Dans les Alpes de Haute-Provence, l’Office français de la biodiversité se mobilise pour la préservation d’une espèce de poisson en danger méconnue du grand public : l’Apron du Rhône. Dans ce but, de nombreuses opérations de contrôles, de suivis et d’information sont menées sur plusieurs cours d’eau du département.
Le mois de mars est un mois important pour l’Apron du Rhône puisqu’il correspond à la période privilégiée de reproduction pour cette espèce patrimoniale. A cette occasion, les agents de l’Office français de la biodiversité sont mobilisés afin de mener des suivis visuels sur les cours d’eau du département où l’espèce est présente. Le 9 mars, ils ont ainsi pu observer, sur l’Asse, des individus femelles prêts à se reproduire, une première sur ce cours d’eau ; confirmant ainsi la présence d’une population pérenne sur ce bassin versant.
La Direction interrégionale PACA-Corse et le service départemental OFB des Alpes-de-Haute-Provence sont mobilisés pour la préservation de l'apron du Rhône depuis de nombreuses années. Cet engagement prend plusieurs formes :
L’Apron du Rhône est une espèce endémique du bassin du Rhône, que l’on ne trouve donc nulle part ailleurs dans le monde. C’est, aujourd’hui, l’une des espèces les plus menacées de France. Encore présente sur 2200 km de cours d’eau en 1950 elle n’occupe plus aujourd’hui que 365 km. Elle est d’ailleurs classée, depuis 1996, comme "espèce en danger critique d'extinction" sur la liste rouge mondiale des espèces menacées.
La fragmentation de son habitat par les barrages et les seuils, combinée à la pollution de l’eau et certaines activités humaines ont entrainé ce déclin.
Le département des Alpes-de-Haute-Provence est fortement concerné par la présence de l’espèce puisqu’il accueille, sur le bassin de la Durance (Durance, Buëch, Jabron, Asse, Bléone, Sasse), l’une des principales populations d’Apron représentant un linéaire de 100 km environ. Le poisson est également présent sur le Verdon en amont du lac de Sainte-Croix sur un linéaire d’une trentaine de km. Cette dernière population est unique car totalement isolée depuis 1866, dès la création du premier barrage hydroélectrique (vieux barrage de Quinson, mis en service en 1868).
Les tronçons de rivière occupés par l’Apron sont souvent propices aux activités aquatiques (baignade, canoé, rafting, aquarando…) ce qui peut entraîner des impacts sur l’habitat de cette espèce (piétinement, déplacement de pierres, édification de barrage…). C’est le cas sur le Verdon, très fréquenté en période estivale.
L’OFB et ses partenaires surveillent également l’arrivée d’espèces invasives comme le gobie à tâche noire qui pourrait représenter une menace pour l’espèce (concurrence pour l’alimentation et pour l'habitat, prédation sur les œufs).
D'une longueur de 15 à 22 cm à l’âge adulte, l’Apron se caractérise par la présence de trois à quatre bandes sombres sur son abdomen. Il apprécie les cours d’eau à fond de galets et graviers aux profils diversifiés et les eaux claires, fraîches et bien oxygénées. Il occupe des habitats différents selon son âge ou la période de l’année.
En journée, camouflé grâce à sa couleur, il reste immobile, posé sur le fond. La nuit, il devient actif et se déplace en quête de sa nourriture préférée : les larves d’insectes.
Du fait de ces exigences, l’Apron est une espèce sentinelle, sa présence ou son absence, comme la variation de ses populations, témoignent ainsi de l’état des cours d’eau.
Après deux programmes européens LIFE et un premier plan national, l’État poursuit sa mobilisation en faveur de la préservation de l’espèce en lançant un second plan national d’actions sur 10 ans (2020 -2030).