En Méditerranée, les herbiers de posidonies assurent de multiples services écologiques, bénéfiques à la biodiversité marine mais également aux populations humaines. L'Office français de la biodiversité participe à la mise en œuvre des politiques publiques en vue de lutter contre la dégradation de cet habitat côtier à fort enjeu.
La posidonie (Posidonia oceanica) est une plante endémique de Méditerranée qui occupe entre 20 et 50 % des fonds côtiers. Regroupée en herbiers, ce sont des écosystèmes pivots qui accueillent plus de 20 % de la biodiversité méditerranéenne. (Source : Habitats particuliers de l’infralittoral : herbier à Posidonia oceanica. Sous-région marine Méditerranée occidentale).
Les services écosystémiques fournis par les herbiers marins :
- oxygénation de l’eau ;
- stockage de carbone ;
- stabilisation des fonds et réduction de la vitesse des courants, ce qui, mécaniquement, limite l’érosion côtière ;
- production de matière organique ;
- source de nourriture, zone de frayère et de refuge pour de nombreux organismes
Herbier de Posidonie en mer Méditerranée. Crédit : Greg Lecoeur / We Are Méditerranée
Un habitat naturel marin protégé mais fragile
Protégés par les conventions de Berne (annexe 1) et de Barcelone (Annexe 2), les herbiers de posidonies ont été identifiés comme Habitat prioritaire au titre de Directive européenne de 1992 « Habitat, faune, flore ». En France, la posidonie est protégée par un arrêté ministériel du 19 juillet 1988 (liste des espèces végétales marines protégées).
Pourtant, malgré ces nombreux statuts de protection, les pressions anthropiques liées à l’utilisation du littoral constituent toujours une menace pour la posidonie.
La présence des herbiers de posidonies à de faibles profondeurs les rend particulièrement sensibles et fragiles, face aux activités humaines, telles que la pêche, les activités de plaisance et de loisirs nautiques. Le mouillage des navires génère des impacts particulièrement forts sur ces fonds marins : dégradation, arrachage, destruction…
L’implantation de zones de mouillage et d’équipements légers (ZMEL) ont vocation à amoindrir cet impact en proposant aux plaisanciers des dispositifs d’amarrage à moindre impact. Ces aménagements offrent également de meilleures conditions d’accueil et de sécurité pour les visiteurs.
Des réseaux en faveur de la posidonie
L’Office français pour la biodiversité intervient à différents niveaux en vue de préserver les herbiers marins et s'implique dans plusieurs réseaux spécialement créés dans le but de protéger cet écosystème fragile :
Au niveau national, l’établissement est membre d’Alliance Posidonia. Créé le 29 juin 2023, ce réseau qui regroupe des acteurs publics, privés et des ONG, a cinq objectifs principaux :
- Favoriser une dynamique collective favorable à la préservation de la posidonie au travers d’une large implication des acteurs socio-économiques et territoriaux ;
- Informer et sensibiliser tous les publics sur le rôle des herbiers de posidonie en vue d’une prise de conscience de la nécessité d’enrayer leur dégradation ;
- Inciter l’adoption de comportements respectueux de la posidonie et les valoriser ;
- Inciter les décideurs (qu’ils appartiennent aux sphères politiques ou économiques, publiques ou privées) à intégrer la posidonie dans leurs réflexions ;
- Promouvoir les solutions pertinentes et valides scientifiquement, permettant de préserver les herbiers de posidonie et les banquettes associées.
Au niveau international, le Mediterranean Posidonia Network (Réseau méditerranéen pour la posidonie) a été créé le 30 septembre 2020 à l’initiative de l’OFB. Il regroupe 11 pays du bassin de la Méditerranée qui partagent des enjeux communs de protection de la posidonie. Ce réseau a pour principal objectif de préciser une stratégie et un plan d’action de protection de la posidonie à l’échelle du bassin méditerranéen.
Dans le cadre du groupe de travail restauration du Mediterranean Posidonia Netwrok, 15 scientifiques de différents pays ont rédigé les lignes directrices concernant la restauration dite “active”, “assistée” ou “reconstructive” de l’herbier de posidonie.
Un partenariat pour protéger les herbiers de posidonie
Depuis 2023, la Fondation Engie s’allie à l’OFB pour protéger et restaurer les posidonies, en France et à l’international.
Son soutien porte sur l'installation d'une zone de mouillage et d’équipements légers (ZMEL) situé à proximité du port Saint-Pierre à Hyères.
Dans cette zone très touristique proche des îles de Porquerolles, Port-Cros et du Levant, et soumise à une pression forte des bateaux de plaisance, une cinquantaine de bouées (dont 3 pour les bateaux supérieurs à 24 mètres) vont ainsi être mises en place d'ici 2025 et protéger plus de 200 hectares d’herbiers, tout en offrant aux plaisanciers un mouillage sûr et écologique.
La Fondation ENGIE soutient également le développement du Réseau méditerranéen pour la posidonie, notamment pour l’organisation du premier séminaire du réseau en Croatie en 2024.
Plaisanciers : les actions pour réduire ces impacts
Adopter des pratiques de mouillage responsables – comme éviter de jeter l’ancre sur les herbiers et privilégier les fonds sableux – contribue directement à la protection des herbiers de posidonies.
Comment faire concrètement ?
- Identifier et viser les zones sableuses, généralement plus claires ;
- Respecter les dispositifs de balisage lorsqu’ils sont installés ;
- Dans les aires marines protégées, suivre les consignes données par les gestionnaires ;
- Se placer au-dessus de l’ancre avant de la remonter pour limiter les dégâts au fond ;
- Utiliser l’application DONIA, qui donne un accès gratuit aux cartes des fonds marins et à la localisation des habitats sensibles.