Mulette perlière

Généralités

L’espèce est présente dans les cours d’eau oligotrophes sur roches siliceuses. Une grande variété d’habitats est ainsi fréquentée, mais ils gardent en commun des eaux courantes et limpides, des fonds propres, stables et hétérogènes (racines, pierres, blocs, embâcles). En France, elle est présente sur l’amont des bassins hydrographiques des massifs anciens sur versant atlantique (Massif armoricain, Massif central, Morvan, Vosges et Pyrénées, potentiellement dans les Ardennes).

Son habitat regroupe les conditions suivantes : les arbres de rive maintiennent une température de l’eau optimale à 14-18°C au maximum ; la concentration minérale et organique de l’eau reste faible (conductivité de 20 à 70 µS/cm ; pH de 6 à 7,5 ; calcium <10 mg/L ; absence de nitrites et peu d’ammonium < 0,1 mg/L ; moins de 0,5 à 1,5 mg/L de nitrate ; moins de 0,03 à 1 mg/L de phosphate ; entre 3 et 6 mg/L de matière en suspension au maximum, moins de 25 en hautes eaux).

Au stade critique du cycle (juvénile enfoui), l’habitat comme la qualité d’eau interstitiels dépendent des échanges entre écoulement de surface et substrat (structure ouverte indispensable pour l’alimentation et l’oxygénation des sujets).

Milieux particuliers à l’espèce bénéficiant de mesures de protection

Sites de reproduction : présence nécessaire de Truite de rivière ou Saumon atlantique.

Aire de repos : après une vie d’échanges mutualistes avec son hôte, le juvénile s’enfouit jusqu’à 20 cm en profondeur (dans le sous-écoulement, sous le lit du cours d’eau). Amaturité, il remonte en surface et vit partiellement enfoncé dans le sédiment, à l’abri de la berge ou du lit. Les adultes se trouvent à des profondeurs comprises entre 0,3 et 2 m, parfois plus.

Autres milieux particuliers à l’espèce

Alimentation : du fait du mode de vie de l'espèce, l'habitat de nutrition est similaire à celui utilisé pour le repos. Son alimentation par filtration lui confère une importance particulière dans la régulation de la turbidité de l’eau et le recyclage de la matière dérivante (concentration minérale et augmentation de la biomasse donc contribution au maintien de l’oligotrophie).

Types d’habitats aquatiques associés selon les typologies EUNIS et Corine BIOTOPE

Alimentation : espèce filtreuse (filtration passive) se nourrissant des particules de matières organiques transportées par les cours d’eau (jusqu’à 50 litres d’eau par jour).

Reproduction : la reproduction se fait directement dans l’eau, les mâles libèrent les gamètes qui sont entraînés par les courants. Les spermatozoïdes sont alors récupérés par le système de filtration de la femelle. Après une courte phase d’incubation, les glochidies sont libérées et vont s’enkyster dans les branchies de quelques espèces de poissons (Truite de rivière ou Saumon atlantique).

Phénologie et périodes de sensibilité

• Reproduction : décembre - juillet
• Aire de repos : toute l'année
• Alimentation (adultes) : toute l'année

Domaine vital : la Mulette perlière est une espèce sédentaire, dont les individus restent pratiquement immobiles pendant plusieurs années. Le domaine vital à considérer recouvre la station et le cours d’eau.

Déplacements : en fin d’incubation, les larves dérivent (phénomène de rhéotaxie) à l’aval pour se fixer sur un Saumon atlantique ou une Truite fario (développement larvaire sur branchies). Ces glochidium sont « remontés », lors des migrations de l’hôte (saumon sur grands cours d’eau, truite sur affluents). Au stade juvénile, les bivalves s’insèrent dans la profondeur du substrat. L’adulte sédentaire effectue des déplacements limités ou passifs (lors d’aléas tels que les crues, l’exondation des individus, l’altération des habitats).

Obstacles : les ouvrages modifient la dynamique hydrologique et sédimentaire. L’altération consécutive de l’eau, le colmatage des fonds entraînent une perte d’habitats et une fragmentation des populations. Ces ouvrages constituent un frein à la dynamique des populations (impact sur les échanges du cycle vital) et à la recolonisation du milieu par l’espèce (obstacle à la dissémination par les poissons hôtes ou par l’écoulement).

Cartes de répartition de l'espèce sur le site de l'INPN

Arrêté du 23 avril 2007 : article 2

L'arrêté concernant la Mulette perlière interdit entre autres toute destruction intentionnelle ou enlèvement des œufs, ainsi que la destruction ou la perturbation intentionnelle des animaux. La protection de ses habitats (sites de reproduction et aires de repos) interdit toute intervention sur ces milieux particuliers à l'espèce et notamment tous types de travaux susceptibles de les altérer ou de les dégrader. Il est également interdit de détenir, de transporter ou de réaliser toute action commerciale avec des individus prélevés dans le milieu naturel.

Liste des mollusques protégés sur l’ensemble du territoire et modalités de leur protection

Directive « Habitats, faune, flore » : annexes II & IV

La Mulette perlière est une espèce d’intérêt communautaire qui doit être prise en compte dans les évaluations des incidences des sites Natura 2000 désignés pour l’espèce (annexe II) et qui nécessite une protection stricte (annexe IV).

Liste des sites d’intérêt communautaire

Méthodes de détection

A l’état juvénile, la détectabilité de l’espèce est réduite (stade parasitaire ou enfoui dans le substrat). Les individus adultes sont répartis de manière agrégative (densité minimale de 1 à 10 individus par mètre carré ou de 500 individus par kilomètre linéaire dans les populations supérieures à 2 000 individus).

Informations complémentaires

• Guide "espèces protégées, aménagements et infrastructures", téléchargeable sur le site du ministère chargé de l'Écologie
• Évaluation des incidences sur les sites Natura 2000, à retrouver sur le site du ministère chargé de l'Écologie

Autres fiches et sources d'information

• Plan national d’actions en faveur de la Mulette perlière - 2012-2017
• Rivières vivantes de Bretagne et de Normandie : Mobilisation pour le retour de la moule perlière d'eau douce. Site web du programme LIFE. Consultation Janvier 2013
• Fiche espèce – Cahiers d’habitats Natura 2000. Tome 7
• Fiche espèce sur le site de la Liste rouge mondiale des espèces menacées [en anglais]

Autres espèces protégées possédant des habitats similaires

• Saumon atlantique, Salmo salar (Linnaeus, 1758)
• Truite de rivière, Salmo trutta fario (Linnaeus, 1758)
• Ecrevisse à pattes blanches, Austropotamobius pallipes (Lereboullet, 1858)
• Loutre d’Europe, Lutra lutra (Linnaeus, 1758)
• Cincle plongeur, Cinclus cinclus (Linnaeus, 1758)
• Cordulie à corps fin, Oxygastra curtisii (Dale, 1834)
• Flûteau nageant, Luronium natans (L.) (Raf., 1840)
• Littorelle à une fleur, Littorella uniflora (L.) (Asch., 1864)
• Isoète à spores spinuleuses, Isoetes echinospora (Durieu, 1861)

Bibliographie consultée

• Bolland J.D., Bracken L.J., Martin R., Lucas M.C., 2010. A protocol for stocking hatchery reared freshwater pearl mussel Margaritifera  margaritifera. Aquatic Conserv: Mar. Freshw. Ecosyst. 20, 695–704.
• Buddensiek V., Engel, H., Fleischauer-Rössing S., Wächtler K., 1993. Studies on the chemistry of interstitial water taken from defined horizons in the fine sediments of bivalve habitats in several northern German lowland waters. II: Microhabitats of Margaritifera margaritifera L., Unio crassus (Philipsson) and Unio tumidus Philipsson. Archiv für Hydrobiologie 127, 151–166.
• Cooksley S.L., Brewer M.J., Donnelly D., Spezia L., Tree A., 2012. Impacts of artificial structures on the freshwater pearl mussel Margaritifera margaritifera in the River Dee, Scotland. Aquatic Conserv: Mar. Freshw. Ecosyst. 22, 318–330.
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• Hastie L. c., Cooksley S. l., Scougall F., Young, M. r., Boon P. j., Gaywood M. j., 2003. Characterization of freshwater pearl mussel (Margaritifera margaritifera) riverine habitat using River Habitat Survey data. Aquatic Conserv: Mar. Freshw. Ecosyst. 13, 213–224.
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