Le risque inondation est-il de plus en plus élevé ? Quel est le lien avec le changement climatique ? Pourquoi laisser faire la crue ? Quelles mesures mettre en place pour réduire les inondations tout en maintenant la bonne santé des cours d’eau ? Tour d‘horizon...
Les inondations sont le premier risque naturel en France en termes de dommages occasionnés, principalement sur les biens, et plus exceptionnellement sur les personnes.
Ces inondations sont aggravées depuis des décennies par l’aménagement du territoire.
En construisant de nouvelles routes, des centres commerciaux, des entreprises, des logements, en développant l’agriculture intensive, en déforestant ou en modifiant le tracé des cours d’eau, nous avons détruit les espaces naturels qui absorbent normalement l’eau des crues et entravé le bon fonctionnement des cours d’eau.
Lors de fortes pluies ou de la fonte des neiges, le débit de la rivière augmente fortement, plus ou moins violemment. Ce phénomène de crue, nécessaire et indispensable à la vie d’un cours d’eau, est naturel.
Quand le débit augmente à un point tel que la rivière déborde et sort de son lit mineur, c’est-à-dire de son tracé normal, c’est l’inondation. Lorsqu’il n’y a pas d’habitation ou d’activités économiques dans ces zones d’inondation … pas de soucis. Dans le cas contraire, les populations et les activités humaines deviennent vulnérables et exposées au risque.
Les inondations par débordement de cours d’eau :
Les inondations par remontée des eaux souterraines : l’eau souterraine stockée dans les nappes phréatiques peut remonter jusqu’à la surface du sol et créer des inondations. C’est le cas par exemple pour les inondations de caves.
Les inondations par ruissellement des eaux de pluie : en secteur urbain, des quartiers peuvent être inondés par le ruissellement de surface des eaux de pluie et le refoulement des réseaux d’eau pluviale.
De nombreuses zones inondables ne sont pas dangereuses pour les biens et les personnes. Le risque survient lorsque des habitations, des entreprises ou des cultures y sont implantées. Le débordement rapide des fleuves et rivières dans ces territoires peut parfois provoquer des inondations catastrophiques.
Les inondations sont ainsi le premier risque naturel en France : en France, en 2015, 17 millions d’habitants et 9 millions d’emplois se situent dans des zones inondables par débordement de cours d’eau. (source : ministère en charge de l’écologie).
Les risques liés aux inondations augmentent pour plusieurs raisons :
En France, l’effet du changement climatique sur les inondations n’est pas encore perceptible statistiquement.
L’aggravation des dégâts des inondations observée depuis quelques décennies a pour principale cause l’action de l’homme. : imperméabilisation des sols, construction sur des terrains en bordure de cours d’eau et non-respect des principes de précaution (zones inondables en principe non constructibles, zones rouges du plan de prévention des risques d’inondation).
En revanche, le changement climatique va accentuer les extrêmes météorologiques, avec des pluies plus importantes sur un plus faible nombre de jours. Cette augmentation de l’intensité des précipitations amplifiera les phénomènes d’inondation et risque d’accroitre les dégâts observés en zones vulnérables.
Quand la pluie tombe fortement, les espaces naturels comme les marais, prairies, les forêts, absorbent et stockent l’eau qui provient des écoulements en surface. Elles peuvent également réduire l’érosion des sols pouvant être dans les cas extrêmes à l’origine de coulées de boues ou de glissements de terrain notamment en montagne.
Le long d’un cours d’eau, ces zones naturelles jouent également un rôle fondamental dans la protection des biens et des personnes. Car lors d’un épisode de crue, l’eau de la rivière peut ainsi déborder, s’y répandre et y être stockée temporairement. La zone naturelle se comporte comme une éponge : elle absorbe l’eau, diminuant ainsi l’intensité de la crue, les débordements de la rivière plus en aval et les dégâts éventuels qui pourraient y être causés.
En dehors de toute construction, la rivière peut déborder où bon lui semble dans ce qu’on appelle le lit majeur. Mais quand ces zones naturelles sont rendues imperméables par des routes, des villes, l’eau ne peut plus se répandre et pénétrer dans les sols, s’accumule en surface, prend de la vitesse et provoque des catastrophes sur son passage dont la force ne cesse de nous surprendre.
Les cours d’eau ont donc besoin d’espace pour déborder et se réguler. Le maintien ou la restauration de ces zones naturelles est donc essentiel.
Le lit majeur de la Saône permet de réduire les crues de manière significative sauf aux endroits où l’urbanisation est présente. A titre d’exemple, malgré les apports importants des affluents, le débit de pointe d’une crue cinquantennale passe de plus de 2700 m3/s à Chalon sur Saône à moins de de 2500 m3/s à l’entrée de Lyon soit une réduction de 200 000 litres d’eau / seconde.
La crue et les inondations sont des phénomènes naturels qui présente des effets positifs :
Il est légitime de vouloir protéger les populations et les biens par tous les moyens. Pourtant, les digues, les barrages ou encore la modification du tracé de la rivière sont des solutions souvent illusoires : elles n’apportent pas de réponse complète face à des crues de grande intensité. Elles peuvent même être contreproductives. Ces solutions ont souvent des conséquences graves pour les habitations situées à l’aval et donnent un faux sentiment de sécurité.
La modification du tracé d’un cours d’eau (suppression de méandres pour créer un canal rectiligne, par exemple) et son creusement excessif peut permettre d’abaisser le niveau d’eau lors des petites crues, mais pas lors des événements exceptionnels. Et ces modifications sur le cours d’eau aggravent les pics de crue pour les habitants en aval.
Face à ces défis, il est indispensable d’avoir une réflexion sur l’ensemble du bassin versant depuis la source jusqu’au littoral, et dans une démarche solidaire entre l’amont et l’aval.
En matière d’aménagement du territoire, la priorité consiste à :
Quelques solutions pour ralentir l’eau avant qu’elle atteigne la rivière et limiter l’impact des crues :
Ces solutions, dont beaucoup sont fondées sur la nature, présentent un autre avantage : aider à limiter les effets du changement climatique en cours.
Nous avons tendance à oublier très rapidement les catastrophes naturelles. Comme nous déménageons plus souvent qu’autrefois, nous perdons l’histoire des lieux et le souvenir des grandes crues. Il est important de faire vivre ce souvenir, notamment pour que les nouveaux habitants prennent conscience que la rivière près de laquelle ils vivent a connu des crues importantes. Partager une culture du risque est essentiel pour mieux se préparer à affronter ces phénomènes naturels extrêmes et diminuer la vulnérabilité du territoire.
Le bon sens des anciens montre qu’auparavant on s’adaptait aux contraintes naturelles :
« La Seine maritime est un territoire très humide. Aujourd’hui, on construit des maisons avec des caves/garages souterrains, et les habitants s’étonnent d’avoir parfois 1 mètre d’eau. Les maisons de construction ancienne n’ont pas de cave ! »
« Dans le Sud, les vieilles maisons sont orientées dans le sens de l’écoulement de la rivière. Quand elle était en crue, elle pouvait traverser la maison entre la porte d’entrée et celle de derrière sans faire trop de dégâts »
« Dans la Vienne chez mes grands-parents, les prises électriques étaient positionnées à 1,20 m au-dessus du sol parce que tous les 20 ans, la Vienne y montait jusqu’à 1 mètre ».
Dans les territoires, les inspecteurs de l’environnement préviennent le risque de perturbation de la bonne dynamique des cours d’eau et des zones humides, cette perturbation ayant pour conséquence d’aggraver le risque d’inondation pour les habitants riverains.
Hors période de crise d’inondation, ils donnent des avis techniques sur des projets de travaux, de construction ou de restauration qui pourraient avoir des impacts sur les milieux aquatiques et la ressource en eau. Avec des questions clé : Quel est le niveau d’imperméabilisation des sols ? Les écoulements naturels de l’eau seront-ils modifiés ? Quels sont les impacts sur les zones de reproduction ou de vie de la faune et de la flore ?
Ils contrôlent ensuite sur site la bonne réalisation des travaux et aménagements réalisés.
En période de crise d’inondation, ils interviennent sur le terrain par un suivi local pour une meilleure connaissance des causes d’inondations des zones habitées, une évaluation de l’impact des crues sur le milieu naturel. Ils mettent parfois à disposition leurs équipements nautiques en soutien au service de secours.
En post-crise d’inondation, ils sont souvent sollicités pour évaluer des travaux d’urgence afin de préserver les zones d’expansion des crues et limiter les impacts préjudiciables aux espèces et habitats aquatiques.
L’OFB mène également :
Au niveau national, l’OFB :