Concilier énergies renouvelables et biodiversité

Face à l’urgence climatique et à l’effondrement de la biodiversité, la transition énergétique doit s’accompagner d’une attention renforcée à la préservation du vivant. Développer les énergies renouvelables, oui, mais pas au détriment des écosystèmes : l’enjeu est de concilier production d’énergie durable et maintien de la biodiversité dans une approche cohérente et intégrée des territoires.

Biodiversité et énergies renouvelables : des enjeux conjoints

Aujourd’hui, la crise climatique nous pousse à repenser en profondeur notre système énergétique émetteur de gaz à effet de serre. Une transition est en cours pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles, et se tourner vers des sources d’énergie à faible émission de CO₂, telles que les énergies renouvelables (EnR). Les EnR tirent leur énergie de sources qui se renouvellent naturellement, comme le soleil, le vent, l’eau ou la biomasse. Leur développement massif est aujourd’hui une solution pour atteindre les objectifs climatiques, notamment l’objectif de neutralité carbone pour 2050 fixé par la loi Energie-Climat de 2019

Le principal inconvénient des EnR réside dans le caractère diffus de leurs sources : elles nécessitent une grande superficie pour capter une quantité suffisante d’énergie. Par exemple, plus on installe d’éoliennes, plus on produit d’électricité, mais plus on occupe d’écosystèmes et de milieux naturels. Ainsi, en contribuant positivement à atténuer le changement climatique, les EnR peuvent en revanche intensifier d’autres pressions, notamment le changement d’occupation et d’usage des terres et de la mer, l’exploitation des ressources naturelles (minérales, végétales ou aquatiques), dans certains cas, la pollution des sols ou de l’eau et la création de milieux favorables au développement d’espèces exotiques envahissantes. En modifiant les conditions d’habitats, ces pressions peuvent impacter directement la faune et la flore.

Le déploiement massif des EnR induit également un effet de cumul sur la biodiversité : une centrale solaire photovoltaïque aura d’autant plus d’incidences sur la biodiversité, que sa surface augmente, qu’elle fragmente le territoire et que son emprise s’ajoute à celle d’autres infrastructures ou aménagements humains.

Éoliennes en campagne. Crédit photo : Sébastien Lamy

Un cadre national pour concilier les énergies renouvelables et la biodiversité

La transition énergétique portée par la France vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, promise par les Accords de Paris, tout en préservant la biodiversité. Pour cela, le Plan Biodiversité 2018 et la Stratégie nationale biodiversité 2030 évoquent différentes priorités d’actions, avec l’objectif commun de réduire l’empreinte environnementale des EnR. Ils sont appuyés par la loi Climat et Résilience qui prévoit zéro artificialisation nette pour 2050 et le renforcement de la séquence Eviter-Réduire-Compenser en 2016. 

En parallèle, la loi APER (accélération de la production d’énergie renouvelable) du 10 mars 2023 prévoit une accélération du déploiement territorial des EnR.  Alors que la loi Energie-Climat de 2019 fixait un objectif de 33% d’EnR dans le bouquet énergétique d’ici 2030, celui-ci était en 2023 de 22,3% d’après l’Insee. L’objectif commun est clair : concilier développement énergétique et reconquête de la biodiversité dans un cadre cohérent, partagé entre acteurs publics et territoriaux.

Les crises du climat et de la biodiversité sont interdépendantes : l’atténuation du changement climatique par la décarbonation de notre production énergétique peut aider à réduire une pression sur la biodiversité, à condition de ne pas lui nuire ailleurs. En effet, l’augmentation de la température de l’air et des eaux entraîne une fragilisation voire la disparition d’espèces de flore et de faune sauvage et la dégradation d’écosystèmes naturels. D’un autre côté, c’est le bon fonctionnement des écosystèmes naturels qui contrôle le cycle du Carbone. L’enjeu est donc le suivant : comment concilier un déploiement massif des énergies renouvelables, nécessaire à l’atténuation du changement climatique, avec la protection de la biodiversité ? 

Quelles sont les solutions proposées par l’OFB ?

Nous développons différents types d’actions pour encourager et mettre en œuvre la prise en compte de la biodiversité dans les projets d’aménagement d’énergies renouvelables :

  • développer la connaissance scientifique et technique, notamment sur les incidences des EnR sur la biodiversité et les solutions d’atténuation de ces dernières ;
  • rechercher les différents leviers d’intégration de la biodiversité dans les EnR ;
  • accompagner techniquement les acteurs : mise à disposition d’outils d’appui à la planification territoriale des EnR et à l’éco-conception des projets (applications cartographiques, guides ou référentiels techniques, brochures, formations techniques, etc.) ;
  • valoriser les bonnes pratiques ;
  • diffuser auprès de tous l’ensemble de ces informations (colloques, séminaires, webinaires, brochures, etc.).

Mise en œuvre de deux observatoires nationaux

Dans le cadre de la mesure 15 de la SNB 2030 (renforcer la prise en compte des enjeux de protection de la biodiversité dans les projets d’infrastructures énergétiques) et de la loi APER du 10 mars 2023, l’OFB travaille sur l’accompagnement du déploiement des EnR sur le territoire afin d’en limiter les impacts environnementaux. Deux observatoires ont été créés récemment : l’Observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité, codéveloppé avec l’Ademe, et l’Observatoire national de l’éolien en mer, codéveloppé avec l’Ifremer.

De la planification sur le territoire à la conception technique du projet : deux étapes successives complémentaires

Lors du déploiement et de la conception d'infrastructures énergétiques, deux étapes se succèdent et se complètent :

  • le choix du ou des sites et des réseaux associés s'envisage à toutes les échelles d'un territoire, du national au régional jusqu'aux zonages en maillages précis ;
  • les choix techniques pour le projet en lui-même dont les emprises, les dispositifs techniques, le déroulement du chantier, les modalités d'exploitation, sont autant de paramètres à prendre en compte.

La mise en œuvre : quelles incidences des énergies renouvelables sur la biodiversité, et quelles recommandations ?

Plusieurs sources naturelles renouvelables sont utilisées pour obtenir de l’énergie : la gravité, l’eau, les marées, la chaleur de la Terre, la biomasse, le vent et le soleil. Nous nous concentrerons ici sur des énergies obtenues à partir de quatre de ces sources : l’éolien, le solaire photovoltaïque, la bioénergie et l’hydroélectricité.

Intégrer la biodiversité dans les projets EnR : principes, outils et leviers d’action

Le développement des énergies renouvelables doit s’accompagner d’une prise en compte rigoureuse de la biodiversité à chaque étape des projets. La mise en œuvre de la séquence « éviter-réduire-compenser », l’intégration des continuités écologiques et l’activation de leviers économiques et réglementaires constituent autant de moyens pour concilier transition énergétique et préservation du vivant.