À l'heure où le déploiement territorial des énergies renouvelables (EnR) s'accélère, l’Office français de la biodiversité (OFB) publie une étude, commandée au cabinet de conseil PwC, visant à identifier et valoriser les leviers développés à l’international, d’intégration de la biodiversité dans les projets de parcs solaires photovoltaïques (au sol ou flottants) et éoliens terrestres. Après avoir catalogué les initiatives de terrain menées dans huit pays, cette étude examine 80 leviers d’action et pistes de réflexion pour leur éventuelle activation en France.
Les énergies renouvelables sont au cœur de la stratégie française d’atténuation du changement climatique et de maintien de sa souveraineté énergétique. Les projets connaissent une forte croissance ces dernières années qui devrait encore s’intensifier avec l’adoption, en mars 2023, de la loi relative à l'accélération de la production des énergies renouvelables. Le développement de ces infrastructures énergétiques nécessite toutefois beaucoup de foncier, ce qui engendre des pressions supplémentaires sur les milieux naturels et la faune et la flore sauvage associées. Or, selon l’Observatoire national de la biodiversité, sur la dernière décennie, la destruction des habitats et la fragmentation des écosystèmes à des fins, notamment, d’aménagement du territoire constituent la cause la plus importante du déclin de la biodiversité dans l’Hexagone.
L’OFB a confié au cabinet de conseil PwC et à l’Institut de la Transition Environnementale de Sorbonne Université la réalisation d’un bilan de la connaissance scientifique ou de la littérature grise des différents leviers permettant de concilier transition énergétique et protection de la biodiversité, dans le cadre d’un projet financé par le programme LIFE de l’Union européenne. Avec l’appui d’un comité de suivi, l’étude a ensuite identifié plus de 80 leviers internationaux susceptibles d’être activés en France par l’ensemble de la chaîne d’acteurs institutionnels, privés ou issus de la société civile.
Ces leviers sont, dans leur très grande majorité, susceptibles d’être activés lors des étapes amont de planification et de budgétisation des projets, bien avant leur conception et instruction. Un examen approfondi de 10 d’entre eux met en évidence les approches, outils et critères utilisés, de même que leurs avantages et limites. Au total, 13 pistes d’action, mises en débat au sein du comité de suivi, ont pu être proposées, dont près de la moitié présentent des points forts de consensus.
Classés en trois grandes catégories, ces leviers d’action sont d’ordre économique, technico-régalien ou socio-cognitif.
L’étude a mis en évidence 21 exemples internationaux de leviers économiques incitant à atténuer les incidences des EnR sur la biodiversité. Il est possible de les regrouper selon les quatre catégories suivantes :
Parmi l’ensemble des exemples étudiés, trois ont particulièrement retenu l’attention du comité de suivi et ont fait l’objet d’une étude approfondie : les labels « biodiversité » dans les projets EnR, la création de cahiers des charges associés aux mécanismes de soutien financier des EnR (appels d’offres, appels à projet publics) et la prise en compte de la biodiversité dans les contrats d’achat à long terme d’électricité (Power Purchase Agreement, PPA).
Concernant les leviers relatifs aux aspects techniques et législatifs, ce sont 31 exemples qui ont été passés au peigne fin pour identifier trois catégories d’actions :
L’ensemble de ces leviers se sont avérés des pistes sérieuses de réflexion pour le comité de suivi.
Enfin, l’analyse d’une trentaine de leviers socio-cognitifs montre l’importance de l’intégration de la biodiversité dans les projets en tant que vecteur d’acceptabilité sociétale des EnR. Trois grands types d’actions ont été référencés :
Au regard des leviers étudiés, la mise en place d’un centre national de ressources français, visant à diffuser les informations scientifiquement robustes, à partager les retours d’expérience, à valoriser les bonnes pratiques et à accompagner l’ensemble de la chaîne d’acteurs apparaît indispensable. Le développement d’outils d’aide à la décision et le recours aux sciences participatives constituent également des pistes sérieuses de conciliation des enjeux territoriaux de préservation de la biodiversité et de déploiement des EnR.
À travers ce benchmark, l’OFB ambitionne de concilier les enjeux de transition énergétique et de protection de la biodiversité et de mobiliser l’ensemble des acteurs impliqués, qu’ils soient institutionnels, industriels, financiers, associatifs ou citoyens.