutes ces pratiques induisent la dégradation des habitats et participent au déclin de la biodiversité.
La surexploitation des ressources est l’une des cinq causes majeures de l’érosion de la biodiversité (rapport 2019, IPBES). 

Exploitation forestière impactante - Crédit photo : Sébastien Lamy

Le Jour du dépassement

Chaque année, l’espèce humaine consomme plus de ressources que la planète ne peut en produire sur cette même période. La date à laquelle l’ensemble de ces ressources a été consommé est tristement nommée « Jour du dépassement ».
Même si le mode de calcul peut varier, le phénomène fait consensus : il y a 20 ans, cette journée tombait fin septembre, et en 2025, elle tombait le 24 juillet, deux mois plus tôt.
À partir de début août, nous vivons à crédit : le nombre d'arbres coupés ou de poissons pêchés est supérieur à ce que la planète peut produire en un an.

Les causes de la surexploitation des ressources

Deux facteurs principaux sont à l’origine de la surexploitation des ressources : nos modes d’exploitation et de consommation, trop intensifs pour permettre à la planète de se régénérer. Heureusement, des solutions existent : la sobriété et la durabilité sont les principes à adopter pour permettre à la Terre de respirer.

Des conséquences pour la biodiversité, l’économie et la géopolitique

La surexploitation des ressources a des conséquences sur la biodiversité elle-même : dans le secteur de la pêche par exemple, les prises trop conséquentes et les captures de juvéniles empêchent certaines populations de retrouver un état stable. Par exemple, le thon rouge, pêché de manière excessive depuis les années 1970, a vu sa population diminuer drastiquement en quelques décennies. En 2007, des quotas de pêche stricts ont été mis en place par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA). Cela a permis à l’espèce d’augmenter fortement sa population, passant de la catégorie « en danger » à « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

Ce phénomène de surexploitation engendre une raréfaction des ressources, et une hausse de leur valeur sur le marché. En effet, la raréfaction des ressources a également des conséquences sur l’économie de l’eau. L'eau est une ressource renouvelable qui n'est pas illimitée : selon le Centre d'information sur l'eau (CIEau), l'eau douce ne représente que 2,5 % de la totalité de l'eau sur Terre. Pourtant, avec la généralisation de l’agriculture irriguée, le changement climatique et l’augmentation de certaines activités, le besoin en eau augmente. Les prélèvements sur la ressource en eau peuvent conduire à des modifications importantes du débit des rivières ou du niveau des nappes phréatiques et entraîner des conflits d’usages entre eau potable, industrie, agriculture, loisirs et biodiversité.

La perte d’une espèce entraîne aussi la perte de la fonction écologique qu’elle apportait. Par exemple, la déforestation perturbe le maintien du cycle de l’eau et la qualité de l’air. De plus, la raréfaction d’une espèce fragilise son écosystème et peut impacter la production économique de certaines industries (agriculture, approvisionnement en matières premières…). La diminution des ressources naturelles amplifie la concurrence autour de ces ressources.

Cette concurrence pour le contrôle des ressources est déjà bien visible. En effet, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), l’exploitation des ressources naturelles est à l’origine d’au moins 40 % des conflits civils ou armés au cours des soixante dernières années. Entre l’Inde et le Pakistan par exemple, le Traité des eaux de l’Indus a été signé en 1960 pour partager équitablement le bassin de l’Indus entre les deux pays. Située en amont du bassin, l’Inde s’engage, par la signature de ce traité, à laisser les eaux couler en aval, au Pakistan. En 2016, à la suite de tensions politiques entre les deux pays, l’Inde a menacé de se retirer du traité, un sujet d’inquiétude pour le Pakistan, qui est dépendant de ces eaux pour l’agriculture et l’eau potable.

Des solutions pour limiter la surexploitation des ressources

La CITES : lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages

Un commerce illégal de trafic d’espèces sauvages, estimé entre 7,8 et 20 milliards de dollars, contribue à la disparition des espèces, menace les écosystèmes fragiles et favorise la transmission des maladies des animaux aux humains. La CITES, entrée en vigueur en juillet 1975, vise à réguler ce commerce pour prévenir ses impacts destructeurs. Elle contrôle le commerce international de plus de 38 000 espèces animales et végétales menacées d’extinction. Ainsi, elle protège les espèces en danger en interdisant ou limitant leur exploitation commerciale, et assure une utilisation durable des ressources naturelles. 

L’OFB à travers sa direction des relations européennes et internationales participe aux négociations en appui à la diplomatie française, donne des avis scientifiques sur les permis délivrés via Patrinat et contrôle sur le terrain le respect de cette convention avec des brigades dédiées et des référents dans chaque service départemental.