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Les conséquences du froid sur le comportement des oiseaux

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Le froid et les périodes de gel prolongé affaiblissent particulièrement certaines espèces d’oiseaux. Afin d’anticiper ces épisodes et pouvoir prendre des mesures rapidement, une cellule « Gel prolongé » est pilotée par l’Office français de la biodiversité (OFB).

Depuis le 8 février, une vague de froid a atteint le nord de la France et touche plus particulièrement le département des Hauts-de-France. Lors de périodes de gel prolongé sur plusieurs jours, certaines espèces d’oiseaux qui se nourrissent dans les plans d’eau sont particulièrement affectées. A cause du gel, la nourriture est beaucoup moins accessible et ils épuisent leurs réserves énergétiques pour maintenir leur chaleur corporelle. Durant une vague de froid, l’espérance de vie moyenne d’une bécasse des bois serait seulement de 6,5 jours (Source : Boos et al. 2005).

Pour échapper aux températures encore plus froides des pays voisins (Allemagne, Belgique, Pays-Bas), plusieurs groupes d’oiseaux migrateurs ont également débarqué sur les côtes du nord de la France, ce qui provoque des concentrations importantes d’oiseaux notamment sur les zones littorales. Des comportements inhabituels ont aussi été constatés comme la présence de bécasses dans un champ en journée.

Afin de ne pas perturber ces espèces déjà fortement affaiblies, il est important d’éviter toutes formes de dérangement. A cause de l’épisode d’influenza aviaire qui sévit actuellement en France, il est également déconseillé de les nourrir pour éviter les nouveaux foyers de contamination.

La cellule « Gel prolongé »

Pour surveiller ces épisodes, l’OFB pilote la cellule « Gel prolongé ». Elle assure une veille météorologique quotidienne afin d’évaluer le risque de gel prolongé sur les sept prochains jours. Si pendant deux jours, les températures sont inférieures à -5°C sans dégel la nuit et que ces conditions sont prévues de durer au moins 5 jours de plus, des mesures spécifiques peuvent être mises en œuvre comme par exemple la suspension de la chasse.

En parallèle, des observations de terrain coordonnées par la Délégation régionale de l’OFB sont mises en place sur des sites de référence de chaque région. Ces opérations permettent :

  • de recueillir des données sur les comportements et les effectifs des oiseaux (canards, bécasse, grives, …)
  • de dresser un bilan des cas de mortalité,
  • d'établir un diagnostic de l'état physique des oiseaux par des pesées,
  • d'analyser les conditions du milieu et les données climatiques.

Quelles mesures ?

Concernant cette vague de froid, les perspectives de redoux à 3 jours ne remplissent pas les conditions suffisantes pour déclencher l’alerte « gel prolongé » au niveau national. Cependant, le préfet du Nord a suspendu la chasse à la bécasse à partir du 12 février. Une suspension a également été demandée dans le Pas-de-Calais dès le mardi 9 février par la Fédération Départementale des Chasseurs et est entrée en vigueur le lendemain.
En fonction de l’évolution des conditions météorologiques, des bagueurs pourront être sollicités pour évaluer la condition corporelle des oiseaux. Un poids inférieur à 270 grammes est signe de mauvaise condition physique.

Une attention toute particulière devra être portée sur la date du redoux, actuellement annoncée au 14 février.

"La vague de froid qui a touché le nord de la France cette semaine est le résultat d’une large percée du froid en provenance de Scandinavie et de Russie. Elle a plus durement touché l’Allemagne et s’est étalée sur une grande partie de nos pays voisins situés au nord et à l’est. Ce genre de situation n’a rien d’exceptionnel mais génère des déplacements importants d’oiseaux vers la France qui devient alors une zone refuge. La persistance du froid et l’absence de dégel en journée peut alors affaiblir rapidement les oiseaux qui ont déjà dépenser beaucoup d’énergie pour fuir vers nos régions mais qui n’arrivent pas à trouver suffisamment de nourriture pour récupérer. Heureusement la durée et la sévérité de cette vague de froid reste modérée en France et ne devrait donc pas conduire à des mortalités massives d’oiseaux comme ça a pu être le cas lors d’autres épisodes". Kévin LE REST - Chef d'équipe Bécasse-Bécassines - Direction de la Recherche et de l'Appui Scientifique de l'OFB