Reconnues comme l’une des cinq causes majeures d’érosion de la biodiversité, les espèces exotiques envahissantes font l’objet d’une réglementation européenne spécifique depuis 2014 et nationale depuis 2018. L’Office français de la biodiversité a pour mission de faire connaître, prévenir, surveiller et évaluer les impacts négatifs de ces espèces.
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) désignent certains animaux ou végétaux dont leur introduction par l’Homme, volontaire ou fortuite, sur un territoire représente une menace pour les écosystèmes.
Ces espèces exotiques envahissantes constituent une menace pour environ un tiers des espèces terrestres et contribuent à 60 % des extinctions connues à l’échelle mondiale.
Elles peuvent capter une part trop importante des ressources dont les espèces locales ont besoin pour survivre, modifier les milieux naturels voire être prédatrices des espèces indigènes. Par exemple, les frelons asiatiques attaquent et chassent les abeilles.
Elles menacent aussi notre santé et certaines activités économiques. Certaines sont par exemple porteuses de maladies comme le moustique tigre, vecteur des virus de la dengue et du chikungunya, ou allergisantes, comme l’ambroisie. L’agriculture peut également être affectée, à travers l’émergence de ravageurs, animaux ou insectes comme des coléoptères ou des pucerons, qui attaquent les plantes cultivées ou les récoltes stockées.
En Europe continentale, les coûts générés par la gestion et la réparation des dommages causés par les invasions biologiques ont été estimés à plus de 12,5 milliards d’euros par an.
Tous les milieux (terrestres, aquatiques et marins) et tous les territoires sont impactés par ces espèces exotiques envahissantes.
La menace est particulièrement forte dans les îles d’outre-mer qui concentrent 74 % des EEE.
Parmi elles, l’arbre Miconia calvescens fait partie des 100 espèces les plus envahissantes du monde. Surnommé « cancer vert » à Tahiti, il prolifère à une vitesse incroyable au détriment de la flore locale. Introduit en 1937 comme plante ornementale, il recouvre aujourd’hui les deux tiers de l’île.
En métropole, l’écrevisse de Louisiane, espèce introduite à la fin des années 70 à des fins commerciales, devient un réel problème. Robuste et vorace, elle migre de manière exponentielle dans les eaux douces du pays déséquilibrant au passage l’écosystème en s’attaquant aux œufs d’amphibiens, aux jeunes poissons ou en creusant des galeries et dégradant les berges.
En application du règlement européen (n° 1143/2014) et de la réglementation nationale de 2018 (code de l’environnement L411-5 et suivants, décrets et arrêtés associés) sont établies des listes d’espèces, régulièrement mises à jour. La dernière version (2023) de la liste d’espèces préoccupantes pour l’Union européenne comporte 88 espèces (41 végétales et 47 animales). La liste des espèces exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain reprend les espèces préoccupantes pour l’UE et ajoute des espèces spécifiques au territoire. Par exemple, les crabes bleus (Callinectes sapidus et Portunus segnis) ont été ajoutés en 2023 sur la liste nationale. Les territoires ultramarins font l’objet de listes propres.
Les espèces exotiques envahissantes (version courte)
Les espèces exotiques envahissantes (version longue)
Les espèces exotiques envahissantes (outre-mer)
Rattus rattus
Le rattus rattus est un rat noir introduit dans plusieurs îles comme à la Réunion ou dans le Pacifique. Déjà responsable de nombreuses extinctions, ce rat menace maintenant de disparition plusieurs espèces d’oiseaux.
Parvenant à coloniser avec succès tous les milieux dans lesquels ils sont introduits, ces rats sont maintenant présents sur plus de 90 % des îles.
Grâce à leur grande capacité d’adaptation à de nouveaux environnements ils s’attaquent aux oiseaux marins, mangent les œufs, les poussins et parfois même les adultes. Quand il n’y a plus d’oiseaux, ils se reportent sur d’autres espèces et menacent alors des invertébrés, des reptiles, des plantes et d’autres mammifères.
Projets pour lutter contre l'impact du rat noir sur les autres espèces :
La France a mis en place au niveau national, une règlementation relative aux espèces exotiques envahissantes. Cette stratégie française est définie en lien avec ses engagements internationaux et européens.
L’Office français de la biodiversité réalise des actions de gestion sur le terrain, de contrôle (notamment auprès d’établissements détenteurs de spécimens d’EEE), de prévention, de surveillance, d’évaluation, de connaissance et de communication.
Localement, des réseaux d’acteurs sont constitués et mènent des actions de coordination, de veille, de gestion, de formation et de sensibilisation aux EEE.
Un centre de ressources dédié aux espèces exotiques envahissantes a vu le jour fin 2018 pour mutualiser les connaissances et accompagner les acteurs.
Véritable boîte à outils, ce dispositif collaboratif est co-piloté par l’Office français de la biodiversité et le Comité français de l’UICN. Il propose des informations générales et des chiffres-clés sur le sujet, ainsi que de nombreuses ressources règlementaires, techniques et scientifiques.
En mars 2022, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a lancé un plan d'actions pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes. Portant sur la période 2022-2030, ce plan s’accompagne de mesures concrètes de lutte contre ces espèces qui constituent une menace majeure pour la biodiversité. Pour tenir compte de l’évolution du cadre international et national, de l’évolution des connaissances sur les EEE et leur propagation, ainsi que de la mobilisation et de la coordination des nombreux acteurs institutionnels et professionnels français, ce plan sera révisé cinq ans après son démarrage.
Dans les Alpes-Maritimes, des écureuils provenant d'Asie du sud-est ont été introduits par l'Homme. Ces écureuils de Pallas sont une menace pour les autres espèces comme les écureuils roux, les écosystèmes et les activités humaines. En 2012, le Museum national d'Histoire naturelle a mis en place un plan de lutte pour identifier et limiter leur présence sur le bassin méditerranéen, sur le cap d'Antibes et à Istres.
Depuis 2018, c'est l'OFB qui mène ce programme pour mieux connaitre et comprendre cette espèce. Il s'agit également d'aller à la rencontre de la population pour lui expliquer qu'il s'agit d'une espèce nuisible à leur environnement, contrairement à l'écureuil roux, souvent populaire auprès du grand public.