Les pollutions de l’air, du sol, de l’eau ainsi que la pollution lumineuse et la pollution sonore ont de graves effets sur la biodiversité. D’autant plus que toutes ces pollutions interagissent et se cumulent. D’origine naturelle, domestique, industrielle ou agricole, elles entraînent une perturbation de l’ensemble des milieux.
L’Office français de la biodiversité a pour mission de prévenir, d’évaluer et de lutter contre ces pollutions, via ses activités d’acquisition de connaissances, de prévention, de sensibilisation, de surveillance et de contrôle des usages sur le terrain.
La pollution touche tous les milieux : air, eau, sol. Par exemple, chaque année en France, plus de 66 000 tonnes de pesticides sont utilisées (source). En plus de polluer l’air, les pesticides, comme les autres contaminants chimiques, s’infiltrent dans les sols et les cours d’eau et se retrouvent dans notre organisme. Néfastes pour les humains, ils ont également des conséquences dramatiques sur certaines espèces végétales, fongiques ou animales, comme les pollinisateurs, responsables d’un tiers de notre alimentation.
Une étude menée en Allemagne en 2017 par une équipe internationale estime qu’en 30 ans, en Europe, près de 80 % des insectes volants auraient disparu. En cause, l’intensification des pratiques agricoles (pesticides, engrais de synthèse, etc.).
L’air est contaminé par plusieurs polluants, qu’ils soient gazeux, liquides ou solides. Ils peuvent aussi bien être d’origine naturelle (pollens émis par les végétaux, gaz et particules issus des volcans, foudre à l’origine de production d’ozone, …) que le fruit des activités humaines (trafic routier, industries, production et consommation d’énergie, agriculture, ...).
L’air intérieur des bâtiments peut aussi être contaminé par différents produits toxiques, émanant, par exemple, des peintures ou des solvants des produits ménagers ou cosmétiques.
L'air est également un excellent moyen de transport pour les microparticules de plastique qui peuvent même se retrouver dans les espaces naturels les plus reculés. En Ariège, région relativement préservée des pollutions, les précipitations déposent plus de 365 particules de microplastiques, inférieures à 5 mm, par mètre carré et par jour*. Ce chiffre est comparable à celui mesuré dans les grandes métropoles comme Paris.
Cette pollution perturbe les écosystèmes : déclin de certaines espèces végétales ou animales, difficultés de certaines espèces à se développer, se nourrir, modification des organismes…
En savoir plus
Comme pour l’air, la pollution des sols peut avoir différentes origines :
Véhiculés par l’air et l’eau, les polluants qui s’infiltrent sous terre peuvent être de différentes natures : des métaux, des métalloïdes (éléments qui présentent des propriétés intermédiaires entre celles des métaux et des non-métaux), des minéraux et des molécules organiques*.
*une molécule est dite organique si elle contient des atomes de carbone (C) liés à des atomes d'hydrogène (ex : le méthane).
Malgré l’interdiction de leur usage depuis les années 1990, certaines substances issues des transports ou de l’épandage agricole continuent de polluer durablement le sol. Ainsi, plus de 90 % des contaminations diffuses par le plomb proviennent du trafic automobile.
En métropole, le sol des zones de culture ou d’élevages intensifs renferme également des taux élevés de lindane (insecticide ou antiparasitaire), alors que cette substance est interdite depuis 1998.
Dans les Antilles françaises, la pollution chronique du sol des bananeraies et la contamination des écosystèmes naturels par la chlordécone, insecticide interdit de vente depuis 1993, affectent encore 25 % de la superficie agricole utilisée en Guadeloupe et 40% en Martinique, en raison de sa persistance dans le sol, exposant la population par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés.
La pollution des sols a un effet délétère sur les différents maillons des écosystèmes souterrains. Le sol abrite une quantité formidable de micro-organismes, d’insectes et d’invertébrés. Sans eux, impossible de maintenir des sols en bonne santé. Finie l’absorption du carbone, la richesse de la biodiversité et les différents services rendus par la nature.
95 % de l’alimentation des populations humaines provient directement ou indirectement des sols. Sans sols sains, la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable sont menacés.
L’Office français de la biodiversité est partenaire du Groupement d’intérêt scientifique Sol (GISest). Depuis 2001, l’objectif du GISest de mieux connaître les sols et de suivre dans le temps leur qualité : acquisition d’échantillons de sols, de données sur les propriétés des sols, et progressivement, la construction d’indicateurs opérationnels de la qualité des sols.
L’Office français de la biodiversité assure notamment la gestion d’une partie du plan national Ecophyto 2+ dont l’objectif est de réduire progressivement l’utilisation, la dépendance et les impacts des produits phytosanitaires, encore appelés pesticides. Afin d’atteindre les objectifs de ce plan, et réduire l’impact majeur de cette pollution sur la biodiversité, des changements importants dans les pratiques sont nécessaires car le nombre de doses unités (NODU) vendues a augmenté de 25 % depuis 2011. Il est important d’accélérer la transition vers des modèles agricoles plus durables, comme l’agroécologie.
L’Office français de la biodiversité finance également et accompagne des projets visant 3 objectifs :
Il lance régulièrement des appels à projet pour favoriser le développement des connaissances ou de pratiques plus vertueuses. Exemples :
La pollution touche aussi les cours d’eau et les océans :
Si les cours d'eau sont majoritairement contaminés par les pollutions organiques et chimiques qui s'infiltrent jusque dans les nappes phréatiques, les océans et les mers sont eux aussi de plus en plus contaminés, notamment par les déchets plastiques. Ainsi, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime qu’environ 10 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans.
Les conséquences pour la faune marine sont dramatiques. Les plastiques et microplastiques sont ingérés par des petites espèces, comme les moules par exemple, qui se retrouvent alors dans l’organisme de leurs prédateurs. C’est toute la chaîne alimentaire qui est impactée, jusqu’à notre assiette avec les produits de la mer que nous consommons.
Cette pollution est désormais tellement importante qu'en 1997, l’existence d’un regroupement de millions de particules de plastiques a été découvert au nord-est de l’océan Pacifique. Appelé « septième continent », il s’étend sur près de 6 fois la surface de la France.
L’Office français de la biodiversité œuvre activement pour la préservation des milieux aquatiques et marins et des espèces qui en dépendent. Les agents de l'OFB participent également à l’acquisition de connaissances, à la mise en œuvre de programmes de recherche et de surveillance, ainsi qu'à la gestion et l’évaluation de l’état de ces milieux. Il contribue à la définition et à la mise en œuvre des politiques publiques et notamment des directives-cadres européennes :
Pour aller plus loin
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Souvent sous-estimée, la pollution lumineuse générée par les éclairages artificiels nocturnes a des effets très négatifs sur la biodiversité. Notamment elle dérègle l’horloge biologique de nombreux animaux en inactivant la production de mélatonine. Cette hormone déclenche l’endormissement et est aussi responsable de nombreux équilibres biologiques et comportementaux. L’éclairage artificiel peut donc perturber le sommeil des espèces diurnes, humains compris. La pollution lumineuse affecte aussi le cycle biologique de la flore en retardant par exemple la tombée des feuilles à l’automne.
Par ailleurs, la présence d’éclairages désoriente les animaux nocturnes (insectes, oiseaux migrateurs) qui perdent de vue les étoiles et/ou qui prennent les sources lumineuses pour des astres. Ils meurent alors d’épuisement en tournoyant autour des zones lumineuses ou en se dirigeant vers un endroit dangereux pour leur survie.
La pollution lumineuse peut être également une source d’isolement car elle fragmente les milieux naturels la nuit. Un chemin bordé de lampadaires deviendra alors infranchissable pour certains animaux, que la lumière les fasse fuir ou les attire.
Tous les écosystèmes sont concernés, aussi bien terrestres qu’aquatiques. Ces derniers font d’ailleurs l’objet d’une protection renforcée en France : il est interdit d’éclairer directement les surfaces en eau ou littoral.
Aujourd’hui, à cause des éclairages artificiels, 80 % de la population mondiale ne distingue plus la Voie Lactée. Cette pollution lumineuse est issue des éclairages publics et privés, qu’ils viennent des commerces mais aussi des particuliers.
L’Office français de la biodiversité porte la démarche de Trame noire qui a pour objectif de préserver et remettre en bon état les continuités écologiques nocturnes en France. Il produit de nombreux contenus sur la pollution lumineuse (supports techniques, MOOC, webinaires, formations) pour les acteurs opérationnels et le grand public.
La pollution sonore correspond aux bruits qui génèrent une sensation auditive gênante. Les bruits produits par les activités humaines sont multiples, continus (trafic routier, maritime ou aérien, fréquentation de s milieux naturels, etc.) ou impulsifs (bruits de forte intensité et transitoires issus d’activités d’aménagement ou industrielles par exemple). Ces bruits perturbent les comportements, l’occupation de l’espace ou encore la communication entre les animaux, aussi bien des mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles ou encore des insectes ou crustacés.
Les bruits anthropiques peuvent modifier des écosystèmes entiers. En mer, le milieu est particulièrement sonore, car l’eau favorise la propagation du son. La faune marine est alors fortement touchée par la pollution sonore générée par le trafic maritime, la prospection sismique pétrolière et gazière, les sonars militaires, les activités industrielles offshore. Les bruits engendrés provoquent du stress et entraînent des changements de comportement des espèces qui fuient leurs zones d’habitats. Par ailleurs, elle perturbe les capacités des animaux à communiquer, à s’orienter, à éviter des prédateurs ou encore à se reproduire.
Les mammifères marins sont impactés, mais également les poissons, tortues, poulpes, crustacés,… car tous ces animaux utilisent les sons dans leur vie quotidienne.
Il n’existe actuellement aucune réglementation internationale sur la pollution sonore des océans. En Europe, la Directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » (directive 2008/56/CE) a fixé un objectif de diminution d’impact du bruit sur les populations d’animaux marins.
L’Office français de la biodiversité a produit en 2020 un état des lieux complet de la connaissance scientifique internationale sur l’impact des bruits anthropiques sur la biodiversité. Il accompagne aussi les acteurs pionniers qui tentent de prendre en compte cette pression dans les trames écologiques, à travers la trame blanche.
Pour aller plus loin
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