Le milieu marin

L’océan et les mers qui lui sont adjacentes couvrent près de 71 % de la surface du globe terrestre. Ils abritent une biodiversité riche mais en majorité encore inconnue. L'Office français de la biodiversité œuvre au quotidien pour protéger le milieu marin et les espèces qui y vivent.

Vue de palétuviers fleurs ou soleil blanc (Sonneratia alba) et de pneumatophores immergés. Ces excroissances aériennes des racines des palétuviers servent à apporter de l'oxygène aux racines immergées et améliore la fixation de l'arbre dans le sol instable. Crédit photo : Julie Molinier

Le milieu marin se caractérise par sa salinité, sa continuité et une grande stabilité. C'est là que la vie est apparue il y a plus de 3 milliards d’années.

Les espaces côtiers et littoraux constituent des hauts lieux de biodiversité. Ils recèlent une diversité d’écosystèmes remarquables : estuaires, marais salés, estrans rocheux, plages et dunes, prairies sous-marines, récifs coralliens, mangroves, îles et atolls…

L'océan et sa biodiversité fournissent à l’humanité de nombreux services vitaux :

  • régulation du climat (absorption de 93 % de la chaleur maintenue dans l’atmosphère produite par les gaz à effet de serre),
  • stockage du CO²,
  • production d'oxygène,
  • ressources alimentaires, pharmaceutiques, minérales et énergétiques,
  • voies de transports et de communication,
  • bio ressources utiles à la fabrication de médicaments,
  • espaces de loisirs et bien-être…

L’océan, si propice à la vie, est aujourd’hui menacé par deux types de pression :

  • Avec les effets du changement climatique (l’océan se réchauffe, s’acidifie, perd son oxygène), des dérèglements apparaissent : apparition d’espèces exotiques invasives qui elles-mêmes détruisent la biodiversité endémique, dégradations voire disparition d’habitats (coraux par ex).
  • L’océan subit également les effets directs des activités humaines : surpêche, capture d’espèces menacées, dérangement de la flore et de la faune (bruit, lumière), destruction ou fragmentation des habitats, pollution (plastiques, métaux lourds, molécules chimiques),...
  • 33 % des populations de poissons commerciaux ont été exploitées à des niveaux non durables et 60 % au niveau maximum de pêche durable.
  • 245 000 km², soit plus de la surface du Royaume-Uni, sont considérés comme des zones mortes côtières suite aux phénomènes d’eutrophisation et au manque d’oxygène.
  • 33 % des récifs coralliens, des requins et espèces associés et 1/3 des mammifères marins sont menacés. En 30 ans, 50 % des récifs coralliens ont disparu.
  • Le niveau de la mer pourrait augmenter d’1 mètres 10 au niveau global d’ici la fin du siècle et son réchauffement provoque des changements dans la répartition géographique des espèces.


La biodiversité marine en France

La France est présente dans 4 des 5 océans de la planète : Atlantique, Indien, Pacifique, Austral. Son espace maritime couvre plus de 10 millions de km² - plus de 20 fois la surface des terres - dont 97 % se situent dans les Outre-mer.

Alors que la France possède le deuxième espace maritime mondial, seules 20 % des espèces françaises (soit 36 305 espèces) actuellement inventoriées sont issues du milieu marin.
En effet, Il est plus difficile d’acquérir des connaissances sur ces espèces et leurs habitats, notamment dans les grands fonds.

Mer de corail. Crédit photo : Martial Dosdane

Quelques chiffres de la biodiversité marine en France

  • 5 853 km de littoral dans l’hexagone, dont des côtes rocheuses (41 %), des plages et dunes (35 %) et des marais salants et maritimes (24 %). La biodiversité de certains de ces milieux recèle une forte biomasse (estran, vasières, estuaires...) qui abritent des espèces spécifiquement adaptées aux conditions de vie de ces écosystèmes, mais également celles qui profitent temporairement des ressources alimentaires qu’ils offrent. Ces milieux de continuité terre- mer constituent souvent des zones d’alimentation stratégique pour les juvéniles et les oiseaux marins.
  • 10 % des récifs coralliens sont dans les eaux françaises (quatrième plus grande surface de récifs coralliens au monde)
  • 71 espèces des mammifères marins sur les 120 recensées au niveau mondial

Les réseaux trophiques des écosystèmes marins

Un réseau trophique se définit comme l’ensemble des relations alimentaires entre espèces au sein d’un écosystème.

Tout déséquilibre ou retrait dans la chaine trophique entraine un impact et une réorganisation de l’ensemble de cette chaîne. Ces déséquilibres touchent en grande partie les derniers maillons des chaînes alimentaires, les prédateurs supérieurs.

La perte de biodiversité marine en France

La France n’échappe pas à l’érosion et à la perte de biodiversité marine, phénomène constaté à l’échelle mondiale par le rapport sur les océans du GIEC.

En France métropolitaine :

  • 94 % des habitats marins et côtiers d'intérêt communautaire évalués en métropole sont en mauvais état. (ONB 2013-2018). C’est le cas des herbiers à posidonies, des estuaires… Les écosystèmes marins, côtiers et aquatiques figurent parmi les écosystèmes d’intérêt patrimonial les plus menacés.
  • Entre 2006 et 2012, l’artificialisation des sols a progressé deux fois plus sur le littoral qu’à l’intérieur des terres.
  • Plus de 56 % des eaux de surface littorales sont considérées en mauvais état en 2015.
  • 27 % des poissons de la pêche française sont issus de stocks surpêchés (cabillaud en mer du Nord et en mer Celtique, ou encore le bar).
  • 6 poissons migrateurs sur 11 sont menacés dans les eaux douces et marines.

Dans les Outre-mer :

29 % des oiseaux des terres australes sont menacés. Crédit photo : Bruno Marie / insularis@me.com

Blanchiment des coraux dans le Parc naturel marin de Mayotte sous l’effet du réchauffement climatique.  Crédit photo : J. Wickel / Lagonia

Le retour du Mérou en Méditerranée française grâce à une stricte protection. Crédit photo : S.Ruitton / Institut Méditerranéen d'Océanologie

La pollution marine

80 % des pollutions des océans proviennent de la terre. Les cours d'eau, les estuaires et les sols sont les principaux corridors utilisés par les déchets et les pollutions pour se déverser en mer. Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 75 % des déchets sont des plastiques.
La lutte contre les déchets marins passe principalement par des actions de réduction des déchets à la source mais aussi par une meilleure gestion des déchets terrestres une fois produits.

La protection et la gestion de la biodiversité marine

Aux différentes échelles (internationales, régionales, européennes, nationales ou locales…) des politiques sont engagées pour préserver et restaurer la biodiversité en rétablissant le bon état du milieu marin :

  • Certaines politiques de « réduction des pressions » s’appliquent sur les habitats, que ces pressions émanent du milieu terrestre (par exemple : réduction des apports de polluants par les fleuves) ou qu’elles soient exercées localement (abrasion des fonds par la pêche ou les extractions de sable en mer, pollutions sonores liées aux navires).
  • Les politiques de « conservation » s’intéressent davantage à la protection d’espèces ou de milieux particuliers.
  • L’Union européenne a par ailleurs adopté des directives qui créent un cadre commun pour améliorer l’état du milieu marin dans son ensemble. Parmi les outils déployés :  la création d’un réseau européen d'aires marines protégées.

La mobilisation de tous les acteurs individuels et collectifs dans la préservation de la biodiversité marine est l’une des conditions de la réussite des politiques de préservation. Le développement d’aires marines protégées ou d'aires marines éducatives, ainsi que les engagements volontaires des usagers de la mer y contribuent.

Des résultats à intensifier

  • Certaines populations de baleines sont en hausse. C’est le cas du Rorqual commun dont les effectifs ont presque doublé depuis les années 70, même si l’espèce reste vulnérable selon la liste rouge de l’UICN.
  • Toujours globalement très menacées, les populations de poissons migrateurs se portent mieux là où des mesures de gestion fortes sont mises en place comme aux États-Unis d'Amérique. En France métropolitaine, on observe des signes de retour du saumon européen, dans certains fleuves et cours d’eau.
  • Le retour progressif du mérou dans certaines aires marines protégées françaises alors qu’il avait pratiquement disparu, victime de la chasse sous-marine (30 individus à Port-cros dans les années soixante, 700 individus aujourd’hui grâce à la création du parc national).
  • Certains stocks de poissons sont en reconstitution grâce aux mesures de régulation de la pêche.

L’OFB, acteur de la protection de la biodiversité marine
 

La connaissance et l’expertise

En partenariat avec les Agences de l’eau, les experts, ingénieurs et inspecteurs de l’environnement de l’Office français de la biodiversité conçoivent et mettent en œuvre les plans de surveillance des écosystèmes marins à l’échelle des façades maritimes mais aussi des aires protégées. Ces plans de surveillance permettent d’évaluer l’état écologique des milieux marins, le niveau de pressions des activités humaines et l’atteinte des objectifs environnementaux.

Les agents de l’OFB élaborent et participent également à des programmes d’acquisition de connaissance et de recherche sur l’évaluation de la biodiversité marine. Ces expertises servent de base pour rendre des avis et émettre des recommandations sur des projets relatifs à la biodiversité marine (avis des délégations de façades et des parcs naturels marins, recommandations dans le cadre de la séquence Éviter - réduire - compenser...).

En outre, l’OFB fédère le système d’information sur le milieu marin qui veille à la bancarisation, à la valorisation et à l’accessibilité des données relatives à la biodiversité marine, et anime l’observatoire national de l’éolien en mer conjointement avec l’Ifremer.

Les programmes OBSCAMe et OBSCAMe+

Face au phénomène grandissant des échouages, l’Office français de la biodiversité est engagé dans plusieurs travaux dont les projets OBSCAMe et OBSCAMe+ qui a pour objectif d’étudier les prises accidentelles de dauphins communs dans le Golfe de Gascogne grâce à des caméras embarquées sur les navires de pêche.
Depuis sa création en 2021, le projet OBSCAMe a permis d’identifier plus de 170 captures accidentelles de mammifères marins sur 20 navires volontaires.

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Connaissance et expertise

L’appui aux politiques publiques

Les experts de l’OFB contribuent à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques et stratégies de protection de la biodiversité marine :

  • Ils proposent et évaluent des objectifs environnementaux et les mesures pour les atteindre et coordonnent l’appui scientifique et technique nécessaire à la mise en œuvre des politiques publiques.
  • Ils coordonnent les analyses économiques et sociales (les coûts de la dégradation des milieux marins, les coûts des mesures de gestion engagées par la France) et participent aux réflexions et aux études stratégiques et prospectives (élaboration, suivi des stratégies dédiées à la biodiversité).
  • Ils conseillent l’État dans la création des nouvelles aires marines protégées, la qualité de leur gestion et le renforcement de leur protection.
  • Ils appuient la diplomatie européenne et nationale lors des négociations internationales et européennes sur de nouveaux traités, textes ou projets internationaux et lors des grands rendez-vous internationaux.

Les documents stratégiques de façade

Afin de garantir le bon état écologique et une meilleure valorisation économique et sociale de la mer et du littoral, la France s’est dotée d’une stratégie nationale pour la mer et le littoral (SNML) en février 2017.
Pour chacune des façades maritimes de métropole, un document de planification, le document stratégique de façade ou de bassin (Outre-mer), précise les conditions de mise en œuvre de la stratégie nationale en tenant compte des spécificités locales.

Pour la période 2018-2024, 198 actions en faveur de la biodiversité marine et littorale ont été adoptées par les préfets coordinateurs. Ces actions comprennent notamment des mesures pour réduire les pressions des activités humaines sur la biodiversité, des actions de conservation et des opérations de restauration. L’OFB est impliqué (pilote ou contributeur) dans 135 actions.

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La gestion d’aires marines protégées

L’Office français de la biodiversité assure la gestion des aires marines protégées suivantes :

Par ailleurs, l'établissement anime les réseaux des gestionnaires d’aires marines protégées et la conférence des Aires protégées (CAP) pour la montée en compétence des gestionnaires d’aires marines protégées, et pour leur fournir un appui à la gestion.

Le Parc naturel marin de Martinique. Crédit photo : Morjane Safi

Les parcs naturels marins

Les parcs naturels marins sont des aires marines protégées qui ont pour objectif de contribuer à la protection et à la connaissance du patrimoine marin tout en concourant au développement durable des activités professionnelles et de loisirs liées à la mer.
Un parc naturel marin est gouverné par un conseil de gestion composé d’acteurs du milieu marin : usagers professionnels, usagers de loisirs, élus,  associations de protection de l’environnement, scientifiques, services de l’Etat.
Le conseils de gestion agissent sur délégation du conseil d’administration de l’OFB, qui met également à leur disposition les moyens humains, techniques et financiers nécessaires à leur action.
La France compte huit parcs naturels marins dont deux qui sont situés en Outre-mer.

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Gérer et restaurer les espaces protégés

La police de l’environnement et de la pêche maritime sur le littoral

Les inspecteurs de l’environnement mettent en œuvre les plans de contrôles de l’environnement marin en programmant et effectuant les contrôles des activités sur le littoral et en s’assurant qu’elles respectent le cadre légal et réglementaire.
Sous l’autorité des parquets, ils relèvent les éventuelles infractions et réalisent les enquêtes judiciaires.

Ils mènent des actions de sensibilisation lors de leurs opérations de terrain, notamment lors des grandes marées.

La lutte contre le trafic de civelles

La civelle est l’alevin de l’anguille. Cette espèce protégée est très prisée en l’Asie où elle se commercialise entre 2 000 et 6 000 € le kg).

Pour préserver cette espèce, l’OFB :

  • participe à la constitution des plans de gestion des poissons migrateurs (Plagepomi)
  • mène des programmes d’action visant à évaluer le niveau et l’état des populations d’anguilles en France
  • assure le suivi de la consommation des quotas de captures ;
  • organise des opérations pour freiner le braconnage et le commerce illégal

Pour la saison de pêche 2021-2022, 159 opérations ont été réalisés sous le pilotage de l’OFB, 274 pêcheurs ont été contrôlés, 47 procédures ont été dressés et 726 000 civelles ont été remises à l’eau

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Police de l’environnement

L’accompagnement des acteurs et la mobilisation de la société

Sortie pédagogique de l'AME de l'école Simone Veil de La Rochelle. Crédit photo : AME Simone Veil - La Rochelle

L'Office français de la biodiversité mène aussi des actions auprès des usagers de la mer et du grand public.
Il communique sur les bonnes pratiques à adopter, propose et expérimente des mesures pour concilier activités professionnelles et préservation de la biodiversité (mouillages innovants, filets de pêche biodégradables pour la pêche en mer,  bacs à marée, etc.).

Pour sensibiliser le jeune public à la protection du milieu marin, l'OFB pilote l'initiative aires marines éducatives (AME).
Cette démarche pédagogique et écocitoyenne permet à des élèves et leur enseignant de gérer de manière participative une zone maritime littorale de petite taille.

Les Parcs naturels marins aussi proposent des outils de sciences participatives.
Par exemple, le Parc naturel marin de Mayotte a lancé le réseau TsiÔno (signifiant « j’ai vu » en shimaoré) qui vise à mobiliser et fédérer les usagers de la mer par la collecte de données sur le milieu marin

L’application Nav&Co

Nav&Co est une application réalisée en partenariat avec le SHOM et la DGAMPA. Elle  permet aux navigateurs plaisanciers de découvrir la biodiversité marine et d’être alertés en entrant dans une zone de réglementation environnementale. L’application est gratuite et disponible pour toute la métropole et la Guadeloupe. Le prochain objectif, pour son déploiement, est la Martinique.

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