La pêche scientifique à l'électricité est une méthode non létale de capture en eau douce, efficace sur les poissons et macrocrustacés. Elle permet entre autres d'étudier puis relâcher vivants les individus, grâce à l'emploi d'un champ électrique précis à action temporaire. C'est actuellement l'unique méthode non destructrice permettant de décrire en quantité et qualité les peuplements de poissons en cours d'eau. Elle est employée par la communauté scientifique aussi bien à un niveau national que mondial.
Une méthode de capture à l'électricité pour un suivi scientifique
Objectif : inventorier la faune piscicole des cours d'eau pour réaliser des suivis
Largement utilisée dans l'hexagone, en outre-mer ou à l'international, la pêche à l'électricité est toujours mise en oeuvre dans un objectif scientifique : études scientifiques (sanitaire, génétique), suivis ponctuels ou pérennes, de populations et de peuplements... ou de protection de la biodiversité dans le cas notamment d'opérations de sauvetage lors de vidanges de canaux, étangs ou tronçons de rivière.
Les résultats peuvent conduire notamment au calcul d'indicateurs : indice poisson rivière, ou indicateurs d'abondance pour les saumons, l'anguille et la truite.
Cette technique d'inventaire non létal est la seule permettant de renseigner sur l'état de conservation / dégradation des populations et peuplements.
Durée : 2 min 40 sec
Vidéo YouTube [La pêche à l'électricité : un protocole d'étude et de suivi des poissons d'eau douce (OFB)]Narratrice (OFB)
Connaître l'état de nos rivières à l'aide de la pêche à l'électricité.
C'est en tout cas l'objectif affiché de cette méthode.
Grâce à elle, on étudie et on suit les peuplements de poissons dans les cours d’eau.
Mais sait on exactement en quoi consiste cette pratique ?
Gael Karczewski (OFB)
C’est toujours la même chose.
On doit faire 50 points sur la partie bateau et 25 points sur la partie à pied.
En gros, on a 300 mètres de partie bateau et 200 mètres à peu près de partie à pied.
Narratrice (OFB)
Gaël est le responsable de l'opération ce matin sur le fleuve Argens à Roquebrune dans le Var.
Plusieurs agents l'accompagnent.
En France, seules les personnes munies d'une autorisation réalisent ces campagnes de pêche.
Alors, comment ça se passe ?
Un champ électrique est généré dans l'eau entre une anode, anneau vissé au bout d'une perche et une cathode.
Lorsque les poissons sont à proximité de l’anode, ils sont attirés vers elle et sont capturés à l'aide d'épuisettes.
Intervenant Gael Karczewski (OFB)
Alors déjà je regarde le protocole, le temps de pêche, qui peut être entre 15 et 30 secondes, de veiller à ce qu'on reste dans le cadre du protocole.
Et ensuite, pour chaque point de pêche, chaque point d'échantillonnage, je note s’il se situe dans un courant, un profond ou un plat donc le type de faciès et s'il est en berge ou en chenal.
Narratrice (OFB)
Il existe plusieurs protocoles de pêche.
Aujourd'hui, il s'agit d'une pêche partielle par points mixtes, c’est-à-dire un échantillonnage réalisé à pied et en bateau pour la partie profonde.
En amont, une topographie du lieu est réalisée
et un nombre de points est défini à l'avance, ici 75.
Cette échantillonnage permet d'obtenir un panel représentatif mais pas exhaustif du peuplement de poissons.
Intervenant Fabrice Laval (OFB)
C'est une méthode qui est réalisée par des professionnels et c'est une méthode de pêche très efficace qui est interdite pour les particuliers.
On a un arrêté qui nous permet de pouvoir pêcher à l’électricité.
Narratrice (OFB)
Une petite station de biométrie est installée sur les rives.
Les agents identifient, mesurent et pèsent les poissons capturés.
Ils seront remis vivants dans le milieu naturel après l'opération.
Intervenant Fabrice Laval (OFB)
499 grammes
L'objet de ces opérations est de bien pouvoir rendre compte à l’Europe de l'état des masses d'eau, mais également de pouvoir suivre l'évolution dans le
temps du peuplement.
Narratrice (OFB)
Suite au relevé, le goujon asiatique, une espèce exotique envahissante, a été détecté, ce qui pourrait impacter d'autres espèces de poissons.
Chaque année, les agents de l'OFB réalisent partout en France des centaines d'inventaires comme celui-ci.
Fonctionnement : immobiliser pour capturer puis relâcher
Du matériel spécifique est utilisé afin de générer un champ électrique dans l'eau entre des électrodes, anode et cathode. L’orientation des organismes dans ce champs et leur distance par rapport aux électrodes entraîne des réactions neuro-musculaires particulières. Elles se traduisent par des comportements d’attraction et de tétanie. Les individus peuvent ensuite être extraits de l'eau à l'aide d'épuisettes, ils retrouvent alors leur mobilité. Ils sont stabulés dans des bacs, étudiés aussi rapidement que possible, puis relâchés vivants.
La mise en pratique dépend des objectifs et du contexte
Que ce soit pour répondre aux nécessités de sécurité ou aux objectifs scientifiques, ce procédé implique rigueur et technicité, et besoin en formation.
Des précautions sont nécessaires afin de protéger les opérateurs et la faune
La sécurité des opérateurs et le bien-être des animaux sont primordiaux. Les grandeurs électriques employées peuvent occasionner des blessures graves voire être mortelles. La méthodologie, le matériel, la formation des agents, permettent de pratiquer tout en limitant au maximum ces risques.
La compréhension, physique et physiologique, des mécanismes à l’œuvre lors de ce type d’inventaire est fondamentale pour améliorer cette pratique. Dans ce cadre, des travaux de recherche se poursuivent afin d’améliorer l’innocuité de ces dispositifs.
Différents protocoles existent en fonction des objectifs visés et des caractéristiques des milieux étudiés
Deux grandes catégories de protocoles pêche se distinguent.
- Les pêches dites complètes, à un ou plusieurs passages, inventorient de façon exhaustive une portion de cours d'eau accessible à pied.
- Les protocoles de pêche partielle reposent sur des méthodes de sous-échantillonnage d'une portion de cours d'eau : prospection par points, traits, ambiance…
La pêche scientifique à l'électricité - infographie (O. Debuf, OFB)
Des méthodes standardisées sont définies en fonction des objectifs, des espèces suivies et de l'accessibilité (à pied ou en bateau).
Ressources
Méthode
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La pêche scientifique à l’électricité dans les milieux aquatiques continentaux
La pêche scientifique à l'électricité est une méthode largement utilisée pour les échantillonnages piscicoles en cours d’eau. Cet ouvrage fournit les éléments de compréhension des phénomènes électriques et de la réaction des poissons soumis à un champ électrique, et synthétise l’ensemble des paramètres à prendre en compte pour réaliser ou exploiter ce type de pêche.
Protocoles
- Guide pratique de mise en oeuvre des opérations de pêche à l'électricité - Dans le cadre des réseaux de suivi des peuplements de poissons
- Calcul des indicateurs : Système d’évaluation de l’état des eaux (Seee) (ouverture dans une nouvelle fenêtre)
- L'indice poissons rivière (IPR). Notice de présentation et d'utilisation (ouverture dans une nouvelle fenêtre)
Résultats
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Dataviz - Regard sur 3 décennies de suivi des poissons en France métropolitaine
Au sein de la faune d’eau douce, les poissons constituent le groupe d’espèces le plus visible et le mieux connu. Pourtant, combien d’entre nous savent quelles espèces peuplent les cours d’eau français ? L’objectif de cette datavisualisation est de mieux comprendre le suivi piscicole en France métropolitaine et ses enseignements.
Aller plus loin
- ASPE, outil de bancarisation des données piscicoles et environnementales issues de pêches à l'électricité (ouverture dans une nouvelle fenêtre)
- API poisson, API de mise à disposition des données disponibles dans ASPE (en cours de montage) (ouverture dans une nouvelle fenêtre)
- Naiades, portail de diffusion des données que la qualité des eaux du SIE (ouverture dans une nouvelle fenêtre)