L’Office français de la biodiversité (OFB) compte parmi ses missions la contribution à une meilleure connaissance du monde vivant, et la consolidation d’une expertise scientifique à même d’éclairer les politiques publiques. Entre programmes de recherche et collecte de données, il s’agit d’un axe phare du travail de nos agents, indispensable pour mieux protéger la biodiversité.
Pourquoi la connaissance et l’expertise sont primordiales pour protéger la biodiversité ?
Caractériser les pressions sur la biodiversité, l’eau et les sols nécessite de comprendre les processus en jeu. Comment fonctionnent les différents compartiments de la biodiversité ? Comment interagissent-ils entre eux ? Comment interagissent-ils avec leur environnement ? Comment les activités humaines viennent-elles perturber le fonctionnement des écosystèmes ? C’est en apportant des réponses à ces questions que l’OFB contribue à préserver et reconquérir la biodiversité, car il est nécessaire de comprendre pour agir.
La connaissance et de l’expertise du vivant guide également nos autres missions, qu’il s’agisse de la gestion des aires protégées, de la police de l’environnement ou encore de la mobilisation de la société.
Du grand public à la communauté scientifique, notre objectif est de partager nos connaissances avec l’ensemble des acteurs.
5 axes de recherche et développement
L’OFB mène ses activités de recherche à la fois en propre et en partenariat avec d’autres organismes, notamment au sein de ses pôles R&D. Notre recherche s’appuie sur des suivis et des expérimentations de nos équipes de terrain et de nos partenaires.
Nous avons défini cinq axes de recherche prioritaires :
Au-delà des espèces, des milieux et des pressions, nous étudions également les relations multiples et complexes que les humains entretiennent avec la biodiversité. A cette fin, les sciences humaines et sociales, dans leur diversité disciplinaire (dimension politique, culturelle, économique, sociale…), sont régulièrement intégrées dans nos programmes de recherche...
Les programmes et projets de recherche
Nous menons actuellement plusieurs centaines de projets de recherche regroupés en une quinzaine de programmes. L’ensemble de ces programmes et projets de recherche sont disponibles sur une page dédiée.
La surveillance et les données, la biodiversité en faits et en chiffres
En parallèle des programmes de recherche, la mission de l’OFB consiste à exercer une surveillance sur les espèces et les milieux, ainsi qu’à produire et à collecter des données. Nous travaillons ici aussi à la fois avec nos propres ressources, et en partenariat avec d’autres acteurs.
Ces données permettent d’obtenir des indicateurs chiffrés et d’évaluer l’état de la biodiversité et des pressions qu’elle subit, ainsi que leurs évolutions.
Elles forment un socle d’informations factuelles nécessaire à la définition, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques. Elles permettent à la fois de faire émerger de nouvelles politiques favorables à la biodiversité, mais aussi pour mieux contrôler les impacts des politiques sectorielles et leur efficacité.
Nous disposons pour cela d’un réseau de laboratoires d’hydrobiologie et avons mis en place, de nombreux observatoires territoriaux de la biodiversité, ainsi qu’un observatoire national.
Produire des données utiles, accompagnées d’indicateurs synthétiques
L’OFB élabore avec ses équipes et ses partenaires des protocoles, des méthodologies, des guides et même des services numériques afin d’harmoniser les pratiques et de produire des données comparables et exploitables à large échelle. Ces données sont ainsi produites de manière à être utilisées simplement par tous les acteurs qui en ont besoin.
Les indicateurs synthétiques se retrouvent sur nos 3 systèmes d’information qui concernent l’eau, le milieu marin et la biodiversité dans son ensemble. À titre d’exemple, plus de 50 millions de données sur l’eau sont disponibles sur le portail Eau France.
Conformément aux lois européennes et nationales, nous diffusons les données gratuitement, dans des standards ouverts aisément réutilisables et exploitables par des applications informatiques. Ces données contribuent notamment à des systèmes d'information européens ou mondiaux, tels que WISE pour l'eau, ou le GBIF pour la biodiversité.
Durée : 2 min 52 sec
Vidéo YouTube [SIE : Un système d'information sur l'eau, pour quoi faire ?]Qu'est-ce que le système d'information sur l'eau ? C'est un peu comme un ensemble de gros classeurs qui rassemblerait toutes les données disponibles concernant l'eau, les milieux aquatiques et les services publics d'eau et d'assainissement. Ce système collecte des millions de données, les archive et les diffuse au plus grand nombre.
Mais au fait d'où viennent ces données ? Ces données sont le résultat de mesures réalisées dans les cours d'eau, rivières, fleuves ou canaux, les plans d'eau comme les lacs ou les réservoirs. Tout en dessous, les nappes d'eaux souterraines et les eaux littorales à proximité de nos côtes ou qui font transition comme à l'embouchure des fleuves. Des mesures réalisées par des organismes qui historiquement s'intéressent à ces différents environnements comme l'Ifremer pour les eaux littorales, les géologues du BRGM pour les nappes d'eaux souterraines, les Agences de l'eau qui perçoivent des redevances notamment sur les quantités consommées et surveillent la qualité des eaux de leur bassin, l'ONEMA (désormais OFB) concernant les poissons et l'hydromorphologie mais aussi les communes, les services de l'État, les associations, des chercheurs, des bureaux d'études...
Un système d'information sur l'eau réclame des données fiables homogènes traçables et doit répondre aux exigences de forme et de qualité de la réglementation européenne et française. Il fallait donc établir pour commencer un langage commun : le SANDRE (Service d'administration national des données et référentiels sur l'eau). Le rapprochement des acteurs de l'eau a permis d'établir des protocoles communs. De la production à la diffusion, les différentes étapes sont encadrées par des dispositifs qualités : concernant le choix du lieu et le type de mesure à réaliser suivant les objectifs visés, pour prélever et mesurer, pour contrôler la qualité de cette mesure avant qu'elle ne rejoigne les banques de données, pour stocker au mieux ces données, tout en sachant dans quelles conditions elles ont été produites, qui a fait quoi ? Comment et à quelle date? Pour les rendre accessibles et les diffuser sur Internet pour en faire des analyses, des synthèses des cartes.
Au final, plus ces données sont échangées, plus elles sont critiquées, corrigées et donc améliorées.
L’ensemble des connaissances produites et rassemblées sont là pour nourrir l’expertise des agents OFB comme de l’ensemble des acteurs qui travaillent sur la biodiversité. Nous avons à cœur de les partager à travers nos ouvrages et publications (lien documentation) et nos 9 centres des ressources spécifiques : captages, cours d’eau, espèces exotiques envahissantes, génie écologique, Natura 2000, outre-mer, trame verte et bleue, zones humides, et séquence « éviter-réduire-compenser ».
En complément, nos agents interviennent régulièrement lors d’événements tels que des séminaires ou des journées techniques.
Construire une expertise pour éclairer les politiques publiques
Éclairer les politiques publiques grâce à l’expertise acquise sur le monde vivant est l’un des objectifs phares de l’OFB. Cela nécessite à la fois :
- De structurer nos modes d’actions
- De rassembler et de mobiliser des compétences scientifiques de haut niveau,
- De bien connaître les politiques publiques elles-mêmes,
- De savoir articuler entre elles des connaissances issues de différents domaines académiques,
- D’avoir comme base un référentiel solide.
L’exemple du lynx et de sa présence en France
Nous pilotons, par exemple, un réseau spécifique Loup-lynx qui assure la surveillance de la population de loups et de lynx en France. Il vise à obtenir des informations scientifiques fiables et robustes concernant la répartition et les densités de lynx sur le territoire, ainsi que leurs évolutions. Ces données permettent d’éclairer la décision publique en matière de conservation et de gestion de ces 2 espèces protégées.
Pour ce qui concerne spécifiquement le lynx, l’expertise sur cette espèce se construit d’abord à partir d’un suivi consistant à relever différents types d’indices de présence : pistes, empreintes, excréments, poils, restes alimentaires (carcasses de proies sauvages), attaques de troupeaux domestiques… Toutes ces données sont analysées, ainsi que les images (prises notamment par des pièges photographiques) qui suivent un processus d’identification de l’animal très précis.
Tous ces indices sont rassemblés afin de connaître la récurrence de la présence de l’espèce (régulière ou occasionnelle) et de la cartographier, sur la base de mailles de 10x10km. Parallèlement, des modèles mathématiques sont mobilisés pour estimer, au-delà de la présence de l’espèce, son abondance dans une zone donnée. L’identification des individus est notamment possible grâce aux photographies, qui permettent de repérer les marques uniques sur le pelage de chaque animal, et donc de les différencier.