Les êtres vivants des milieux aquatiques sont les premiers exposés aux pressions qui s’y exercent. Tout au long de leur cycle de vie, ils intègrent chacun différemment les effets de ces pressions et de leurs interactions (résistance, adaptation, fuite, mort…) et donnent une image de la qualité des milieux aquatiques. Basé sur ce principe fondateur la bioindication offre une évaluation plus intégrée de l’état des milieux qui est complémentaire aux autres types d’approches (comme par exemple celles relevant de la chimie de l’eau).
Enjeu et périmètre
Depuis le 1er bioindicateur français (l’indice biotique IB, Verneaux et Tuffery 1967), la DCE (directive cadre européenne sur l’Eau, 2000) a accéléré le développement des outils basés sur la bioindication. Le texte accorde, en effet, une large place au concept d’état écologique dont l’évaluation repose majoritairement sur les principes de la bioindication.
C’est pour répondre aux exigences réglementaires liées à la DCE que l’OFB apporte un appui technique, scientifique et financier permettant de développer des outils de bioindication toujours plus efficaces et complets.
Apposer un diagnostic écologique à partir des informations que donnent les espèces et les communautés sur les altérations physiques et chimiques pourrait sembler simple, par exemple pour identifier la présence de métaux lourds ou de nitrates, ou encore suivre l'effet d'un barrage sur la reproduction des poissons… Il n’en est rien car les milieux aquatiques ne peuvent être suivis à l’identique, qu’il s’agisse de cours d’eau, de plans d’eau, d’estuaires ou d’eaux côtières. Mais surtout, tous les organismes vivants ne sont pas sensibles aux mêmes altérations de la qualité des milieux aquatiques.
Aussi, 5 grands types d’organismes sont régulièrement échantillonnés pour évaluer la qualité écologique des cours d’eau : les diatomées (algues microscopiques) benthiques, le phytoplancton, les macrophytes (plantes aquatiques), les invertébrés benthiques et les poissons. C’est dans ce cadre que l’OFB pilote les projets et assure leur financement.
Des outils plus performants et robustes
Avant la DCE, l’état des milieux aquatiques était déjà évalué en partie avec des outils reposant sur les principes de la bioindication (par ex. pour les invertébrés, la 1re version de l’indice biologique global normalisé date de 1992). Les 1rs développements conduits par l’OFB ont donc visé à améliorer les outils anté-DCE et à les compléter, avec l’objectif de gagner en fiabilité tout en apportant une réponse aux obligations réglementaires de la DCE. L’enjeu était de parvenir à des outils DCE-compatibles, capables de caractériser les masses d’eau en identifiant le plus précisément possible les pressions à l’origine des perturbations des communautés biologiques
Dans le contexte des DOM, où la politique européenne s’applique aussi, les enjeux sont encore différents puisqu’il n’existait pas d’outils réglementaires de bioindication antérieurs à la DCE, avec des lacunes de connaissance très importantes sur des groupes d’organismes ciblés par la directive et l’existence de milieux aquatiques très différents de ceux rencontrés sur le continent européen (récifs coralliens, mangroves, prédominance des amphihalins dans les cours d’eau…). De plus, les 5 DOM appartiennent à 4 domaines biogéographiques très contrastés (espèces différentes), chacun nécessitant le développement d’indicateurs spécifiques.
Durant le développement des outils de bioindication, l’établissement s’attache à instaurer un dialogue constructif entre scientifiques et gestionnaires pour tester, caler et valider scientifiquement les outils, avant de les adopter définitivement d’un point de vue réglementaire. Ce dialogue est d’autant plus important que ces nouveaux outils, plus précis et sensibles à certaines pressions, peuvent modifier l’évaluation de la qualité d’une masse d’eau et donc influer sur les actions à entreprendre en priorité.
Où en est-on ? Les éléments disponibles et travaux en cours
Ouvrages de référence
Partage d'expérience et travaux
Défis pour les années à venir
- Développer des outils de diagnostic « multi-compartiments », c’est-à-dire des outils intégrateurs qui, en impliquant plusieurs organismes biologiques à la fois, aboutissent à une évaluation plus fine de l’état écologique des milieux.
- Gagner en cohérence avec les outils des autres pays au travers de travaux d’intercalibration européenne.
Contact : nicolas.hette-tronquart (a) ofb.gouv.fr