La destruction des habitats naturels représente aujourd’hui la principale cause de l’érosion de la biodiversité. Forêts, zones humides, prairies ou milieux marins se dégradent sous la pression des activités humaines, entraînant la disparition d’innombrables espèces et l’altération des équilibres écologiques. Face à ce constat alarmant, la France agit à travers des politiques ambitieuses de protection, de restauration et de reconnection des milieux naturels, portées notamment par l’Office français de la biodiversité.
Quand les milieux naturels disparaissent
La biodiversité s’appuie sur la richesse et la diversité des milieux de vie : forêts, prairies, zones humides, littoraux, fonds marins, montagnes, rivières… Ces habitats abritent et relient entre elles des milliers d’espèces animales, végétales et microbiennes, indispensables au bon fonctionnement de la planète. Mais depuis plusieurs décennies, ces milieux se dégradent, se fragmentent ou disparaissent sous la pression des activités humaines.
Selon le rapport mondial de l’IPBES (2019), la destruction et la dégradation des habitats sont la première cause de l’effondrement de la biodiversité. Elles constituent 30% des impacts sur la biodiversité et sont responsables de la disparition ou du déclin d’environ 75 % des écosystèmes terrestres et 66 % des milieux marins déjà altérés par l’action de l’homme.
Les causes de la destruction des habitats
De nombreux habitats disparaissent à cause des activités anthropiques :
- Disparition de l’habitat par l’artificialisation :
- Quand un centre commercial est bâti sur des terres agricoles,
- Quand des prairies et des haies sont fractionnées une autoroute,
- Quand une mine est creusée à ciel ouvert,
- Quand une pile d’éolienne ou un épi sont mis en place sur des fonds sableux marins
- Changements des espèces présentes et du fonctionnement de l’habitat :
- Quand une forêt ancienne est transformée en monoculture arborée, en culture ou en pâture,
- Quand un marais est asséché,
- Quand un cours d’eau est rectifié ou fragmenté par des barrages,
- Quand la destruction ou l’introduction d’espèces clés remet en cause l’habitat : par exemple éradication du castor, des prédateurs, des nécrofages prolifération d’espèces introduites comme le ragondin, la crépidule en milieu marin…
de nombreux êtres vivants disparaissent directement ou indirectement. Chaque année, ce sont 10 millions d’hectares de forêts qui disparaissent dans le monde, selon l’UNEP, soit l’équivalent du territoire portugais.
En milieu marin et côtier
L’artificialisation des littoraux, les ports, les digues, les concessions conchylicoles, le mouillage des bateaux et les méthodes de pêche intensive ou les activités d’extraction peuvent par exemple détruire des habitats essentiels comme les herbiers de posidonies, les vasières ou les récifs coralliens. Or ces milieux jouent un rôle crucial pour la reproduction des poissons, le stockage du carbone ou encore la protection du trait de côte. En Méditerranée, 34 % des herbiers de posidonies ont disparu depuis 50 ans. La pollution sonore ou même lumineuse peuvent avoir des répercutions importantes sur les espèces et donc les habitats présents.
Des conséquences visibles sur les espèces et les écosystèmes
Les conséquences de ces impacts sont multiples : perte de connectivité entre les milieux, dérangement des espèces, dégradation des sols et de leurs fonctions écologiques... Privés de leurs habitats, les organismes ne peuvent plus se nourrir, se reproduire, migrer ni assurer leur rôle dans les cycles naturels. Le sol, appauvri, ne retient plus l’eau ni le carbone, et la biodiversité souterraine s’effondre. Cela conduit à favoriser des espèces qui tolèrent les perturbations et peuvent proliférer en créant des déséquilibres aux conséquences économiques importantes : ex. sanglier, moustique, jussie, corvidés, méduses, sargasses…
Ces altérations réduisent la capacité des écosystèmes à rendre les services essentiels dont nous dépendons : filtration de l’eau, régulation du climat, stockage du carbone, pollinisation, production alimentaire, protection contre l’érosion ou les inondations, santé et cadre de vie, service culturel : ressourcement, inspiration, spiritualités.
En France hexagonale
53 % des habitats naturels d’intérêt communautaire sont dans un état de conservation défavorable mauvais Notre Environnement
64 % des zones humides ont régressé en un siècle, emportant avec elles une part essentielle de la biodiversité aquatique Centre de ressources des zones humides
38 % des oiseaux des milieux agricoles ont disparu entre 1989 et 2018 Observatoire national de la biodiversité
21 % des mammifères des milieux humides sont menacés Observatoire national de la biodiversité
Politiques publiques et cadres d'action
Face à cette situation, la France a engagé plusieurs politiques nationales et européennes pour endiguer la destruction des habitats et restaurer la nature.
Le rôle de l'Office français de la biodiversité
L’OFB agit au quotidien pour protéger, restaurer et reconnecter les habitats naturels.
Le centre de ressources du génie écologique
Le Centre de ressources du génie écologique, animé par l’OFB, accompagne les acteurs publics et privés dans la mise en œuvre de projets respectueux de la biodiversité. Il joue un rôle de hub pour orienter et accompagner les maîtres d’ouvrages qui veulent mener des actions de restauration, de la levée de pressions à la restauration plus active. Il met en place des formations, des échanges entre pairs, des guides pratiques avec une logique de parcours utilisateur.
Les dispositifs de reconnaissance
L’initiative « Territoires engagés pour la nature » vise à faire émerger, reconnaître et valoriser des plans d'actions en faveur de la biodiversité portés par des collectivités locales. Dans ce cadre peuvent être reconnus les dynamiques de sobriété foncière initiées par certaines collectivités.
Le concours Capitale française de la biodiversité peut aussi être l’occasion de valoriser les démarches de limitation de destruction des habitats. C’est le cas de la commune de Muttersholz en Alsace récompensée en 2017 et de nouveau en 2025, pour sa politique de maîtrise foncière et de restauration de la trame verte et bleue sur son territoire rural.