En 2021, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé "Journée mondiale des zones humides" le 2 février, date anniversaire de la signature de la Convention de Ramsar sur les zones humides. En France, cet événement est célébré pendant un mois complet avec plusieurs temps forts.
Pierre Caessteker est chargé de mission milieux humides à la direction Acteurs et citoyens de l'Office français de la biodiversité.
Il revient sur l'importance des zones humides et sur le rôle de l'OFB dans la préservation et la restauration de ces milieux.
Qu'est-ce que la Journée mondiale des zones humides ?
La Journée mondiale des zones humides est célébrée chaque année le 2 février, pour commémorer la signature de la Convention sur les zones humides, le 2 février 1971, dans la ville iranienne de Ramsar au bord de la mer Caspienne. C’est l’occasion pour de nombreux acteurs – associations, collectivités, entreprises, … - de sensibiliser à l’importance de préserver et restaurer les zones humides de nos territoires.
Pour l’édition 2023 sur le thème « Il est urgent de restaurer les zones humides », plus de 700 animations sont proposées sur la plateforme « J’agis pour la nature » durant le mois de février partout en France : sorties nature, séances de cinéma, stands de dégustation de produits locaux, soirées contées. Il est également possible d’agir pour les zones humides en participant à des chantiers nature ou en profitant de visites ouvertes au public pour découvrir les richesses de ces milieux.
Pourquoi protéger les zones humides ?
Entre 1960 et 1990, plus de 67 % des milieux humides de France ont disparu. La disparition de ces milieux a de lourdes conséquences : inondations dévastatrices, tarissement répété de sources et assecs de cours d’eau, pollutions de l’eau, érosion accrue des rives et des sols, perte de biodiversité...
Les zones humides jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement en eau pour la consommation humaine et les besoins agricoles et industriels en période de sécheresse. Grâce à leur rôle d’éponges naturelles capables de restituer l’eau dont elles sont gorgées, elles peuvent recharger ou maintenir le niveau des nappes d’eau souterraines lorsque les pluies font défaut. Autre exemple : une partie de l’alimentation en eau des habitants de Bordeaux et de Clermont-Ferrand provient de captages en zones humides.
Les zones humides, zones tampons entre la terre et les eaux souterraines, sont capables d’épurer les eaux en piégeant ou en transformant les éléments nutritifs en excès (nitrates, phosphates). Elles peuvent également participer au maintien de la qualité des eaux de baignade, comme c’est le cas à Royan, sur la côte Atlantique. Pour restaurer et préserver une bonne qualité des eaux de baignade sur ses plages, la commune a en effet choisi de classer les milieux humides en amont - 44 hectares de marais - en protection totale (pas d'utilisation d'engrais ou de pesticides).
Les zones humides sont des amortisseurs du changement climatique. Elles stockent le carbone atmosphérique, empêchant de grandes quantités de CO2 de rejoindre l’atmosphère. Elles absorbent l’eau et freinent sa circulation, réduisant ainsi les crues et les inondations. L’été, elles soutiennent les débits des cours d’eau en restituant l’eau emmagasinée et contribuent au rafraîchissement de l’air. Les milieux humides littoraux constituent quant à eux une barrière naturelle, qui freine l’énergie des vagues et du vent et limite l'érosion du littoral.
Les zones humides abritent un nombre considérable d’espèces animales et végétales - les plantes halophytes et la quasi-totalité des amphibiens, mais aussi une multitude de mollusques, crustacés, poissons, oiseaux... Ne couvrant que 6,4 % de la surface des continents, elles hébergent 40 % des espèces de la planète, dont 12 % des espèces animales (Ramsar 2010). En France, environ 50 % des espèces d’oiseaux en dépendent (Plan national pour les zones humides, 1995).
Quel est le rôle de l'OFB dans la préservation et restauration des zones humides ?
L’OFB assure la coordination du centre de ressources milieux humides en lien avec les Pôles-relais zones humides afin d’accompagner les acteurs des territoires à mettre en œuvre des projets de préservation et de restauration de ces milieux : séminaires, colloques, webconférences, journées d’échanges techniques et formations sont dispensés en France métropolitaine et territoires d’outre-mer. (cf, lien ci-dessus).
En 2023, plusieurs outils devraient voir le jour, dont la méthode nationale actualisée d’évaluation des fonctions des zones humides, les cartographies nationales des milieux et zones humides et un document de référence sur l’engorgement en zones humides continentales.
L’établissement se donne également pour objectifs de mieux évaluer l'état de la biodiversité et les impacts des activités humaines (pollution, fragmentation et modification des habitats, surexploitation, espèces exotiques envahissantes…).
Enfin, l’OFB participe avec les services déconcentrés de l’Etat à l’exercice des polices administrative et judiciaire relatives à l’eau (pollution de la ressource, atteinte aux zones humides ou littoral), aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvage (espèces gibier ou protégées, lutte contre les trafics d’espèces), à la chasse (contre-braconnage, renforcement de la sécurité à la chasse) et à la pêche. Près de 800 contrôles en zones humides et marais sont réalisés par an.