Réserve nationale de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse : 50 ans de recherche et de protection de la biodiversité

La réserve nationale de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse est née en 1973. Dès les années 1950, un projet de parc national du Caroux était envisagé sur ce territoire. Retour sur l’histoire de ce lieu de moyenne montagne, situé aux confins de l’Hérault. 

Cet espace naturel est l’un des plus anciens de France. Cette réserve s’étend sur environ 1 800 hectares d’espaces protégés (1658 ha en réserve + 114 ha sur le domaine de Peyroutarié). Située sur la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée, la réserve nationale de chasse et de faune sauvage (RNCFS) du Caroux-Espinouse connaît un climat chaud et sec avec des reliefs tourmentés au sud, qui contraste avec la fraîcheur et l’humidité des plateaux et des lignes de crêtes situés plus au nord. Elle est ainsi composée d’une véritable mosaïque de milieux naturels très différents, allant des pelouses d’altitude jusqu’aux vieilles hêtraies, en passant par les milieux rocheux et les zones humides. Sur ces contrées naturelles, une très grande diversité d’espèces animales et végétales évolue : Grande noctule, Aigle royal, Rosalie des Alpes, Armérie de Malinvaud, Chat forestier… Le lâcher de mouflons méditerranéens à la fin des années 1950 a permis de créer la plus grande population de cette espèce en France.

Evolutions au XX^e siècle

Chritian Itty, conservateur de la RNCFS Caroux-Espinouse, témoigne des changements qui sont apparus sur cet espace naturel : « Les milieux ont tendance à se boiser de manière plus forte qu’il y a 30 ou 40 ans. C’est lié à la dynamique naturelle de la végétation qui conduit, en l’absence d’activité humaine comme la déprise agricole forte sur ce massif, au boisement de certaines surfaces. Aujourd’hui, les milieux forestiers sont plus présents qu’il y a 50 ans. En un demi-siècle, la moitié des habitats ouverts (pelouses, landes, tourbières) ont disparu ». La RNCFS s’appuie sur une communauté de travail pour garantir aux espèces présentes sur ces milieux naturels de bonnes conditions de vie. L’Office français de la biodiversité et l’Office national des forêts, co-gestionnaires, travaillent avec de nombreux partenaires comme l’INRAe, des universités, le CNRS, le parc naturel régional du Haut-Languedoc, les communes du territoire, le GIEC du Caroux-Espinouse, la fédération départementale des chasseurs de l’Hérault, des associations, des agriculteurs… Une collaboration permettant d’assurer la meilleure conservation possible de cette importante richesse biologique pour les générations futures, face de nombreux défis comme le changement climatique.

Un laboratoire à ciel ouvert

Mener des études et des inventaires pour mieux connaître l’environnement et les espèces qui y vivent fait aussi partie des objectifs de la RNCFS du Caroux-Espinouse. Dès 1973, des suivis scientifiques de très haut niveau sont mis en place sur le Mouflon méditerranéen, dont le cœur de la population est situé dans la réserve. Ce suivi par Capture-Marquage-Recapture est reconduit chaque année depuis 50 ans. Ainsi, la RNCFS est l’un des sites de recherche avec le plus d’antériorité au monde sur une espèce sauvage. 
L’évaluation du bon état de conservation de la végétation ou des milieux naturels, le recensement de taxons méconnus comme les insectes liés au bois morts, les lichens, les reptiles ou les chauves-souris font partie intégrante des missions confiées aux co-gestionnaires de cet espace protégé. Le suivi régulier de leurs zones de présence ou de leurs effectifs apportent de précieuses informations sur l’évolution des communautés végétales et animales. « Ici, la fréquentation de l’espace naturel se limite à quelques sentiers dans le cœur de la réserve, précise Christian Itty, c’est essentiel pour préserver la quiétude de la biodiversité en évitant tout dérangement et mener les protocoles de recherche sans biais ».