La transition énergétique implique un développement massif et rapide des énergies renouvelables et de récupération (ENR&R) sur notre territoire, tout en limitant l'empreinte environnementale de ces nouvelles infrastructures. L’Office français de la biodiversité (OFB) travaille avec l’Ademe et toute la chaîne d’acteurs pour accompagner sa mise en place : de la caractérisation des risques d’incidences sur la biodiversité, les sols, les paysages... à la recherche de solutions de conciliation.

Dossier "Énergies renouvelables et biodiversité", Biodiversité, des clés pour agir n°8 (avril 2025)

  • Introduction - Développer les énergies renouvelables de façon raisonnée
  • Partie I - Programmation par les services centraux de l’État
  • Partie II - La planification et le déploiement territorial
  • Partie III - Les financeurs
  • Partie IV - Services instructeurs de l’État, développeurs et bureaux d’études
  • Partie V - Les scientifiques
  • Conclusion - Bilan et perspectives pour accompagner les acteurs

Objectif : un déploiement territorial des énergies renouvelables à faibles empreintes "biodiversité" et "Carbone"

Pourquoi ?

L'humanité est confrontée à deux grandes crises environnementales : le changement climatique et le déclin de la biodiversité. Aux niveaux planétaire, européen ou national, les chiffres sont sans appel : la température moyenne de l’air et des eaux ne cesse d’augmenter ; et la biodiversité ne cesse de se dégrader.
Cela dure depuis plusieurs décennies et nous ne parvenons toujours pas à inverser la tendance.

Pylônes de transport de l'énergie électrique (Sébastien Lamy, OFB)

Si le développement des énergies renouvelables répond au besoin de décarbonation de l'économie, ces infrastructures énergétiques nécessitent la consommation de beaucoup de foncier et de ressources naturelles (minérales, végétales ou aquatiques). Or :

  • la modification de l’occupation et de l’usage des sols, et l’exploitation des ressources constituent les 2 pressions majeures à l’origine du déclin de la biodiversité, avant même les pollutions et le changement climatique,
  • la « bonne santé » du climat et de la biodiversité sont interdépendants. L’augmentation de la température de l’air et des eaux entraîne en effet une fragilisation voire la disparition d’espèces de flore et de faune sauvage et la dégradation d’écosystèmes naturels. Et c’est le bon fonctionnement des écosystèmes naturels qui contrôle le cycle du Carbone.

Ainsi, l'atténuation du changement climatique par la décarbonation de notre production énergétique peut aider à réduire une pression sur la biodiversité ... mais à condition de ne pas lui nuire par ailleurs.

Comment ?

Le plan Biodiversité (2018) et la stratégie nationale Biodiversité 2030 (voir image) évoquent différentes priorités d’actions, avec pour objectif commun de réduire l’empreinte environnementale des ENR.

Détail des enjeux de la mesure 15 de la stratégie nationale Biodiversité 2030

Les solutions à déployer varient entre les filières mais doivent répondre, en les conciliant, aux objectifs fixés par l'État d’atténuation du changement climatique et de reconquête de la biodiversité, à savoir : neutralité Carbone 2050, zéro perte nette de biodiversité (stratégie nationale Biodiversité…), zéro artificialisation nette.

Dans ce but, l’OFB, mobilisé par le ministère en charge de la transition écologique sur ces enjeux, développe des actions pour :

  • rechercher les différents leviers d’intégration de la biodiversité dans les énergies renouvelables,
  • développer la connaissance scientifique et technique des incidences des énergies renouvelables sur la biodiversité d’une part, et des solutions d’atténuation de ces dernières d’autre part, et en dresser un bilan régulier (ex. : appel à projet recherche Ittecop),
  • accompagner techniquement les acteurs du déploiement des énergies renouvelables. Ceci se traduit par la mise à disposition d’outils d’appui :
    • à la planification territoriale des énergies renouvelables, avec pour objectif de faciliter le choix des zones puis des sites de « moindre impact environnemental »,
    • à l’éco-conception des projets : guides, référentiels techniques, applications informatiques, formations, etc. ;
  • valoriser les bonnes pratiques,
  • diffuser auprès de tous l’ensemble de ces informations, etc.

Deux observatoires pour développer, synthétiser et diffuser la connaissance

image de décoration - Logo de l'Observatoire ENR-biodiversité

L’Observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité codéveloppé avec l’Ademe (site internet à venir en 2025), prévu dans  la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (article 20, loi n° 2023-175 du 10 mars 2023), "est chargé de :
1° La synthèse des connaissances disponibles au travers des études et données existantes sur les incidences des énergies renouvelables terrestres sur la biodiversité, les sols et les paysages ainsi que sur l'efficacité des dispositifs d'évitement, de réduction, ou de compensation accompagnant le développement des énergies renouvelables ;
2° La diffusion auprès du public et des parties prenantes de l'ensemble de ces synthèses de connaissances, études, expertises et données." (Décret n° 2024-315 du 6 avril 2024 )

image de décoration - Logo du site Onem-Eoliennes en mer

L’Observatoire national de l'éolien en mer (Onem) codéveloppé avec l’Ifremer valorise les connaissances existantes, et mène de nouveaux programmes d’acquisition de connaissances sur le milieu marin et les interactions entre les parcs éoliens en mer et la biodiversité marine. Il finance ainsi des projets sur différents compartiments biologiques : oiseaux, cétacés, habitats benthiques, poissons… (travaux du programme 2022 et 2023-2024).

Méthaniseur agricole associé à des panneaux photovoltaiques dans les Vosges (Philippe Massit, OFB, 2024)

Leviers d'action : intégrer la biodiversité dans le cycle de vie des projets

De la planification sur le territoire à la conception technique du projet : deux étapes successives complémentaires

Lors du déploiement et de la conception d'infrastructures énergétiques, deux étapes se succèdent et se complètent :

  • le choix du ou des sites, et des réseaux associés s'envisage à toutes les échelles d'un territoire, du macro au national aux schémas régionaux, jusqu'aux zonages en maillages précis,
  • les choix techniques pour le projet en lui-même dont les emprises, les dispositifs techniques, le déroulement du chantier, les modalités d'exploitation, sont autant de paramètres à prendre en compte.

Déploiement territorial : identifier les zones écologiquement sensibles à éviter en priorité

Déployer sur notre territoire des ENR dans une logique de "moindre impact" suppose, au préalable, d'identifier les sites écologiquement sensibles : points chauds de biodiversité, espaces fréquentés par les espèces sensibles à ces infrastructures énergétiques, corridors migratoires, etc. En effet, éviter la construction d’infrastructures énergétiques, même renouvelables, dans des zones à fort enjeu de préservation de la biodiversité constitue la première des solutions à mettre en œuvre pour diminuer l’empreinte environnementale des projets. Car c’est, de loin, la plus efficace.

Entre les ENR terrestres et marines, les modalités de planification territoriale varient :

  • concernant l'éolien offshore : l'OFB a appuyé l'État dans l'identification des enjeux écologiques associés aux macro-zones d'implantation des futurs  projets,
  • concernant les énergies terrestres : plusieurs approches ont été adoptées au cours du temps. En 2023, la loi APER demande d'identifier des Zones d'accélération (article 15), dont sont exclus certains zonages environnementaux. À noter : certains de ces zonages concernent toutes les ENR terrestres, d'autres sont spécifiques à l'éolien terrestre.

Conception des projets : atténuer leur empreinte environnementale

Le développement d'infrastructures énergétiques renouvelables peut impacter la biodiversité, par atteinte aux plants ou individus d’espèces de flore ou de faune sauvage, dégradation voire destruction d’écosystèmes naturels, fractionnement des milieux et altération de leurs fonctions écologiques et services écosystémiques associés.

Ces incidences potentielles varient selon les filières d'ENR considérées et les types de milieux, compartiments écologiques ou groupes d'espèces concernés. Mieux connaître les interactions entre les ENR et les écosystèmes naturels, et les solutions de remédiation possibles, est nécessaire pour accompagner les décideurs dans la prise de décision au carrefour d'enjeux multiples. 

Les impacts et solutions possibles commencent à être scientifiquement et techniquement bien documentés pour certaines ENR, comme l’hydroélectricité par exemple. Pour les autres filières énergétiques au développement plus récent, leur accélération a créé ces dernières années des besoins élevés de connaissances scientifique et technique. Il en résulte une forte dynamique de déploiement de nouveaux programmes de recherche en France comme à l'international.

La mise en œuvre : des connaissances aux recommandations techniques

Des éléments sont disponibles portant sur le déploiement territorial et l'écoconception des projets, transversaux aux énergies renouvelables terrestres par exemple, ou spécifiques à certaines comme l'éolien terrestre ou en mer. Ils sont à retrouver dans les pages dédiées ci-dessous.

En savoir plus sur les trames, la séquence Éviter-réduire-compenser, et les programmes en faveur d'espèces sensibles aux ENR

Une politique socle : la Trame verte et bleue (TVB)

Au croisement des enjeux écologiques et d’aménagement du territoire, la TVB est une politique visant à intégrer la biodiversité dans les stratégies d’aménagement et de développement territorial. 
Pour faciliter son appropriation par le plus grand nombre, l’Office français de la biodiversité propose des ressources techniques, et le Mooc Trame verte et bleue : une formation en ligne gratuite, accessible à tous sur elearning.ofb.fr dans le cadre du centre de ressources Trame verte et bleue et en lien avec Tela Botanica.

L'écluse de Gerstheim mise en service début 2019 comporte une centrale hydroélectrique ainsi qu'une passe à poissons (Philippe Massit, OFB)

Une déclinaison technique de la politique de maîtrise des impacts et de conciliation des enjeux : la séquence "éviter – réduire – compenser "(ERC)

Préserver la biodiversité et les services qu'elle nous rend demande une évolution des pratiques liées à certaines activités humaines. La séquence ERC concerne en particulier sur planification et la conception des projets d'aménagement du territoire. 

Un ensemble d'outils permet de comprendre la législation et la réglementation associée à la mise en œuvre de cette séquence ERC, et de l'appliquer via des référentiels techniques et ouvrages méthodologiques : définition des mesures et spécificités en milieux marins, dommage, compensation écologique dont dimensionnement pour les cours d'eau, suivi...

Des plans nationaux d'action traitant des espèces sensibles aux ENR