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Sur les traces de La Planète Revisitée en Corse

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Comment sont élaborés les grands inventaires naturalistes ? A quoi servent les données ? Réponses avec les experts de « La Planète Revisitée en Corse »

Du 10 au 28 mai, une trentaine de spécialistes du volet terrestre de « La Planète Revisitée en Corse » ont sillonné le sud-est de l’île pour réaliser un inventaire moderne des invertébrés et des champignons.
Au préalable, les zones de « chasse » ont dû être définies.
« Avec les acteurs locaux et notamment l’Office de l’environnement de Corse, nous avons sélectionné 6 sites, qui eux même ont fait l’objet de 1 250 stations de prélèvement au total. » explique Jean Ichter, coordinateur de la mission et correspondant du Muséum national d'Histoire naturelle.

Une fois les différents sites retenus, les experts ont pu commencer leur collecte. Armés de filets entomologiques ou d’aspirateurs à bouche, ils ont arpenté le littoral corse en capturant un maximum de spécimens.
« Le fait qu’il y ait des experts de domaines différents, nous permet de mutualiser les efforts et de s’échanger nos trouvailles. Comme la mission dure plusieurs jours, nous pouvons échantillonner à différentes périodes de la journée ou de la nuit et avec des conditions climatiques différentes. » précise Julien Touroult, coordinateur de la mission et directeur de l’UMS PatriNat.

Tout au long de la mission, des pièges d’interception ont également été déposés aux endroits stratégiques puis relevés chaque jour et plusieurs litres de terre ont été prélevés pour tamisage.

Collecte de spécimens dans une mare à l'aide de filets entomologiques. Crédit photo : Rémi Knaff / OFB
Aspirateur à bouche. Crédit photo : Rémi Knaff / OFB
Piège d'interception. Crédit photo : Rémi Knaff / OFB

Après avoir été collectés, les échantillons sont analysés dans un laboratoire temporaire, installé pour la mission sur la base aérienne de Ventiseri-Solenzara. Dans ce lieu d’une centaine de mètres carrés, l’ensemble des spécialistes s’activent jusque tard dans la nuit pour trier méticuleusement leurs découvertes. Une partie des espèces peut directement être identifiées sur place.
D’un côté, la terre est tamisée, triée et inspectée plusieurs fois pour essayer d’y déceler de nouveaux spécimens, à l’œil nu puis à l’aide d’une loupe binoculaire.
De l’autre, les spécimens sont préparés pour faire l’objet de séquençage génétique appelé « barcoding ». Ils sont individuellement numérotés et photographiés puis une partie est prélevée (par exemple le bout de la queue pour les mollusques ou la patte médiane pour les insectes) pour que leur ADN soit extrait, amplifié et séquencé dans un autre laboratoire.

A l’issue de la mission, l’ensemble des données de cet inventaire seront accessibles gratuitement et serviront de socle pour d’autres programmes plus appliqués.
« Les données récoltées seront publiées sur différents sites. Par exemple, elles viendront alimenter la base de données internationale BOLD et le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Elles pourront être utilisées dans différents projets comme l’élaboration des listes rouges, des projets de cartographies ou d’atlas, des études d’impact, la surveillance par ADN-environnemental ou tout simplement être consultées par n’importe quel citoyen qui souhaite s’informer sur la répartition des espèces. » détaille Solène Robert, cheffe de projet SINP à l’UMS PatriNat.

Le « bilan à chaud » publié le 31 mai, faisait état de 1750 espèces déjà identifiées sur place et 2 200 spécimens conservés pour le séquençage.