L’agriculture entretient des liens étroits avec la biodiversité. Si les pratiques agricoles intensives ont un impact certains sur la perte de biodiversité, d’autres pratiques la favorisent et l’utilisent comme une alliée pour des productions locales de qualité. Agriculture et biodiversité doivent avancer ensemble.
L'Office français de la biodiversité (OFB) affiche sa volonté de s’appuyer sur les principes de l’agroécologie et accompagne cette dynamique, en lien avec les très nombreux acteurs concernés.
Pour découvrir la diversité des actions menées par l’OFB dans le domaine de l’agriculture, consultez le Dossier de presse « L’Office français de la biodiversité et l’agriculture », publié lors du Salon de l’Agriculture 2024.
En France, plus de 50 % du territoire est consacré à l'agriculture. Le modèle agricole dominant, issus des choix collectifs fait dans la seconde partie du XXe siècle, est basé sur le recours massif aux intrants (engrais chimiques, produits phytopharmaceutiques), l’intensification et la spécialisation des territoires. Un certain nombre de ces pratiques engendrent des effets négatifs sur la biodiversité.
L’agroécologie est un concept qui remet la biodiversité et les processus écologiques au cœur de l’agriculture. Elle vise à réduire les impacts environnementaux (sur l’eau, les sols, la biodiversité…) tout en répondant aux besoins économique et alimentaire. La prise en compte de la nature et des services qu'elle rend est le fondement de cette démarche.
Illustration de la perte de biodiversité selon la diversification des paysages agricoles. Crédit : Cour des comptes européenne
Pour accompagner la transition agroécologique, l'Office français de la biodiversité s’appuie sur des bases techniques et scientifiques liées à la connaissance de la biodiversité et de ses liens avec l’agriculture.
Il intervient soit en compétence directe, soit en partenariat avec des acteurs agricoles, des filières économiques, des collectivités locales, des établissements scientifiques et techniques, des organismes de formation, des gestionnaires et des acteurs de la sensibilisation.
Dans le cadre de sa politique de recherche, l’Office français de la biodiversité œuvre à connaître les milieux et les acteurs des territoires agricoles, évaluer les risques et les effets des pratiques agricoles, et agir par les pratiques agricoles et l’aménagement du paysage.
Il finance, suit et conduit des programmes de recherche sur la multifonctionnalité du bocage, des prairies et parcours, des zones humides, des mosaïques paysagères, sur la biodiversité des sols... Certains projets visent à évaluer les impacts sur la biodiversité de pratiques agricoles émergentes telles que la production de biomasse à vocation énergétique.
L'établissement étudie et suit également différentes espèces à fort enjeu de conservation, pour déterminer leurs liens avec leurs habitats et les impacts des pratiques agricoles sur les populations.
L’OFB appuie également l’Etat, dans le cadre de son programme de surveillance, pour faire part à la Commission Européenne de l’évolution de l’état des eaux et l’identification des causes de dégradation, des mesures prises et du chemin parcouru pour atteindre les objectifs de la Directive cadre sur l’eau (DCE). L’agriculture est une des activités humaines qui peut avoir un impact sur la qualité de l’eau (nitrates, pesticides).
L’exemple du bocage
Le bocage est un type de paysage agraire constitué de parcelles de dimensions irrégulières, délimitées par des haies et caractérisé par des assolements très diversifiés où les prairies sont présentes. Conçus au départ pour circonscrire les propriétés ou pour empêcher les animaux de détruire les plantations, ces espaces s’avèrent être un formidable réservoir pour la biodiversité. Ils constituent un habitat pour certaines espèces, fournissent des ressources (bois ou nourriture) et limitent même l’érosion des sols.
L’OFB œuvre à caractériser cet écosystème rural et à faire connaître ses intérêts écologiques. Il assure aussi une mission de sensibilisation auprès des plus jeunes dans les écoles et collèges en travaillant en réseau. Régulièrement le fruit de ses recherches est mis à jour à travers des collaborations avec des organismes de recherche scientifique. Un projet d’inventaire et de suivi qualitatif des bocages de France métropolitaine est en cours de déploiement.
Les indicateurs nationaux
L’Office français de la biodiversité contribue à développer des indicateurs nationaux pour documenter, communiquer et aider les décideurs dans leurs délibérations, donner à voir à la société et aider les décideurs dans leurs prises de décision sur les sujets « agriculture et biodiversité » :
L’OFB agit auprès des acteurs agricoles, des entreprises, des collectivités locales et des citoyens pour sensibiliser et accompagner la mobilisation de la société en faveur de la biodiversité.
Il copilote le programme Agrifaune qui vise à mettre en évidence et démocratiser des solutions permettant de combiner performance agricole et préservation de la biodiversité.
L’OFB participe à la formation des élèves des lycées agricoles par l’élaboration de supports pédagogiques nouveaux et en encourageant leur implication dans des programmes participatifs tels que l'observatoire agricole de la biodiversité.
L'OFB intervient également auprès de tous via des MOOCs (pollinisateurs, trame verte et bleue…) en accompagnant des campagnes nationales (trognes, campagne zéro pesticides) ou lors de festivals grand public.
L’OFB propose également des outils tels que la marque Végétal local, portée en partenariat avec les Conservatoires botaniques nationaux. Cette marque propose des graines et plants sauvages dont l’origine locale est garantie.
L’OFB est chargé de la mise en œuvre du volet national du plan Ecophyto II+ pour un montant annuel de 41 M€. Le plan Ecophyto II+, co-piloté par les ministères en charge de l’agriculture et de l’alimentation, de la transition écologique, de la recherche et de l’innovation, et de la santé, vise à réduire la dépendance du monde agricole aux produits phytopharmaceutiques (PPP), et les impacts de ces derniers sur l’environnement et la santé humaine.
L’objectif est de soutenir financièrement l’innovation et la recherche d’alternatives aux produits phytopharmaceutiques et d’explorer les conditions du changement de pratiques afin d’atteindre les objectifs de réduction des PPP et de leurs impacts. Un enjeu majeur est l’identification des leviers et freins à la démultiplication à grande échelle des solutions dans les exploitations agricoles, dans les territoires et dans les filières. Le rôle de l’OFB dans le cadre de ce Plan n’est pas l’accompagnement individuel des agriculteurs, il se concentre sur l’accompagnement financier des acteurs en charge de :
> En savoir plus : Consultez la plateforme EcophytoPIC
Dans les territoires ultramarins, L’équipe d’ingénierie de projets économie et biodiversité subventionne et accompagne des porteurs de projet qui valorisent durablement la biodiversité : agroécologie, agroforesterie, ou encore la valorisation des plantes aromatiques à parfum et médicinales.
Le programme Agrifaune
Le programme Agrifaune rassemble depuis 2006 des acteurs des mondes agricole et cynégétique : Chambre d’agriculture France, FNC, FNSEA et OFB.
Il vise à favoriser la prise en compte de la faune sauvage au sein des exploitations agricoles via la mise en place de bonnes pratiques : développement et valorisation de haies, intercultures, bandes enherbées en bordure de champs… Cela prend la forme de projets concrets mis en œuvre par des agriculteurs, d’opérations de démonstration et de travail dans le cadre de groupes techniques nationaux.
> Pour en savoir plus : www.agrifaune.fr
Protection des busards en zone de grandes cultures
Les busards, grands consommateurs de campagnols, sont des rapaces typiques des habitats ouverts cultivés, des prairies et des landes. Ces oiseaux nichent à terre, souvent dans les parcelles de céréales. Leurs nichées sont ainsi vulnérables aux travaux de récolte.
Dans plusieurs régions, l’OFB se mobilise en faveur de la protection des busards.
En Île-de-France, l’OFB coopère avec la Chambre d’agriculture régionale et plusieurs associations pour accompagner les agriculteurs dans l’identification, la connaissance et la préservation de cette espèce. Lorsque des nichées sont détectées, les exploitants sont incités à communiquer la date de fauche ou de moisson aux associations, pour pouvoir évaluer les risques et intervenir si nécessaire pour protéger ou déplacer les nids.
> Voir la brochure : Les busards, rapaces essentiels des milieux agricoles
Mobilisation de la société et appui aux acteurs
L’Office français de la biodiversité valorise des expérimentations agro-écologiques portées par les gestionnaires d’aires protégées tels que les parcs nationaux de France mais également des territoires concernés par des problématiques liées à l’eau (aires d'alimentation de captages (AAC) destinés à la production d’eau potable, zones d’actions renforcées (ZAR), etc.).
En appui aux collectivités territoriales, l’OFB anime des réseaux professionnels dans lesquels sont mis en avant ces savoir-faire et ces connaissances. En appui aux territoires, l’OFB diffuse les résultats obtenus sous formes de guides, d'outils ou de journées d'échange. Ces connaissances sont également partagées au sein des réseaux animés par l’établissement ou auxquels il participe et donne lieu à des publications.
A titre d’exemple, l'Office français de la biodiversité gère, pilote ou co-pilote des marques et des labels qui valorisent l’agroécologie, et notamment la marque Esprit parc national qui met en lumière les bonnes pratiques des agriculteurs de ces territoires d'exception et fait connaître leurs productions validant l’ancrage dans les parcs nationaux, le respect de valeurs sociales et de l'environnement.
Le Concours des pratiques agroécologiques
Le Concours des Pratiques Agroécologiques récompense chaque année les agriculteurs mettant en œuvre les meilleures pratiques agroécologiques leur permettant d’en tirer profit dans leur activité de production tout en apportant une contribution active à la préservation écologique des territoires. Deux catégories sont proposées aux agriculteurs candidats :
> En savoir plus sur le Concours des pratiques agroécologiques
Le Centre de ressources Captages
Le Centre de ressources Captages, piloté par l’OFB en partenariat avec INRAE et AgroParisTech, est un dispositif d’animation pour les acteurs en charge de l’amélioration de la qualité de l’eau utilisée pour la consommation humaine. Il a pour vocation d’accompagner et développer les compétences des animateurs des démarches portées par les collectivités territoriales. L’accompagnement au changement et le déploiement de pratiques agroécologiques fait partie des sujets régulièrement abordés au sein du réseau.
Aussi le Centre de ressources Captages met en œuvre des actions d’animation de réseaux (Grands prix Préservation des captages d’eau potable), d’accompagnement technique (journées d’échanges techniques, communautés de pratiques, formations) et de production et mise à disposition de ressources (webinaires, guides, études, retours d’expériences).
> Découvrir les vidéos des 4 lauréats des Grands prix Préservation des captages d’eau potable organisés en 2021 :
Gestion et restauration des espaces protégés
L’OFB participe à la définition d’une variété de politiques publiques en lien avec l’agriculture : Plan Stratégique National (PSN), Loi d’orientation agricole (LOA), Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB)…
Il est à l’initiative de projets d’envergure visant à la mise en œuvre de SNB d’ici 2030, comme le projet LIFE Biodiv’France, qui réunit une grande variété d’acteurs en faveur de la biodiversité et notamment autour du développement de l’agroécologie.
L’OFB soutient également différents travaux et projets d’associations ou fondations visant à éclairer la définition des politiques publiques liant agriculture et biodiversité : IDDRI, Solagro, Noé, AFAC-Agroforesteries…
> Consultez la publication : « Afterres2050 Biodiversité – un scénario fondé sur la nature et pour la nature »
Performances environnementales du label HVE
Une mission d’évaluation de la performance environnementale de la certification HVE commanditée par le MASA et le MTECT et pilotée par l’OFB a été confiée en 2021 aux bureaux d’études Epices et AScA. Cette mission a pu analyser en détail le fonctionnement de cette certification et clarifier son niveau d’exigence environnementale au sein des différentes filières agricoles (cahier des charges de la certification HVE en vigueur en 2021).
Sur le terrain, les agents de l'Office français de la biodiversité travaillent avec de nombreux acteurs ruraux. Ils font partie de différents réseaux et échangent au quotidien sur les meilleures pratiques à mettre en œuvre. Ils sensibilisent aux atteintes à l’environnement et à la réglementation applicable.
L’OFB rencontre et échange régulièrement avec les acteurs agricoles (Chambres d’agriculture, syndicats agricoles…) au niveau national, régional et départemental, et notamment pour :
Les services déconcentrés de l’État peuvent saisir l’établissement qui, sur la base d’avis techniques, recommande des mesures visant à éviter, réduire ou compenser les atteintes aux milieux.
Les agents de l’OFB ont également des missions de police administrative et judiciaire qui les conduisent, sous l’autorité des préfets et des parquets, à veiller au respect de la réglementation applicable. La stratégie nationale de contrôle pour la protection de l'environnement, définie au niveau ministériel, encadre très précisément les actions de police des inspecteurs de l'environnement de l'OFB. Cette stratégie est adaptée aux contextes locaux par les autorités administratives et judiciaires départementales afin de coller au plus près aux réalités de terrain. Ils interviennent alors armés afin d’assurer leur protection et bénéficient de formations régulières relatives à la posture comportementale à privilégier en cas de contrôle et au cadre légal d’exercice de leurs missions de police.
Rendre plus lisible la réglementation relative aux haies
La dynamique du réseau de haies, au-delà des exigences de « conditionnalité » de la PAC, est encadrée par de nombreuses règlementations, notamment celle concernant les espèces et habitats protégés. Cette complexité est difficile à appréhender pour les agriculteurs. Pour limiter les incompréhensions et déconvenues, plusieurs directions régionales de l’OFB œuvrent à une meilleure coordination avec les DREAL et DDT(M) dans la perspective d’un « guichet unique » qui offrirait, dans un délai raisonnable, une réponse solide aux agriculteurs souhaitant intervenir sur leurs linéaires de haies.