Le Système relationnel d’audit de l’hydromorphologie des cours d’eau (Syrah-ce) est un système d’aide à la décision qui vise à identifier le risque d'altération hydromorphologique et à évaluer l'inhérente dégradation de l' « état écologique », via une approche par tronçon de cours d'eau.
L'enjeu : identifier les altérations et zones de risque
Des pressions multiples - culture intensive, extraction de granulats, barrages et plans d’eau, urbanisation - dispersées sur le réseau hydrographique, sont à l’origine des altérations du fonctionnement physique des cours d’eau.
En partenariat avec les agences de l’eau et avec l’appui scientifique et technique de son pôle hydroécologie commun avec le Cemagref à Lyon, l’OFB dresse une cartographie des zones à risque d’altérations hydromorphologiques susceptibles de constituer un risque de non atteinte du bon état écologique. Cette cartographie repose sur la méthodologie Syrah-ce développée par les chercheurs du pôle OFB/Cemagref et vise à identifier les zones où une attention particulière doit être portée. Elle contribue ainsi à la révision de l’état des lieux requis par la DCE.
La méthode Syrah-ce, un outil opérationnel
Le système comprend 2 types de données :
- une composante géographique et cartographique permettant l'évaluation des pressions s'exerçant sur les cours d'eau et réalisée à partir de données disponibles à l'échelle nationale,
- une composante statistique et probabiliste permettant l’évaluation des risques d’altération hydromorphologique à partir des pressions.
Ainsi le réseau hydrographique français a été découpé en 70 000 tronçons homogènes du point de vue de leur fonctionnement morphologique. Les pressions sont disponibles à l’échelle de tronçons de cours d’eau tandis que les risques d’altération hydromorphologique sont disponibles à celle des masses d’eau DCE, par paramètre élémentaire DCE.
Plus précisément, le système fonctionne selon une hiérarchie descendante, visant à caractériser, à plusieurs échelles spatiales, latérales et longitudinales (bassin-versant, lit majeur, lit mineur), les pressions anthropiques (activités et occupations des sols déclinées en aménagements et en usages) susceptibles d'induire des modifications des processus et des structures conditionnant le milieu physique. Ces altérations hydromorphologiques d'origine non naturelle entraînent une modification des formes naturelles des cours d'eau et de leurs habitats associés.
Avec la méthodologie Syrah, les secrétariats techniques de bassin - agences de l’eau, OFB, Dreal - disposent d’un outil opérationnel pour réaliser une cartographie complète des risques.
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[Série vidéo] Syrah-ce, méthode d'évaluation de l'hydromorphologie des cours d'eau
Un ensemble de 6 vidéos simples et ludiques ont été réalisées pour aider à la compréhension et au déploiement de la méthode du système relationnel d’audit de l’hydromorphologie des cours d’eau (Syrah-ce), qui contribue à évaluer le fonctionnement physique des cours d'eau.
Une méthode devenue référence
Utilisation
Dans le cadre de l’actualisation des états des lieux 2013 et 2019 pour les cours d’eau, la démarche Syrah-ce a été positionnée comme socle commun national pour l’évaluation harmonisée des pressions hydromorphologiques et des risques d’altération des cours d’eau qui en découlent. Elle répond en cela à la recommandation 5 sur le suivi de la morphologie des cours d’eau du rapport de l’Inspection Générale de l’Environnement de 2006 « Evaluation des états des lieux des bassins métropolitains, 1ère phase de la mise en œuvre de la DCE ».
Le système peut également être utilisé pour diverses études, pour instruire des dossiers réglementaires, ou encore pour élaborer des pré-diagnostics territoriaux et ainsi aider à définir le ou les scénarii les plus efficients pour la conciliation des différents usages et l’atteinte des objectifs environnementaux.
Historique
Son développement méthodologique a été initié en 2006 par le ministère en charge de l'écologie et les agences de l’eau, mené alors techniquement par l'Irstea puis par le pôle Irstea/Onema de Lyon à la création de l’Onema. Le travail se poursuit dans l'OFB.
Après avoir publié un atlas, à l’échelle nationale, des aménagements et des usages susceptibles d’être à l’origine de ce type d’altérations, les chercheurs ont développé une méthodologie à une échelle plus fine, c’est-à-dire à l’échelle du tronçon géomorphologique. Près de 230 000 km de cours d’eau métropolitains ont ainsi été découpés en 69 500 tronçons, chaque tronçon étant un linéaire de cours d’eau présentant des caractéristiques géomorphologiques similaires.
A chaque tronçon a été attribué un type de fonctionnement de cours d’eau. En effet, les pressions n’ayant pas le même impact selon le type de fonctionnement géomorphologique d’un cours d’eau, le risque d’altération est différent. Ainsi, un ouvrage aura un impact moindre sur un cours d’eau dynamique et pentu de montagne que sur un cours d’eau plus lentique de plaine. Les chercheurs proposent donc de croiser, sur chaque tronçon, les informations sur la présence de pressions - voie de communication, digue, plan d’eau, gravière, pont… - avec les données de typologie du cours d’eau sur lequel elles s’exercent.