Actualités
Polynésie française

Des oiseaux endémiques menacés sur l’île de Rimatara

Mobilisation
Connaissances & données

Dans le cadre de l’appel à projets Biodiv’OM, l’Office français de la biodiversité a financé un projet en faveur du Lori de Kuhl et de la Rousserolle de Rimatara, piloté par l’association Rima’Ura.

vignette_67_33
Lori de Kuhl (Vini kuhlii). Crédit photo : Heiarii Tuihani Tuihei
texte_p_67_33

En Polynésie française, Rimatara, petite île de moins de 9 km² située à près de 700 km au sud de Papeete, abrite deux oiseaux endémiques : le Lori de Kuhl (Vini kuhlii), et la Rousserolle de Rimatara (Acrocephalus rimitarae) respectivement appelés ‘Ura et ‘Oromao dans la langue locale.

Pour protéger ces deux espèces emblématiques, l’association Rima’Ura a bénéficié d’un soutien financier de l’Office français de la biodiversité de 150 000 € dans le cadre de l’appel à projets Biodiv’OM 2018.

Le projet porté par l’association s’est articulé autour de trois grands objectifs :

  • Poursuivre la protection de l’île contre la présence du rat noir et de la petite fourmi de feu, espèces envahissantes qui menacent la biodiversité locale ;
  • Inverser la tendance à la baisse de la Rousserolle et du Lori ainsi que la destruction de leur habitat ;
  • Impliquer la population de l’île dans cette action de sauvegarde.

Sur le volet biosécurité, l’association a fait l’acquisition d’un chien capable de détecter la présence de rats. Le financement de l’OFB a permis de financer les activités du maître-chien. Ainsi, à chaque débarquement par avion ou par bateau à Rimatara (la goélette Tuhaa Pae IV ravitaille l’île tous les 15 jours),  Koha et son maitre Tiraha inspectent scrupuleusement bagages et voyageurs. L’ensemble des matériaux importés sont immobilisés plusieurs heures afin de permettre la réalisation d’un test pour déterminer la présence de petites fourmis de feu. Depuis la mise en place de ce dispositif préventif, aucun rat ni petite fourmi de feu n’ont été repérés sur l’île.

Pour inverser le déclin des populations de Lori de Kuhl et de Rousserolle de Rimatara, un suivi des nids et un recensement des arbres pouvant être porteurs de nids ont été mis en place.
En lien avec les écoles de l’île, le Centre de jeunes adolescents (CJA) et la mairie de Rimatara, une pépinière a été créée pour multiplier des arbres indigènes et fruitiers qui serviront au reboisement de parcelles et la reconstitution de l’habitat naturel de ces oiseaux frugivores.

Pose d'un piège photo. Crédit photo : Erwann Moreau / OFB

En parallèle, un comptage des oiseaux est réalisé deux fois par an, en collaboration avec la Société ornithologique de Polynésie française (SOP).
Le dernier comptage a révélé une tendance à la hausse de la population de Lori mais une tendance à la baisse de la population de Rousserolle.

Afin de pérenniser ces actions sur le long terme, l’association Rima’Ura travaille main dans la main avec la population locale : l’association est désormais consultée lorsque les habitants veulent couper un des arbres potentiellement habitables par la Rousserolle et le Lori.
Un important travail de sensibilisation a également été mené pour améliorer les pratiques agricoles et réduire les brûlis en période de sécheresse. En effet, plusieurs incendies se sont déclarés suite à des feux de déchets végétaux non maîtrisés, ce qui participe encore à la réduction des habitats de ces oiseaux.
La dynamique engagée visant à une prise de conscience collective et à un engagement citoyen est un succès : près d’un tiers des 950 habitants de l’île est aujourd’hui adhérent de l’association.

En décembre 2022, Erwann Moreau, agent de l’OFB s’était rendu sur le terrain pour attester de la bonne mise en œuvre du projet. Un reportage qui reprend l’ensemble des actions du projet OFB a également été réalisé et diffusé sur la chaîne TNTV.