Suite aux fortes pluies de début mai dans le Sud-Ouest, des truites et des esturgeons exotiques se sont échappés en masse de plusieurs piscicultures du bassin de Ciron et de la Leyre. Les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) sont intervenus sur place pour constater les échappements et définir, en concertation avec les partenaires, les solutions techniques envisagées pour recapturer ces spécimens.
Alertés très tôt par les gestionnaires des piscicultures, les agents de l’OFB se sont rendus les 10 et 11 mai derniers sur les sites pour constater les dégâts. L’intensité des débits a limité les possibilités d’intervention pour limiter la dispersion des esturgeons.
Cet échappement de plusieurs centaines de tonnes de truites d'élevage et de milliers d’esturgeons a également attiré de très nombreux pêcheurs sur les berges des cours d’eau. Jusqu’à 300 voitures ont été recensées à l’aval des piscicultures et de nombreuses incivilités ont été constatées (dégradation de propriétés privées, de chemin d’accès, dépôt de déchets, de cadavres de poissons,…) nécessitant l’intervention des forces de l’ordre et des services de l’OFB. Au total une cinquantaine de procédures ont été dressées.
Certaines espèces d’esturgeons échappées (Acipenser Baeri et Acipenser gueldenstaedtii) n’appartiennent pas naturellement à ces eaux. Elles peuvent cependant s’y acclimater et entrer en compétition avec l’esturgeon européen (Acipenser sturio), espèce protégée en voie de disparition.
Afin de limiter la possible rencontre entre ces espèces dans la Garonne, des protocoles de recapture des esturgeons échappés ont été mis en place.
Pour déterminer la marche à suivre, les partenaires (collectivités piscicoles, pêcheurs professionnels, syndicats de rivière, collectivités locales), l’administration (DDPP, DDTM, DREAL) et l’OFB se sont concertés.
Ensemble ils ont défini les engins de pêches à utiliser, les périodes de relève et les lieux de pêche. Ces prescriptions visent à ce que la pêche soit la plus sélective possible vis-à-vis des espèces cibles (esturgeons exotiques), et que les autres espèces soient le moins impactées possibles. Les inspecteurs de l’environnement de l’OFB contrôlent le respect de ces consignes.
Depuis le début des opérations, une centaine d’esturgeons a été sortie du Ciron, dont 90% de l’espèce Acipenser baeri et très peu de captures accessoires. Les pêches se sont poursuivies jusqu’à la fin du mois de juin. En parallèle de ces opérations, une enquête est en cours pour rechercher les parts de responsabilités sur ces échappements.
À cause du débit important du Ciron, il est à craindre que les esturgeons finiront par gagner la Garonne avec le risque de perturber la conservation de l’Acipenser sturio. Il conviendra dans les mois et années à venir d’être attentif au devenir de ces poissons exotiques.
Ces événements plaident pour un renforcement des précautions à prendre vis-à-vis de l’élevage d’espèces potentiellement concurrentes à l’esturgeon européen, notamment dans les piscicultures susceptibles de subir des inondations.
Comme le saumon, l'esturgeon et la truite sont des espèces amphihalines. Elles effectuent une partie de leur cycle de vie en rivière et une partie en mer, car les zones de reproduction et les milieux de croissance ne se trouvent pas dans les mêmes eaux. Ces migrations sont plus ou moins longues en fonction de l’espèce mais obligatoire pour accomplir leur cycle biologique.