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Des espèces à préserver… qui reviennent

Sensibilisation
Espèces

Les saumons, anguilles, esturgeons, lamproies, aloses… ont deux points communs majeurs : ils font partie des 11 espèces de poissons grands migrateurs de France métropolitaine et sont menacés.
L'Office français de la biodiversité apporte un éclairage sur le saumon atlantique et quelques unes des actions mises en place pour le préserver. Les films qui suivent ont été réalisés grâce à un financement de l'Union européenne dans le cadre de l’année internationale du saumon.

Qu’est-ce qu’une espèce migratrice amphihaline?

Une espèce migratrice amphihaline est une espèce qui effectue une partie de son cycle de vie en mer, et une partie en rivière. Ces migrations sont plus ou moins longues en fonction de l’espèce mais obligatoire pour accomplir leur cycle biologique.

Ce grand voyage se fait toujours pour les mêmes raisons : les zones de reproduction et les milieux de croissance ne se trouvent pas dans les mêmes eaux. Il peut durer d’une journée à plusieurs années.

Le cycle de vie du saumon

Les raisons du déclin de ces espèces

Autrefois abondantes, les populations des poissons migrateurs sont aujourd’hui menacées. Depuis plusieurs décennies, les populations de ces espèces subissent en effet un fort déclin et  figurent sur la liste rouge en France métropolitaine de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en tant qu’espèce « vulnérable », espèce « en danger »  ou, pour la grande alose, l’anguille et l’esturgeon, espèce « en danger critique d’extinction ». Le saumon est considéré comme « quasi-menacé ».

En cause, les pressions que ces populations subissent et qui entravent le déroulement de leur cycle de vie :

  • Les aménagements sur les cours d’eau, obstacles à la migration : barrages, seuils, ponts, écluses…
  • La dégradation de la qualité de l’eau et des habitats : les aires de reproduction, de repos et d’alimentation pour ces espèces sont dégradées ou détruites par les activités humaines (activités de loisirs, pollutions, manque d’eau en amont liés aux usages de l’eau….).
  • La surpêche et le braconnage : des réseaux de braconnage et de commercialisation illicite des espèces mettent encore plus en danger les espèces concernées.
  • Le changement climatique, qui modifie les aires de répartition des espèces et les dates de migration.

Évolution de l’aire de répartition du saumon atlantique en France

Fin du XVIIIème siècle

Aujourd'hui

Quelques actions de l’OFB et de ses partenaires pour mieux connaître et préserver la saumon atlantique

Plus de la moitié des agents travaillant au sein de l’Office français de la biodiversité ont des pouvoirs de police et peuvent intervenir en qualité d’inspecteur de l’environnement. Ainsi, des équipes de l’OFB réalisent des contrôles réguliers auprès des pêcheurs, dont l’objectif est de dissuader et faire changer les comportements illicites.

Pour comprendre la migration du saumon et mesurer les impacts du changement climatique sur l'espèce, une nouvelle étude a été mise en place. Les agents de l'OFB et de l'INRAE effectuent des captures et un suivi télémétrique des saumons adultes venant tout juste de l'océan pour remonter la rivière.

L’OFB, INRAE et la fédération de pêche du Morbihan réalisent tous les ans, au mois de décembre, des piégeages partiels de géniteurs de saumon durant le nuit. Ils essaient ainsi de « recapturer » des saumons marqués quelques mois à quelques années plus tôt . Cette opération permet d’estimer le nombre de géniteurs, la croissance et le taux de survie des poissons.

De mi-novembre à fin décembre, les agents de l’OFB réalisent chaque semaine des opérations de suivi des frayères. Ils notent les dates d’arrivée des saumons, les positions précises des frayères, leurs dimensions et le comportement des poissons reproducteurs.

L’OFB et INRAE réalisent, tous les ans, des pêches électriques afin d’évaluer l’abondance des jeunes saumons, appelés tacons. Le principe de la pêche électrique est de faire passer dans l’eau un  courant électrique, qui étourdit et va faire remonter le poisson à la surface, ce qui permet d’identifier, de compter et de mesurer les poissons.

Au moment de leur migration printanière vers la mer, les jeunes saumons subissent d’importantes transformations physiologiques et comportementales qui les préparent à la vie en mer. Ils prennent à ce stade le nom de smolt.
Le suivi de ces smolts a comme objectifs d’étudier les tendances, à moyen et long terme, des effectifs, mais aussi des rythmes migratoires et paramètres démographiques. Il permet également d'en comprendre les mécanismes et d’en identifier les facteurs explicatifs, avec un intérêt particulier porté aux changements climatiques et, de façon plus générale, aux modifications de l’environnement.

La France, et notamment l’OFB dans le cadre de ces actions, suit les recommandations de l’OCSAN (Organisation de Conservation du Saumon de l’Atlantique Nord), en mettant en œuvre l’approche préventive pour la protection et la restauration de l’habitat du saumon atlantique.

Les saumons de retour dans l'Orne

Le saumon avait disparu dans l’Orne dans les années 1930 suite à l’édification de plusieurs barrages et à la pollution industrielle de l’estuaire. Après avoir réalisé une dizaine de passes à poissons sur l’Orne, un repeuplement « refondateur » a été effectué en 1995 avec 150 000 alevins de la souche de l’Adour. Après une  implantation de plus d’une dizaine d’années, la population de saumon connaît maintenant un net accroissement : les axes de remontée sont rétablis jusqu’à plus de 100 km de la mer. La perspective de retour de plus d’un millier de saumons est probable d'ici quelques années.

Depuis 1980, les remontées de migrateurs sont suivies sur l'Orne par la Fédération du Calvados pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique à la station de contrôle de Feuguerolles-Bully.