Présider le conseil scientifique, une grande responsabilité

Rencontre avec Frédérique Chlous, présidente du conseil scientifique de l'OFB. Professeure d’anthropologie et directrice du département Homme & Environnement au Muséum National d'Histoire Naturelle, Frédérique Chlous a été élue lors du premier conseil scientifique de l'OFB, le 24 juin dernier.

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Frédérique Chlous, présidente du Conseil scientifique. Crédit photo : Jean-Christophe Domenech / MNHN
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« Pluridisciplinaire », « équilibré », « divers », « paritaire », sont des termes qui ont été utilisés pour décrire ce nouveau conseil scientifique, en quoi est-ce une fierté pour vous de présider cet organe ?

Il s’agit bien évidemment d’une grande fierté mais aussi d’une grande responsabilité car nous vivons un moment historique où les enjeux de la biodiversité sont cruciaux, en lien notamment avec les phénomènes de réchauffement climatique ou les pandémies.
Plus que jamais nous nous devons d’agir et la création de l’OFB, ce nouvel établissement dédié à la biodiversité, est une opportunité qui nécessite notre engagement.

J’ai la chance de présider un conseil scientifique avec des chercheur.e.s particulièrement compétents dans l’ensemble des domaines de la recherche liés à la biodiversité.
L’ensemble des membres souligne les qualités de ce conseil où nous ressentons une envie d’échanger et de confronter les différentes disciplines scientifiques pour construire les connaissances indispensables aux enjeux actuels de la biodiversité.

Il est important aujourd’hui d’aller vers une société de la connaissance, afin que celle-ci puisse contribuer à la construction, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques et qu’elle puisse être partagée au sein de la société.
Notre travail en tant que conseil scientifique de l’OFB est de porter, de partager cette connaissance et c’est là que réside notre grande responsabilité.

Vous êtes professeure au poste d’ethnologie appliquée à l’environnement du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et directrice du département scientifique « Homme et Environnement ». Quels sont les liens qui unissent l’OFB et le MNHN ?

Mon investissement au sein du MNHN m’a conduit à candidater au conseil scientifique de l’OFB. Le MNHN tout comme l’OFB permet la pluridisciplinarité. C’est une structure réactive où j’ai pu interagir avec de nombreux chercheurs de différentes disciplines et ainsi aborder les sujets sur lesquels j’ai travaillé dans toute leur complexité. C’est également une institution très engagée dans l’expertise et l’enseignement mais aussi dans la sensibilisation et la diffusion des connaissances, ce que partage l’OFB.

Quels sont selon vous les grands défis que rencontre l’OFB et comment le conseil scientifique va-t-il accompagner l’établissement pour y répondre ?

Les défis sont bien évidemment nombreux, certains relèvent de l’urgence et d’autres d’un travail sur le long terme. Il va nous falloir organiser et hiérarchiser nos actions, mais également être attentif aux questions émergentes. Ainsi, les enjeux de santé en lien avec la biodiversité, avec la crise de la Covid-19 se posent aujourd’hui avec acuité.

Outre les questions liées à la connaissance de la biodiversité, le conseil scientifique souhaite également apporter des connaissances sur les sujets liés à la transformation de la société.  Je pense notamment à l’agroécologie qu’il faut accompagner. Transformer la société est également synonyme de sensibilisation et de mobilisation de la société et plusieurs chercheur.e.s du conseil scientifique ont marqué un intérêt particulier sur ces sujets.

Nous nous pencherons aussi sur les sujets économiques (paiement pour compensation, qualité environnementale) et de politiques publiques (zones de protection forte, Stratégie Nationale de la Biodiversité, zéro artificialisation). Notre travail sera également en lien avec les grandes questions liées à la gouvernance, au droit de l’environnement, à la lisibilité du travail de police de l’OFB. Enfin, une attention particulière sera portée aux territoires ultra-marins particulièrement riches en biodiversité et pour lesquels les membres du CS possèdent des compétences diversifiées.

Pour répondre au mieux à tous ces défis, une des premières missions du conseil scientifique va être de travailler avec les directions générales de l’OFB à la construction d’une stratégie scientifique, afin d’identifier et de hiérarchiser les sujets sur le court, moyen et long terme. Il nous faudra également construire une méthodologie de travail pour articuler au mieux les besoins de l’OFB au sein des DGD, instances et territoires et les sujets identifiés par le conseil scientifique.

Tout cela passera notamment par la création d’une feuille de route du CS qui devra être adaptable en fonction des enjeux connus et des questions émergentes. Les travaux du CS pourront prendre la forme de groupes de travail sur des thématiques identifiées ou des expérimentations en cours au sein de l’OFB. Enfin je participerai au conseil d’administration et comité des instances pour présenter notre travail et interagir sur les sujets en cours. Il est en effet important de créer de la transversalité au sein des instances de cet établissement.

Comment le conseil scientifique souhaite-t-il travailler avec les agents de l’OFB ?

Nous souhaitons que l’identification et la priorisation des défis qui seront inscrits dans notre feuille de route soient faites en collaboration avec les agents de l’OFB. Par ailleurs, notre volonté est de suivre autant que possible les expérimentations menées par les agents et d’avoir des relations étroites avec les agents de terrain. Je tiens à rappeler que deux agents en activité de l’OFB sont membres du conseil scientifique, c’est un atout pour mieux comprendre les enjeux et s’ancrer dans les territoires. La connaissance peut contribuer à la création d’une culture commune au sein de l’OFB.