Dans le cadre de ses missions de police de l’environnement, l’Office français de la biodiversité surveille et régule les maladies animales sur le territoire français.
Pourquoi une police sanitaire ?
Peste porcine africaine, influenza aviaire, brucellose, tuberculose bovine, Aujesky, rage… beaucoup de maladies sont susceptibles d’affecter plus ou moins gravement la faune sauvage. Ces maladies peuvent se transmettre sur les cheptels domestiques ainsi que dans certaines conditions à l’Homme.
En plus de ces maladies connues, il existerait 1,7 million de virus non découverts chez les mammifères et les oiseaux, dont près de la moitié pourraient avoir la capacité d'infecter les êtres humains (Source : Rapport de décembre 2020 de l'IPBES).
Il est donc primordial de lutter contre l’introduction des maladies, surveiller leur évolution, limiter leur propagation et, dans la mesure du possible, les éradiquer.
Cette mission est assurée par les agents de police sanitaire de l’Office français de la biodiversité.
Les missions de la police sanitaire
Photo de deux agents de l'OFB en tenue de biosécurité prenant des photos de l'environnement proche d'un sanglier retrouvé mort, en vue d'une autopsie prévue dans le cadre du suivi de la peste porcine africaine. Crédit photo : Phillippe Massit / OFB
Lutter contre les maladies
Il y a plusieurs catégories de maladies, tel que prévu par le Code Rural et de la pêche maritime.
Certaines d’entre elles sont susceptibles de générer des crises sanitaires (les plus contagieuses, c’est le cas par ex de l’influenza aviaire, et de la peste porcine africaine)
L’OFB va intégrer le protocole de gestion de crise.
Les mesures sont adaptées à chaque maladie (par Arrêté ministériel et arrêté préfectoral), et selon les cas, des patrouilles sont alors chargées de rechercher des cadavres, et/ou d’effectuer des tirs de nuit, d’assurer la gestion des pièges, de co-organiser les battues administratives, de surveiller l’agrainage, de vérifier la bonne gestion des déchets de chasse, de contrôler les mouvements d’animaux, d’empêcher la pénétration en forêt, de vérifier les conditions d’utilisation des appelants pour la chasse, de participer aux actes de vaccination…
Exemple d'opération contre la brucellose
La saison de captures 2021 des bouquetins du Bargy s'est déroulée du 18 mai au 9 juin par le service départemental de Haute-Savoie, en étroite collaboration avec l’Unité sanitaire de la faune (USF), soit 52 journées/agents sur le terrain.
Au total, en 2021, 31 bouquetins ont été capturés et 5 recapturés. 3 mâles se sont avérés positifs au test rapide et ont été euthanasiées. De juin à septembre, le service départemental de Haute-Savoie assure également les Itinéraires Pédestres qui participent au suivi populationnel des bouquetins du Bargy en permettant notamment d'estimer la taille de la population et le succès de la reproduction. Ces captures interviennent chaque année dans le cadre de la surveillance de la brucellose dans le massif depuis la détection d'un foyer en 2012.
La brucellose est une maladie bactérienne qui peut infecter la plupart des mammifères, notamment les ruminants domestiques et sauvages, et peut se transmettre à l'Homme (zoonose). Chez l'animal, la brucellose peut notamment provoquer des avortements, une réduction de fertilité, des pertes de lait et des problèmes articulaires.
Les captures de bouquetins sont réalisées par téléanesthésie et ont pour objectif de tester les individus vis-à-vis de la brucellose en ciblant en priorité les individus non marqués qui n'ont jamais été testés. Chaque bouquetin endormi fait l’objet de prélèvements sanitaires (prise de sang…) de mesures biométriques et un examen clinique par un vétérinaire. La prise de sang permet la réalisation sur place d’un test rapide indiquant le statut sérologique de l’animal vis-à-vis de la brucellose.
S’il est séronégatif, l’individu est marqué (boucle auriculaire, collier avec marques visuelles et éventuellement collier GPS) et relâché. En revanche, si le bouquetin est séropositif, il est euthanasié par un vétérinaire au cours de son anesthésie et évacué au Laboratoire Départemental d’Analyses Vétérinaires de Savoie pour autopsie et analyses bactériologiques. Le statut sérologique des individus capturés est ensuite confirmé au laboratoire.
Une seule santé
Depuis les années 2000, le concept « One Health » développé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) promeut une vision systémique de la santé publique, animale et environnementale. La surveillance et la gestion des pathologies doivent s’intégrer dans une vision globale, qu’il s’agisse de l’Homme, des animaux d’élevage ou de la faune sauvage, et même de l’environnement. L’OFB s’inscrit dans cette démarche, notamment dans ses actions de police sanitaire.