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Polynésie française

Un projet pour mieux connaître l’énigmatique grand requin-marteau

Connaissances & données
Espèces

Les associations l’Œil d’Andromède et Mokarran Protection Society portent le projet Tamataroa dans le but d’approfondir les connaissances sur le grand requin-marteau. Les données récoltées permettront de définir des mesures de gestion durables et adaptées à la conservation de cet animal menacé d’extinction.

Le grand requin-marteau, Sphyrna mokarran ou Tamataroa en Pa’umotu, aussi impressionnant que discret, est un animal mystérieux. Ce super prédateur est une espèce migratrice aujourd’hui classée « En danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l’UICN. Sa surpêche et la dégradation de ses habitats ont entraîné sa quasi-disparition à l’échelle mondiale.

La Polynésie française est l’un des derniers endroits où cette espèce est encore présente. Depuis 2012, le gouvernement de la Polynésie française a mis en place des mesures de protection pour l’ensemble des espèces de requins sur l’intégralité du territoire, créant ainsi le plus grand sanctuaire de requins du Pacifique.

C’est pour développer les connaissances autour de cet animal peu étudié dans le monde que le projet Tamataroa a été imaginé. Construit pour durer trois ans, il a été initié en janvier 2024. Il fait suite aux études préliminaires menées par Andromède Océanologie et la Mokarran Protection Society qui ont permis de valider des protocoles inédits de suivi de la population de grand requin-marteau dans l’archipel des Tuamotu. Lors de ces études préliminaires, une enquête citoyenne a été menée auprès des habitants des atolls de Tikehau et Rangiroa pour acquérir des connaissances, mieux cibler et orienter les suivis.

Le projet Tamataroa prévoit ainsi le déploiement de ces protocoles scientifiques afin de mieux comprendre la structure de la population des grands requins-marteau, leur réseau trophique, leur schéma migratoire leurs habitats clefs et les pressions qui s’y exercent.

Plongeurs de TAMATAROA se préparant à une plongée profonde. Crédit photo : OFB

Durant toute la période de regroupement des grands requins-marteaux (décembre à avril), des plongées quotidiennes sont réalisées. Des binômes de plongeurs se relaient pour couvrir les six heures pendant lesquelles le courant est propice aux observations et au déploiement des protocoles de suivi. Aucune méthode d’appâtage (smelling, feeding) ou de capture n’est utilisée pour réaliser les protocoles de la manière la moins invasive possible, évitant ainsi des modifications du comportement des individus.

Plusieurs outils ont été développés pour ce projet dont une arbalète sous-marine : l’outil « tout-en-un ». Il permet en un seul tir de réaliser une biopsie et de fixer une balise pour suivre les déplacements de l’individu. Cet outil est également équipé d’un système de photogrammétrie laser pour l’identification et la mesure des requins.

En parallèle des plongées scientifiques, un travail de recensement des activités humaines susceptibles d’avoir un impact sur le grand requin-marteau est également mené.
Les données ainsi récoltées et la modélisation des pressions permettront, à terme, de définir des mesures de gestion durables adaptées à la conservation du Sphyrna mokarran et de ses habitats en Polynésie française. Cette étude est complétée par un important dispositif de sensibilisation : interventions en milieu scolaire, jeu de société pédagogique, conférences, évènements culturels et sportifs…

Ce projet, regroupe de nombreux partenaires techniques et scientifiques internationaux. Construit en étroite collaboration avec les services de l’OFB, l’établissement soutient activement le projet en apportant un co-financement majeur. L’OFB apporte son expertise et agit en qualité de conseil, tout au long du processus de création et de mise en application des mesures de gestion associées à la conservation du grand requin-marteau, de ses habitats et de ses ressources. Ce projet a également reçu un financement via le Fonds Vert 2023 piloté par le Haut-commissariat de la République en Polynésie française. Une délégation conjointe du Haut-commissariat et de l’OFB s’est rendue sur place pour rencontrer les différents acteurs du projet en janvier 2024.