Entre 2021 et 2022, les agents de la direction interrégionale Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été mobilisés dans le cadre d’un chantier de grande ampleur sur la Durance.
Avant les années 60, la Durance était une rivière qui possédait un lit à bras multiples se déplaçant au gré des crues au milieu de bancs de galets eux-mêmes mobiles. Ce profil de rivière méditerranéenne dit « en tresse » abrite une grande richesse écologique.
Depuis, les aménagements hydro-électriques et l’extraction massive de matériaux ont profondément perturbé son fonctionnement naturel. Désormais, les crues sont régulées et les sédiments sont retenus par les barrages, ce qui a modifié sensiblement la morphologie de la Durance. Les secteurs en tresse se sont fortement réduits au profit d’un écoulement devenu rectiligne et la biodiversité s’est appauvrie.
Pour tenter de restaurer le fonctionnement naturel de la rivière, le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD) s’est lancé dans des travaux expérimentaux de grande ampleur sur deux sites. Il s’agissait de déplacer des milliers de tonnes de graviers au sein du lit de la rivière depuis les zones perchées et figées vers les zones en eau avec pour objectif qu’ils soient de nouveau transportés naturellement vers l’aval lors des montées d’eau.
Dans le cadre de ses missions d’appui et d’expertise auprès des services de l’État, l’Office français de la biodiversité rédige des avis techniques en phase amont ou en phase d’instruction du projet. Deux avis ont été rédigés, en 2021 et 2022, par les agents de la direction interrégionale PACA-Corse. Ils ont permis :
Ces deux avis techniques ont également permis de renforcer les mesures de réduction des impacts du chantier. Ainsi, un balisage permettant la mise en défens des zones de présence d’espèces végétales protégées (Typha minima) a notamment été proposé tout comme la réalisation de mesures de suivis physico-chimiques pour vérifier l’absence de pollution ou d’altération de la qualité des eaux.
Une pêche de sauvegarde a également été réalisée avant les opérations de remblais qui a permis de collecter notamment des spécimens d’Aprons du Rhône qui ont été relâchés en dehors de la zone de travaux.
En complément de son appui aux services de l’état, l’OFB participe également aux comités de suivi de ce projet et veille aux respects des prescriptions de l’arrêté préfectoral d’autorisation en réalisant des contrôles administratifs. Dans ce but, les agents de l’OFB se sont rendus sur site en août 2022, pour contrôler le bon déroulé des opérations. Aucune anomalie n’a été relevée.
D’une durée d’un mois, ce chantier a mobilisé l’équivalent de 200 000 m3 de graviers qui ont été redéposés dans le lit mineur du cours d’eau.
C’est la première fois qu’une telle technique est mise en œuvre sur une rivière française. La quantité de matériaux déplacés est notamment exceptionnelle.
Il faudra encore quelques années pour mesurer les effets de cette opération sur le fonctionnement de la rivière et la biodiversité. Si ces travaux s’avèrent positifs, ils pourraient être mis en œuvre sur d’autres secteurs de la Durance voire d’autres rivières de la région.
Sur ce type de travaux spécifiques, l’expertise de l’OFB est systématiquement requise. En 2022, plusieurs centaines d’avis techniques ont été rédigés par les agents de la direction Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse sur des sujets liés à l’eau, aux espèces, et à la réglementation.