L’agriculture est au cœur des enjeux de notre époque : biodiversité, alimentation, changement climatique, ressource en eau, sols, développement économique durable, santé… Si les pratiques agricoles intensives ont un impact certain sur l’environnement, d’autres favorisent la biodiversité et l’utilisent comme une alliée. L’OFB agit avec le monde agricole et ses partenaires en faveur de la transition agroécologique.
Le modèle agricole dominant est issu de dynamiques politiques et économiques de la seconde partie du XXe siècle. Il s’est construit sur la spécialisation agricole des territoires, la simplification des rotations et des assolements, la généralisation de l’utilisation d’intrants de synthèse et de ressources (produits phytosanitaires, engrais minéraux, prélèvements d’eau…) et la destruction de nombreux éléments naturels des paysages agricoles (haies, zones humides…).
Ce modèle participe à la dégradation des milieux (air, sols, eau) et à l’érosion de la biodiversité : il met en péril l’avenir de nos sociétés, comme l’identifie l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). D’autres pratiques, au contraire, peuvent favoriser la biodiversité, voire l’utiliser comme une alliée en faveur d’une production agricole plus durable. Le renforcement et la généralisation de ces pratiques et systèmes agricoles, adaptés à chaque territoire, est la condition d’une conciliation entre agriculture et biodiversité.
L’Office français de la biodiversité participe à ce défi en accompagnant le développement de nouveaux modèles agricoles. À travers cette mission prioritaire pour l’établissement, nous affichons notre volonté de nous appuyer sur les principes de l’agroécologie et accompagnons cette dynamique, en lien avec les très nombreux acteurs concernés.
Bovins au pré en début de printemps. Crédit : Philippe Massit / Office français de la biodiversité
Qu’est-ce-que l’agroécologie ?
L’agroécologie est une approche agricole qui remet la biodiversité et les processus écologiques au cœur de l’agriculture. Elle vise à réduire les impacts environnementaux et à préserver les ressources naturelles, tout en répondant aux besoins économiques et alimentaires. La prise en compte de la nature et des services qu’elle rend est le fondement de cette démarche.
Cette approche repose sur plusieurs leviers concrets, parmi lesquels les exemples suivants (liste non exhaustive) :
Les haies et bocages : des types d’infrastructures agroécologiques
Le bocage est un type de paysage constitué de parcelles entourées de haies interconnectées en un réseau fonctionnel et composé d’assolements très diversifiés où les prairies sont présentes. Les haies quant à elles sont des éléments linéaires du paysage composés d’arbres, d’arbustes, de plantes herbacées formant plusieurs étages de végétation. Formidables réservoirs pour la biodiversité, les bocages et les haies constituent un habitat ou un refuge pour certaines espèces animales, fournissent des ressources (bois ou nourriture) et limitent même l’érosion des sols. Ils améliorent la production agricole, atténuent les effets du changement climatique et captent et stockent du carbone.
L’Office français de la biodiversité propose aux acteurs et professionnels un ouvrage synthétique rassemblant ses principales recommandations en matière de protection, création, gestion durable et valorisation des haies.
Accompagner tous les acteurs concernés par l’agroécologie
Le Concours général agricole des pratiques agroécologiques
Le Concours général agricole des pratiques agroécologiques récompense chaque année les agriculteurs mettant en œuvre les meilleures pratiques agroécologiques leur permettant d’en tirer profit dans leur activité de production tout en apportant une contribution active à la préservation écologique des territoires. Deux catégories proposées aux agriculteurs candidats :
- « Prairies et parcours » : évaluation des pratiques agroécologiques mises en œuvre par les éleveurs sur leurs prairies non semées de fauche ou de pâture et leur contribution à l’alimentation de leur troupeau ;
- « Agroforesterie » « : évaluation des systèmes agroforestiers mis en place ou gérés par des agriculteurs, et leur capacité à valoriser l’écosystème issu de cette association en termes économiques, sociaux et environnementaux.
Les centres de ressources pour accompagner les transitions
Agir dans les espaces protégés
L’Office français de la biodiversité valorise des expérimentations agro-écologiques portées par les gestionnaires d’aires protégées tels que les parcs nationaux de France mais également des territoires concernés par des problématiques liées à l’eau (aires d'alimentation de captages (AAC) destinés à la production d’eau potable, zones d’actions renforcées (ZAR), etc.).
En appui aux collectivités territoriales, l’OFB anime des réseaux professionnels dans lesquels sont mis en avant ces savoir-faire et ces connaissances. En appui aux territoires, l’établissement diffuse les résultats obtenus sous formes de guides, d'outils ou de journées d'échange. Ces connaissances sont également partagées au sein des réseaux animés par l’établissement ou dans lesquels il participe et donne lieu à des publications.
A titre d’exemple, l'OFB gère, pilote ou co-pilote des marques et des labels qui valorisent l’agroécologie, et notamment la marque Esprit parc national qui met en lumière les bonnes pratiques des agriculteurs de ces territoires d'exception et fait connaître leurs productions validant l’ancrage dans les parcs nationaux, le respect de valeurs sociales et de l'environnement.
Appuyer les politiques publiques
Plusieurs mesures de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) 2030 soutiennent activement l’agroécologie. Par exemple, la mesure 6 vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030, la mesure 23 prévoit de planter 50 000 km de haies agricoles, et la mesure 12 vise à accompagner les agriculteurs vers la transition agroécologique.
L’OFB est à l’initiative de projets d’envergure visant à la mise en œuvre de la SNB d’ici 2030, comme le projet LIFE BIODIV’FRANCE, qui réunit une grande variété d’acteurs en faveur de la biodiversité et notamment autour du développement de l’agroécologie.
Nous soutenons également différents travaux et projets d’associations ou fondations visant à éclairer la définition des politiques publiques liant agriculture et biodiversité : IDDRI, Solagro, Noé, AFAC-Agroforesteries, FNAB…