En amont des conférences des Nations unies sur le changement climatique (COP 26) et la biodiversité (COP 15) prévues en fin d'année, la France, le Chili, le Costa Rica, le Royaume-Uni et les États-Unis ont annoncé aujourd'hui un nouveau partenariat mondial visant à promouvoir le rôle des aires marines protégées en tant que solution fondée sur la nature dans la lutte contre le changement climatique.
Le Partenariat international pour les aires marines protégées, la Biodiversité et le Changement climatique travaillera auprès des dirigeants mondiaux, avec le soutien scientifique de représentants de l'Union international de conservation de la nature (UICN) et de l’Alliance marine écossaise pour la science et la technologie (MAST), afin de s'assurer qu'ils disposent des informations et des outils nécessaires pour comprendre la contribution des AMP, et de la biodiversité qu'elles protègent, en tant que solutions pour aider à atténuer les effets du changement climatique sur l'océan.
Les agences nationales représentées dans le partenariat sont les suivantes : le Comité conjoint de conservation de la nature (JNCC), soutenu par le Defra, Royaume-Uni ; le ministère de l'environnement du Chili ; la NOAA et son Office en charge des Sanctuaires marins nationaux aux États-Unis ; le ministère de l'énergie et de l'environnement (MINAE), Costa Rica ; et l'Office français de la biodiversité (OFB) en France.
Pour Pierre Dubreuil, directeur général de l’Office français de la biodiversité (OFB), « Au regard des rendez-vous internationaux, l’année 2021 offre une occasion cruciale de s'attaquer à la double crise du changement climatique et de la perte de biodiversité. Nous appelons la communauté internationale à reconnaître le rôle essentiel que jouent les aires marines protégées pour apporter des solutions tangibles à notre crise climatique et pour les nombreux services qu'un océan sain rend à chacun d'entre nous.
Tous les Etats comptent sur des écosystèmes marins sains pour soutenir la vie sur cette planète. Les aires marines protégées (AMP) peuvent être des solutions fondées sur la nature efficaces face au changement climatique. Les Etats doivent agir dès maintenant dans la protection des habitats océaniques clés et les services que l'océan fournit à la nature et aux sociétés humaines ».
Alors que la température de la Terre augmente, le changement climatique et l'acidification des océans ont un impact grave et rapide sur les espèces, les écosystèmes et les populations du monde entier, mettant en péril la sécurité alimentaire, la protection du littoral, les moyens de subsistance individuels et le développement économique durable.
Alors que des objectifs renforcés de réduction des gaz à effet de serre (GES) sont essentiels pour protéger les océans et éviter d'autres impacts irréversibles, les AMP sont de plus en plus reconnues comme un outil clé pour maintenir et restaurer la résilience des écosystèmes dans un climat changeant, offrant des résultats positifs pour la biodiversité. Les aires marines protégées peuvent protéger les habitats qui servent de carbone bleu, notamment les marais salants, les herbiers marins, les mangroves et les fonds marins, qui assurent le stockage à long terme du carbone atmosphérique. Elles préservent également la biodiversité et fournissent de nombreux services écosystémiques océaniques et côtiers. Parmi eux, la protection contre les tempêtes et l'érosion, la production alimentaire, ainsi que la garantie de revenus aux populations côtières, les loisirs et le tourisme. Des réseaux d'AMP bien intégrés peuvent augmenter la survie des espèces en leur permettant de se déplacer et d'échapper à certaines pressions.
La coopération internationale est essentielle pour rendre concrets les avantages que les AMP peuvent apporter au climat. Les membres du partenariat s'engagent à explorer les synergies, à échanger leurs connaissances et expertise, et à travailler ensemble pour combler les lacunes en matière de connaissances scientifiques afin de faire mieux prendre en compte le rôle des aires marines protégées comme outil de lutte contre le changement climatique, d'ici à la COP26 pour le climat. Le partenariat a lancé un site web www.mpabioclimate.org avec des outils et des études de cas sur les AMP. Il organisera des webinaires dans chaque pays partenaire sur le rôle des AMP dans la lutte contre les impacts du changement climatique et la conservation de la biodiversité.
Quelques chiffres sur les AMP
Dans le cadre de la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples, la communauté scientifique appelle à une cible de protection de 30% des terres et 30 % des mers d’ici 2030 dont 10% en zone de protection forte. La base de données mondiale dénombre 18 983 AMP sur l’ensemble de la planète. En France, la Stratégie nationale des aires protégées (SNAP) intègre déjà cette ambition. En 2020, le réseau national couvre 23,5 % des eaux françaises, soit 547 aires marines protégées (AMP) en métropole et dans les Outre-mer. L’OFB, de par son rôle de gestionnaire d’aires protégées, est un acteur direct de la mise en œuvre de cette stratégie, avec une ambition d’exemplarité.