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Occitanie

Episode cévenol : gérer les travaux après les inondations

Police de l'environnement

Le 22 septembre dernier, un épisode méditerranéen a causé de nombreux dégâts dans plusieurs communes au nord du Gard. Sur la haute vallée de l’Hérault et la vallée du Gardon de Saint-Jean, des pluies records ont été enregistrées, avec un cumul de 720 mm à Valleraugue, causant d’importants dommages sur les infrastructures . Pour accompagner les collectivités et les habitants, les équipes de l’OFB se sont rendues sur place à la demande de la DDTM.

Un épisode pluvieux tout à fait exceptionnel s’est produit mi-septembre sur la haute vallée de l’Hérault et la vallée du Gardon de Saint-Jean. Des pluies records, avec un cumul de 720 mm à Valleraugue, ont dévasté cette commune gardoise de 1000 habitants.

Les dégâts sur ces deux bassins sont importants : des voiries sont dégradées ainsi que des ponts. Des interventions ont rapidement été mises en œuvre pour désembâcler (sortir les objets emportés par les eaux lors d’une crue puis bloqué dans le lit de la rivière) et rétablir les accès sur les principaux axes. Les petits ouvrages de franchissement et autres passages à gué notamment privés seront traités dans un second temps.

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Le Gardon de Saint-Jean dans la traversée de Saumane et l’installation de pompage pour l’eau potable. Crédit : Joseph Delvallée / OFB
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La sécurisation d’un dispositif de captage d’eau potable à Saumane représentait l’action la plus urgente. Ce dispositif vital dessert deux communes de Saumane et L'Estréchure. D’autres menaces pour les milieux aquatiques ont été détectées également à Saumane, comme la destruction de postes de relevage des eaux usées (voir photo ci-contre), des dégâts sur une station d’épuration.

Le rôle des agents de l’OFB

Les équipes de l’OFB ont signalé à la DDTM les chantiers les plus urgents à engager dans le respect du fonctionnement des milieux aquatiques. D’autres demandes de travaux sont d’ores et déjà parvenues au service, pour avis et sont en cours d’instruction. Des contrôles sur ces mêmes bassins seront programmés dans un second temps. Ils ont pour but d’identifier d’éventuels travaux qui seraient engagés, en contradiction totale avec les principes fondamentaux de travaux en rivière. Enfin, les travaux réputés d’urgence seront suivis de près afin d’assurer une prise en charge avant le début d’année 2021.

Rencontre avec Vincent Marty, chef de service départemental du Gard

Quelles sont les causes des inondations dans les secteurs de la vallée de l’Hérault amont et celle du Gardon de Saint-Jean ?
Dans le Gard et dans les secteurs concernés par les épisodes cévenols, des montées d’eau de six à sept mètres en quelques heures ont été enregistrées. Les derniers épisodes méditerranéens ont été particulièrement violents et même exceptionnels. Les installations affectées sont très souvent du bâti ancien… mais installé en zone inondable… Beaucoup d’ouvrages transversaux, principalement des ouvrages de franchissement routiers de petit gabarit, mal dimensionnés sont également touchés.

Quel est votre rôle habituel et en cas d’inondation dans le suivi des travaux ?
Rien de particulier par rapport aux contrôles habituels de travaux de rivière, à deux nuances près :

  • On ne choisit pas la période. Dans le Gard, on retient souvent la période d’étiage estival pour programmer les interventions en cours d’eau, les bas débits voire l’assèchement de certains cours d’eau, facilite l’installation du chantier et la mise en œuvre des travaux. Il faut donc composer avec des débits plus soutenus, des conditions d’accès moins favorables.
  • La formalisation des interventions dans les dossiers de demande est parfois moins satisfaisante qu’en dehors de ces périodes et les intervenants (entreprises mandatées) moins rompus aux travaux sur les cours d’eau.

Quand votre équipe est-elle intervenue ?
Ni avant ni pendant l’inondation ! Ces événements sont assez brutaux et surviennent de manière rapide. Les consignes de sécurité, lors d’épisodes méditerranéens, sont d’éviter de circuler. Les agents sont donc invités à les respecter en cas d’alerte. En revanche, on intervient après. Soit de notre propre initiative, pour disposer d’une première analyse des dégâts mais pas seulement vis-à-vis des biens et des structures, on en profite pour relever  également l’état de la ripisylve (ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d'eau, d'une rivière ou d'un fleuve), les éventuels embâcles (objets emportés par les eaux au moment de la crue puis bloqués dans le lit de la rivière), les encoches d’érosion, etc. C’est également très intéressant pour analyser a posteriori le comportement de certains dispositifs de protection, comme l’enrochement, et tenter de diagnostiquer les causes de certains désordres souvent liés à des aménagements inadaptés.

Quelles sont les interrogations auxquelles vous êtes confrontés sur place ?
C’est l’occasion de faire un peu pédagogie. Lors de tels épisodes, les élus sont tentés de reconstruire à l’identique, même si l’expérience démontre que ça n’est pas pertinent. Pouvoir apporter, à ce moment-là, un discours un peu technique sur l’opportunité d’une telle intervention est essentiel. Nous en profitons pour rappeler les grandes lignes du fonctionnement d’un cours d’eau, notamment lors des crues : l’importance du transport solide et les débits colossaux en jeu dans ces moments-là ! On en profite également pour tordre le cou à l’idée qu’il faille faire de la place, beaucoup de place dans le lit mineur par des opérations de curage notamment… alors que ça n’a aucune incidence sur les débordements lors de tels épisodes.  

Comment sont traitées les demandes d’interventions pour les travaux à effectuer ?
La majorité des demandes parviennent directement à la DDTM qui nous associe systématiquement. Les premiers échanges par mails sont souvent imprécis, mais un formulaire simplifié permet de préciser les interventions. Beaucoup de ces collectivités ont déjà déposé des dossiers de demandes de travaux en rivières, elles savent qu’il y a un cadre même en cas de crue violente.
Par exemple, concernant les ouvrages d’art, nous avons travaillé en amont avec le conseil départemental, en charge de leur entretien. Aujourd’hui, les enjeux sur les milieux aquatiques sont ainsi pris en compte même lors des interventions les plus pressées.

Existe-t-il des procédures d’urgence ?
S’il faut rétablir un accès ou sécuriser un approvisionnement en eau potable, les visites sur site s’organisent rapidement. Elles sont organisées conjointement avec un représentant de la DDTM. Lorsqu’il s’agit de travaux portés par des collectivités territoriales (communes, conseil départemental, SIAEP…), le circuit de traitement des demandes est assez rôdé et autorise une réponse rapide sur des dossiers suffisamment complets. En revanche, c’est plus compliqué s’agissant de particuliers. Ils veulent aller vite pour restaurer un mur de soutènement, refaire un passage à gué… et ignorent le cadre réglementaire des travaux en cours d’eau. On essaie de programmer des « tournées » sur les sites concernés pour identifier d’éventuels travaux qui seraient initiés sans qu’on en soit informés.

Quelles mesures ont été prises pour les travaux d’urgence dans la commune de Saumane ?
La DDTM vient de valider la demande de travaux d’urgence pour cette commune (arrêté préfectoral daté du 14/10/2020). La commune est donc autorisée à démarrer les travaux selon les modalités décrites dans le dossier dès réception. En revanche, lors de la réunion sur site, l’entreprise qui devait intervenir avait indiqué des délais d’intervention. La commune devrait nous informer du démarrage des travaux. D’autres demandes pour des travaux d’urgence sont parvenus au service depuis ces mails et sont en cours d’instruction. Et des contrôles ont été réalisés sur un ouvrage d’assainissement qui avait été largement endommagé sur la commune de l’Estréchure.

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