Des unités spécialisées pour préserver les poissons migrateurs

Pour lutter contre le braconnage et la commercialisation illicite des poissons migrateurs, l'Office français de la biodiversité dispose de plusieurs unités spécialisées.

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Les agents de l’USM Normandie Hauts de France et des services départementaux en opération. Crédit photo : OFB
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L’Office français de la biodiversité compte trois unités spécialisées migrateurs (USM) :

  • USM Loire Bretagne ;
  • USM Adour Garonne ;
  • USM Normandie Hauts de France.

Ces régions possèdent sur leurs territoires de vastes estuaires et des marais littoraux, passages privilégiés des poissons migrateurs. 

Les USM sont chargées de planifier et d’organiser les opérations de contrôle pour répondre aux enjeux régionaux. L’objectif ? Lutter contre le braconnage et les circuits illicites de commercialisation des poissons migrateurs.

Une connaissance fine des espèces

Pas de répit pour les inspecteurs de l’environnement, leurs activités de contrôle sont rythmées par les différentes phases de migration des poissons :

  • de décembre à mai, les efforts se concentrent sur la civelle qui arrive des Sargasses pour venir grandir dans nos rivières ; les anguilles jaunes et argentées occupent les inspecteurs tout au long de l’année ;
  • ils enchaînent au printemps sur les contrôles des lamproies et autres aloses et les saumons ;
  • la période estivale est davantage portée sur les salmonidés (saumons et truites de mer).

Une connaissance fine du cycle de vie de ces espèces ne suffit pas. Il faut aussi maîtriser leurs comportements et prendre en compte certaines conditions extérieures. Pour monter une opération de lutte contre le braconnage de civelles, les policiers de l’environnement sont attentifs à plusieurs indicateurs : une écluse, une marée montante, une nuit bien noire, sont toutes des conditions qui indiquent la présence très probable de braconniers.

Pour préserver les poissons migrateurs, les USM s’assurent également du bon fonctionnement des dispositifs de franchissement (passes à poissons, dispositifs de dévalaison) et participent activement aux programmes de restauration de la continuité écologique et de l’habitat.
Ces actions permettent ainsi aux espèces migratrices de regagner des aires de pontes ou de développement adaptées.

Montaison et dévalaison du saumon sur la Dordogne - mai 2010. Crédit : Michel Monsay / OFB

Un travail en partenariat indispensable

Les unités spécialisées migrateurs ont en charge des territoires très larges, des espèces migratrices diverses.

Pour mener à bien ces missions de contrôle des différentes pêches  - amateur, professionnelle et illégale - une coordination avec les autres services de police de l’environnement est primordiale.

Après la planification des opérations, les agents des USM contactent les affaires maritimes, la gendarmerie fluviale et/ou maritime, les douanes… pour organiser les interventions et assurer par le nombre la sécurité de tous en cas de débordement.

> L’USM Loire Bretagne : une relation exemplaire avec les parquets

Il y a une quinzaine d’années, le parquet de Nantes submergé par le nombre de procès-verbaux qu’il ne pouvait traiter, a contacté l’USM pour remédier à ce dysfonctionnement. Ensemble, ils ont dessiné le cadre d’un nouveau dispositif. Le tribunal a mis en place un système de convocation automatique à une audience réservée, un officier de police judiciaire étant présent sur les lieux lors des interpellations, afin de remettre immédiatement cette convocation aux mis en cause.

La modernisation du droit de l’environnement permet aux inspecteurs de l’OFB de mener eux-mêmes les auditions, qui sont réalisées sur place. Cette relation a donc permis de mettre en place des audiences réservées « civelle » auxquelles les agents de l’USM assistent systématiquement pour éclairer si besoin le tribunal sur les circonstances, voire apporter leurs compétences techniques et réglementaires. La prochaine se tiendra le 12 septembre 2017 à Nantes.

> L’USM Adour Garonne : un bassin, plaque tournante pour les migrateurs

Avec un retour chaque année dans le bassin Adour Garonne de presque 6000 saumons dont 1000 sont capturés, avec une pêche intensive de la civelle et des échanges permanents entre la France et l’Espagne,le bassin est une zone privilégiée pour le commerce de ces espèces.

Dans ce contexte, l’unité spécialisée migrateurs anime et coordonne le réseau de contrôle de la pêche en eau douce et participe activement à la surveillance des circuits de commercialisation. En 2017, une collaboration renforcée entre services de police, les douanes en particulier, a permis de saisir plus de 700 kg de civelles et plus de 60 engins de pêche utilisés illégalement.

> L’USM Normandie Hauts de France, la dernière-née des USM

Cette unité toute récente a été créée courant 2016. Même si l’exploitation de l’anguille sur la façade Manche reste forte, l'effort est porté également sur les grands salmonidés migrateurs. En effet, les cours d’eau de la zone accueillent parmi les populations les plus importantes au niveau national de saumons et truites de mer.

Son objectif prioritaire avant cela ? Jouer le rôle de tête de réseaux de partenaires :

  • sensibiliser les services de l’État pour que la réglementation prenne davantage en compte ces espèces vulnérables
  • mobiliser les différents services de police de l’environnement qui seront amenés à participer aux contrôles ainsi que les parquets pour une meilleure prise en compte des affaires.