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Retour sur les ateliers Trame verte et bleue des Assises nationales de la biodiversité

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Lors des 10e Assises nationales de la biodiversité, deux ateliers étaient consacrés à la Trame verte et bleue. Destinés aux entreprises et aux collectivités, ces moments d’échanges étaient animés par l’Office français de la biodiversité, les Agences régionales pour la biodiversité Provence-Alpes-Côte d’Azur, Île-de-France et Occitanie ainsi que la DRIEE Île-de-France.

Plus de 80 participants étaient présents aux ateliers des 7 et 8 octobre sur la Trame verte et bleue. Après une brève présentation du sujet, des groupes ont été formés pour débattre autour de plusieurs thématiques. Ces échanges se sont construits en 3 tours :

  • De quoi parle-t-on ? Quels sont les enjeux ?
  • Quels freins ? Quels leviers ?
  • Définir 2 à 4 actions concrètes à destination des grands opérateurs de la biodiversité.

Entre les tours, les groupes changeaient de thématique en reprenant le travail débuté par le précédent. À la fin des échanges, un rapporteur nommé dans chaque groupe a présenté les idées phares issues de ces réflexions.

Ce processus créatif, appelé « World Café », permet de faciliter le dialogue constructif et le partage de connaissances et d’idées. Ainsi, lors de ces deux ateliers, les participants ont été impliqués sur des sujets très différents et leurs échanges ont donné naissance à des propositions concrètes.

5 questions à Fabien Paquier, chargé de mission Trame verte et bleue à l'Office français de la biodiversité

Qu'est-ce que la Trame verte et bleue ?
La Trame verte et bleue est une manière d’aborder la protection de la nature assez originale et particulièrement intéressante. Cette approche souligne, sur la base de connaissances scientifiques, que pour protéger les espèces animales et végétales il faut non seulement préserver les espaces naturels les plus riches où elles se développent, que l’on appelle les réservoirs de biodiversité, mais aussi les espaces qui leur permettent de se déplacer d’un réservoir à un autre, ce que l’on appelle les corridors écologiques.

Pourquoi se déplacer est-il si important pour les espèces, et donc pour la biodiversité ?
Un peu comme vous et moi, la faune et la flore a besoin de se déplacer pour se reproduire, se nourrir, se reposer ou pour migrer. Par exemple l’anguille d’Europe se reproduit en mer des Sargasses vers les Antilles, puis les larves nées là-bas viennent sur les côtes du continent européen et remontent les cours d’eau pour grandir en amont des rivières. C’est là que les jeunes se développent puis, une fois adultes, ils iront se reproduire à leur tour en mer des Sargasses. Les obstacles sur les cours d’eau comme les grands barrages peuvent interrompre ce cycle de vie en empêchant le passage.
Se déplacer permet également aux espèces d’adapter peu à peu leur répartition géographique au changement climatique en atteignant des lieux où les conditions de vie – la température notamment, mais aussi la pluviométrie par exemple - sont plus favorables à leur développement.
Or, l’urbanisation, la construction d’infrastructures comme les routes ou les voies ferrées, les barrages ou l’agriculture intensive réduisent la surface des espaces naturels et les fragmentent, limitant ainsi les possibilités de déplacement des espèces. La Trame verte et bleue cherche à lutter contre la destruction des espaces naturels et contre leur fragmentation, une des principales causes d’érosion de la biodiversité.

Comment mettre en place une Trame verte et bleue sur son territoire ?
Il est de la responsabilité des collectivités territoriales, communes ou intercommunalités, de définir leur Trame verte et bleue et de mettre en place des actions pour la préserver et la restaurer. Cette réflexion est généralement menée dans le cadre des documents d’urbanisme qui définissent les règles d’occupation des différentes parties du territoire : tissu urbain, zones à urbaniser, zones agricoles et naturelles. Ces documents de planification, comme les Plans locaux d’urbanisme, sont tenus de répondre aux objectifs de préservation et de restauration des continuités écologiques. Cela nécessite donc d’élaborer son schéma Trame verte et bleue local, en déclinaison des schémas réalisés par les Régions.
Ce schéma TVB consiste à identifier et à cartographier les différents réservoirs de biodiversité et les corridors écologiques. Puis en fonction de la situation, ces espaces seront protégés dans les PLU en interdisant par exemple toute construction. Il est souhaitable que le schéma TVB soit assorti d’un plan d’actions concret à mener sur le terrain sur les espaces à restaurer en priorité au regard de leur importance dans la connectivité des espaces naturels
La Trame verte et bleue apporte une méthode qui permet aux collectivités de hiérarchiser leurs actions en faveur des milieux naturels de leur territoire. C’est un excellent outil pour monter son dossier de reconnaissance de Territoire engagé pour la nature.

Qui est impliqué dans la mise en œuvre de la Trame verte et bleue ?
Tout le monde peut jouer un rôle dans la mise en œuvre de la TVB. Les collectivités bien sûr comme nous venons de le voir. Mais de manière générale tout acteur sur le territoire : les gestionnaires d’infrastructures de transport – routes départementales, routes nationales, autoroutes, voies ferrées… - ont une responsabilité particulière de par le rôle fragmentant de ces axes existants et en construction. Ils peuvent être amenés à réaliser des passages pour la faune, sous la route ou au-dessus. Les entreprises peuvent aussi jouer un rôle sur leur site d’activité en le rendant plus accueillant grâce à leurs espaces verts. Les particuliers peuvent rendre leur jardin plus perméable à la biodiversité en arrêtant l’usage des pesticides ou en perçant le bas de leur clôture pour permettre aux petits animaux de passer.

Quel est le rôle de l'OFB ?
Pour accompagner la politique Trame verte et bleue et pour démultiplier la mise en œuvre d’actions sur le terrain, l’OFB anime avec le ministère de la Transition écologique le centre de ressources Trame verte et bleue.
Ce dernier a pour mission d’animer le réseau des acteurs de la TVB, au premier rang desquels les Régions et de manière générale les collectivités. Le centre de ressources produit des outils pour faciliter la mise en œuvre de la TVB tels que des publications scientifiques et techniques, la synthèse de retours d’expérience menées sur le terrain. Il organise également des moments d’échanges entre ces acteurs et anime un site internet.
D’autres centres de ressources sont animés par l’OFB : Génie écologique, Natura 2000, milieux humides, cours d’eau etc…
L’OFB accompagne les Régions depuis quelques années dans la création d’Agences régionales de la biodiversité (ARB) qui ont vocation à accompagner les acteurs de terrain, notamment sur la TVB, avec une plus grande proximité. Il en existe sept aujourd’hui en Bretagne, Bourgogne-Franche Comté, Centre-Val de Loire, Île-de-France, Normandie, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, et d'autres sont en préfiguration dans les Outre-mer. Ailleurs, l'OFB et les Régions volontaires organisent des actions conjointes par des partenariats-cadre poursuivant les mêmes objectifs (en Pays-de-la-Loire, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes notamment).

Consultez le Centre de ressources TVB

Un MOOC sur la Trame verte et bleue

Pour que le plus grand nombre se forme à la TVB, l’OFB prépare avec l’appui de Tela botanica un MOOC, une formation en ligne gratuite et ouverte à tous, sur le sujet. Cette formation sera diffusée sur 9 semaines à partir du 25 janvier 2021.
Les inscriptions au MOOC sont ouvertes : bit.ly/MOOCTVB