La préservation de la biodiversité demande une transformation profonde de nos modes de vie et de nos relations avec l’ensemble du vivant. Pour ce faire, les sciences sociales et économiques sont essentielles pour comprendre et expliquer le fonctionnement de nos sociétés et identifier des leviers de changements de comportements individuels et collectifs. 

Préserver la biodiversité et les ressources naturelles partagées : l’affaire de tous

Le constat : chacun d’entre nous, avec des responsabilités et des moyens inégaux, a la possibilité d’agir à son échelle. Parce que nous sommes tous des acteurs de la biodiversité, c’est donc aussi un enjeu de coordination et d’organisation à différents niveaux : groupes, territoires, entreprises, collectivités, institutions, pays… Ainsi la préservation de la biodiversité dépend de l’action :

  • de différents acteurs  : élus, experts, citoyens, acteurs économiques, gestionnaires, associations…,
  • qui agissent à différentes échelles  : locale, nationale, internationale.

L'évolution globale de nos choix individuels et de société, nécessaire à notre vie sur Terre, découlent directement de la cohérence des décisions et de l'articulation entre les différentes échelles pour "aller dans le même sens" et accroître leur portée et efficacité. 

Partage d'information, coordination entre les acteurs, intégration des bénéfices économiques de la biodiversité comme des pertes issues de sa dégradation, utilisation des instruments financiers et réglementaires (incitatifs comme imposés) : autant de leviers à disposition ou à approfondir.

Renforcer le rôle et la coopération entre les acteurs : du partage des connaissances à la gouvernance

Chacun est concerné, et ce dans les multiples composantes de son quotidien : gestes, décisions de toutes dimensions..., dans les sphères privée, bénévole et professionnelle : citoyens, élus, experts, associations, acteurs économiques, gestionnaires d'espaces naturels...

À l’instar du climat ou de l’eau, la biodiversité est un enjeu intersectoriel, qui bouscule les frontières territoriales et institutionnelles classiques. Pour des questions de légitimité, de pertinence et d’efficacité, une bonne coordination et organisation des acteurs et des actions s’avère essentielle. 

Les obstacles sont nombreux : enjeux méconnus, intérêts divergents, perceptions des problèmes différentes, relations de pouvoirs… 
Les études en sciences sociales et les retours d’expérience permettent de dégager un certain nombre de leviers en matière de gouvernance et de coopération entre les acteurs.

Un constat : la diffusion de connaissances ne garantit pas le passage à l’action

L’information scientifique, les faits établis, ne suffisent pas à induire des changements individuels ou collectifs. Nos comportements sont le fruit d’une multitude de biais cognitifs, influencés par nos éducations, personnalités, vécus, facteurs culturels, etc. 
D’autres logiques d’action doivent être mobilisées pour engager les acteurs, outre les instruments « d’autorité » ou d’encouragement de types réglementaires ou économiques notamment.

Intégrer le rôle de la biodiversité dans nos décisions individuelles et collectives

Transformer nos modes de vie implique de changer nos façons de produire, de consommer, d’échanger, d’investir... Dans nos économies de marchés, les décisions et les comportements des agents économiques (consommateurs, entreprises, investisseurs, Etat et collectivités …) sont fortement orientées par les prix (prix des produits, salaires, taux d’intérêt…) et les données comptables et statistiques (coûts, bénéfices, PIB, emploi et chômage, profits, déficit, dette…). 

Les prix et les informations comptables constituent le langage dominant pour mesurer la valeur et la richesse des choses dans nos sociétés contemporaines.
Dans ce cadre, deux grands leviers ont un rôle à jouer :

  • mieux traduire le rôle et les valeurs de la biodiversité dans ces systèmes d’information,
  • s’appuyer sur les instruments économiques mais aussi la règlementation et d’autres instruments, y compris ceux qui sont mis en œuvre de manière volontaires par les entreprises.

Transformer nos relations au vivant : un levier complémentaire

Cette transformation profonde, nécessaire, passe également par celle du rapport que nous avons avec les autres espèces et la nature. Nos types de liens avec elles, nos connaissances, nos imaginaires… autant de composantes également étudiées et mobilisables.