Favoriser la coexistence avec les grands prédateurs

Le retour naturel ou accompagné des grands prédateurs en France témoigne d’une dynamique positive de la biodiversité. Toutefois, leur présence soulève des enjeux écologiques, économiques et sociaux majeurs. Favoriser la coexistence implique d’assurer la conservation de ces espèces protégées tout en accompagnant les acteurs des territoires concernés.

Vous avez dit grand prédateur ?

En France ultramarine et hexagonale, on trouve cinq grands prédateurs terrestres : le Loup gris (Canis lupus), le Lynx boréal (Lynx lynx) et l’Ours brun (Ursus arctos) en métropole ainsi que le Jaguar (Panthera onca) et le Puma (Puma concolor) en Guyane. 

Les trois espèces présentes dans l’hexagone, le Loup, le Lynx et l’Ours, sont actuellement protégées en France. Autrefois bien présentes sur le territoire, elles ont progressivement décliné en raison de leur destruction directe, de la destruction de leurs habitats et de la diminution de leurs ressources alimentaires. Le Loup et le Lynx ont fini par disparaître du territoire métropolitain au début du XXème siècle, tandis qu’il ne restait de l’Ours que quelques individus dans les Pyrénées.

Les campagnes de renforcement de population de l’Ours brun dans le massif pyrénéen et le retour naturel puis les réintroductions du Lynx boréal dans le Jura vaudois en Suisse et dans les Vosges, ainsi que le retour naturel du Loup gris par les alpes italiennes, ont permis de revoir ces grands prédateurs en France. Aujourd’hui, l’Ours et le Lynx sont sur la liste des espèces strictement protégées de la Convention de Berne, tandis que le Loup est classé espèce protégée sur cette même convention.

Le Loup gris

Loup gris (Canis lupus). Crédit : Philippe Massit

Le Loup gris, profondément ancré dans l’imaginaire collectif, fascine l’être humain depuis des siècles. Jusqu’au Moyen Âge, il était perçu comme un être à la fois spirituel, parfois vénéré, souvent craint. Les périodes de famine l’ont rapproché des villages, nourrissant la peur du « loup anthropophage ». La rage, dont certains individus pouvaient être porteurs, accentuait cette crainte en provoquant des comportements désinhibés et agressifs. La Louveterie, institution créée par Charlemagne dès le IXᵉ siècle, fut chargée de sa destruction. Les contes, tels que Le Petit Chaperon rouge, les fables de La Fontaine ou la légende du Loup-Garou, ont durablement associé le loup à une image de menace et de mal.

Avec le temps, cette perception a évolué. Des œuvres comme Croc-Blanc de Jack London ont contribué à révéler le loup sous un jour différent, celui d’un animal social, intelligent et emblématique des grands espaces.

Aujourd’hui encore, la figure du loup reste marquée par une forte charge symbolique. Entre mythes et réalités, il suscite à la fois fascination et appréhension. En réalité, le Loup est un animal discret et craintif, qui évite les humains : aucun cas d’attaque sur l’homme n’a été recensé en France depuis son retour il y a plus de trente ans.

La Brigade mobile d’intervention Grand Prédateurs Terrestre (BMI GPT)

Au sein de l’OFB, la BMI GPT de la Direction Grands Prédateurs Terrestre (DGPT) comprend une brigade « Est » et une brigade « Ouest » qui se répartissent les opérations suivant les secteurs géographiques. La brigade apporte un soutien aux éleveurs qui subissent des attaques récurrentes, malgré les protections mises en place. Les membres de la brigade peuvent effectuer des tirs de défense sur le Loup gris et des tirs d’effarouchement dans le cas de l’Ours brun. Aussi, la BMI assure les suivis des populations au niveau national pour appuyer les réseaux Loup-lynx et Ours. Les agents de la BMI GPT contribuent également à la formation des partenaires pour la mise en œuvre opérationnelle des mesures de défense des troupeaux. 

Le Lynx boréal

Jeune lynx boréal dans sa première année. Crédit: Philippe Massit

Le Lynx boréal était autrefois appelé le « loup-cervier », le loup qui attire les cerfs. Quasiment absent des mythologies européennes, c’était un animal très méconnu et souvent confondu avec le loup. Il serait capable de transformer son urine en pierre précieuse, le lyncurius, qui soignerait les maladies des reins. Chassé pour sa fourrure, le Lynx a alors une réputation d’animal mystérieux, voire mystique et féroce. À l’image de la bête du Gévaudan, la bête de la Gargaille, qui s’avérait être un Lynx boréal, aurait terrorisé plusieurs personnes dans le Jura durant l’année 1819.  Aujourd’hui, malgré une meilleure connaissance scientifique de cet animal, il reste peu connu du grand public. 

Très difficilement observable en milieu naturel et inoffensif pour l’homme, 58% des cas de mortalité détectés de Lynx sont dus aux collisions avec des voitures. Une autre menace qui pèse sur le Lynx est la fragmentation de son habitat, qui l’empêche de se déplacer librement et de se reproduire.

Le Plan national d’actions en faveur du Lynx boréal 2022-2026 ambitionne de rétablir le Lynx dans un état de conservation favorable en France.

L’Ours brun

Ours brun (Ursus arctos). Crédit: Philippe Massit

Contrairement au Lynx et au Loup, l’Ours brun est une espèce omnivore dont la majorité de l’alimentation est constituée de végétaux. Occupant autrefois de nombreux massifs forestiers et montagnards en France, il n’est aujourd’hui présent que dans le massif des Pyrénées. 

Le Plan national d’actions Ours brun 2018-2028 ambitionne, entre autres, de renforcer la population et d’améliorer la cohabitation avec les activités humaines.

Les autres grands prédateurs de France

Deux autres grands prédateurs sont présents en France sur le territoire guyanais : deux félins, le Jaguar (Panthera onca) et le Puma (Felis concolor). 

Solitaire et discret, le Jaguar est observé dans toute la partie forestière et sur la bande côtière et urbanisée du territoire. Sa présence est estimée à 3,2 individus par 100 km². Certaines menaces peuvent potentiellement peser sur sa population aujourd’hui stable, comme la destruction et la fragmentation de son habitat, la raréfaction des proies naturelles et le braconnage. Il peut également être l’objet de tirs de défense, car il lui arrive de s’attaquer aux animaux domestiques et d’élevage. 

Les informations concernant le Puma en Guyane sont rares. On peut rencontrer ce carnivore sur tout le continent américain.

Les deux espèces bénéficient d’une interdiction de prélèvement en Guyane. 

Quelques fiches espèces

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