Bernache du Canada (Branta canadensis)

La Bernache du Canada fréquente des habitats très diversifiés, pouvant nicher en zones humides naturelles comme artificielles proches de cultures agricoles :

• étangs continentaux, lacs, rivières, roselières, milieux humides côtiers, marais,
• étangs piscicoles, ballastières, terrains de golf, parcs, etc.

Alimentation

Cette espèce est herbivore et se nourrit de pousses de roseaux, graines de céréales, tiges, feuilles, racines, tubercules, etc.

Opportuniste, elle profite également :

• des cultures : les jeunes pousses de céréales plantées à l’automne leur procurent une nourriture de qualité durant l’hiver,
• de la nourriture offerte par les promeneurs dans les parcs et jardins.

Reproduction

• Première reproduction : vers 3-4 ans
• Incubation : 28-32 jours
• Ponte : 5 à 6 œufs, une fois par an
• Nichées moyennes : 3 ou 4 poussins
• Élevage des jeunes : par les deux parents qui nourrissent et élèvent les jeunes pendant 10 semaines, date du premier envol.

Paramètres démographiques

Longévité moyenne d’environ 24 ans.

Une grégarité dépendant de la saison

Cette oie est une espèce grégaire qui peut parfois nicher en colonie en Europe.

Les individus, territoriaux et agressifs :

• se regroupent en hiver sur des zones d’hivernage,
• et se dispersent en été à la recherche de sites de nidification. Les adultes et les jeunes peuvent se rassembler en maternités.

Une espèce migratrice devenue sédentaire dans l'Hexagone

Originellement migratrice, la Bernache du Canada est sédentaire en France, même dans les milieux naturels qu’elles fréquentent.

Sons/communication

Chant de la bernache du Canada (xeno-canto.org).

Répartition géographique dans l'Hexagone

Originaire d’Amérique du Nord, elle a été introduite en Europe au XVIII^e siècle pour l’ornement. La colonisation en France a débuté en 1960-1970. En Europe, les bernaches du Canada sont principalement sédentaires.

"Leur distribution n’est pas du tout homogène à l’échelle du pays : rares dans la moitié sud, les bernaches sont surtout présentes dans le centre du pays, en Île-de-France et dans le nord-est de la France. Si les oiseaux ne sont parfois présents que par couples ou très petits groupes, on recense plusieurs centaines de  bernaches du Canada ensemble dans certaines zones très fréquentées." (Éclairages, octobre 2018)

Cartes de répartition de l'espèce sur le site de l'INPN

Situation de l'espèce

Croissance quasiment exponentielle : de 6 000 individus en 2008 à 14 000 individus en 2016.

Une espèce très tolérante à la proximité humaine

Cette bernache fréquente facilement les zones où l'humain est très présent, profitant même des de la nourriture distribuée par les promeneurs.

Menaces potentielles induites par la Bernache du Canada

"La prolifération des bernaches du Canada est donc à la fois une nuisance directe pour les activités humaines et un problème pour le fonctionnement et la pérennité des écosystèmes naturels." (Éclairages, octobre 2018)

Sur la biodiversité et la santé humaine

• 

  compétition directe avec les espèces natives : hybridation, exclusion, maladies,
• dégradation des écosystèmes par les populations de fortes densités : pollution et eutrophisation de l’eau à cause des déjections, érosion des berges,
• santé humaine : vecteur potentiel de la grippe aviaire, déjections permettant à certaines algues toxiques de se développer.

Sur les activités humaines

• dommages aux cultures agricoles et aux aires de loisirs du fait du patinage, des déjections et du pâturage,
• collisions aériennes.

Statut juridique

• Statut commerce international : aucun statut - Convention Cites
• Statut international : espèce migratrice - Convention de Bonn (Annexe II)
• Statut communautaire : Directive 79/409/CEE (Directive européenne dite Directive Oiseaux): Annexe II/1
• Statut européen : espèce protégée - annexe III – Convention de Berne
• Statut national : Espèce exotique envahissante interdite d'introduction dans le milieu naturel (arrêté du 14 février 2018)
• Statuts territoriaux - Arrêtés relatifs à la prévention ou régulation de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes, interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivants :
  • Arrêté du 28 juin 2021 - La Réunion
  • Arrêté du 7 juillet 2020 - Guadeloupe
  • Arrêté du 7 juillet 2020 - Martinique
  • Arrêté du 30 novembre 2020 - Saint Martin

Une espèce chassable dans l'Hexagone

Protégée jusque 2010, elle peut désormais être contrôlée par la chasse, et ses périodes et modalités de destruction peuvent être fixées en application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement.

Un suivi ponctuel mené à intervalles réguliers

L’enquête Limat a pour but d’estimer les effectifs nicheurs des différentes espèces d’anatidés et de limicoles sur le territoire hexagonal, dont la Bernache du Canada. Ce suivi lancé au printemps 2021 conjointement par l’OFB et la LPO sera réitéré tous les 6 ans pour permettre le rapportage des effectifs au niveau européen.

Le contrôle de cette espèce exotique envahissante (EEE)

Comme pour toute espèce exotique envahissante (EEE), il s'agit de limiter la propagation de l'espèce :

• en évitant le risque de diffusion par transport accidentel ou non,
• en testant des modes de contrôles ou d'élimination.

"Du fait des problèmes qu’elle cause, la bernache du Canada dispose d’un statut particulier en France :

• son introduction est interdite dans le milieu naturel ;
• les autorités administratives peuvent demander sa capture ou sa destruction ;
• elle est une espèce classée à la fois nuisible et chassable." (Éclairages, octobre 2018)

La lutte contre cette espèce prend plusieurs formes :

• Stérilisation des œufs,
• Règlements et aménagements spécifiques pour limiter la fréquentation des parcs et jardins :
  • interdiction du nourrissage,
  • plantation de haies pour barrer les zones d’envol,
  • espacement des tontes de pelouses pour éviter les gazons ras prisés par les bernaches, etc.
• Tir au fusil ou à carabine d’adultes et subadultes ("La chasse de la bernache du Canada est autorisée en France (...) En dehors de la période d’ouverture de la chasse, le classement nuisible de la bernache du Canada permet sa destruction à tir jusqu’au 31 mars, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet et uniquement à poste fixe. Son piégeage n’est
  pas autorisé." Éclairages, octobre 2018)
• Capture au filet ("La capture et l’euthanasie des oiseaux adultes peuvent être ordonnées par les autorités administratives pour réduire le nombre d’individus adultes, ce que permettent aussi les prélèvements cynégétiques." Éclairages, octobre 2018)

En savoir plus :

• le retour d'expérience,
• les informations d'introduction, impacts et gestion sur le centre de ressources EEE.

Documentation

• Adriaens, T., Close, A., Robertson, P.A., Maillard, J.-F., Guillemain, M., Pernollet, C.A., Huysentruyt, F., 2020. Canada Goose (Branta canadensis Linnaeus, 1758)., in: Downs, C.T., Hart, L.A. (Eds.), Invasive Birds: Global Trends and Impacts. CABI, Wallingford, pp. 223–231.
• Guillemain M., Maillard J-F, Pernollet C., Arnauduc J-P. (2018). La bernache du Canada en France : des pistes pour limiter ses nuisances et ses populations, Faune sauvage n°321, ONCFS
• La bernache du Canada, Éclairages, ONCFS, 6p. (2018)
• Charlotte Bouin, Paul Hurel, Jean-François Maillard (2018). Guide de la faune exotique envahissante du bassin de la Loire. Guide de terrain, ONCFS.
• Jean-François Maillard, Paul Hurel (2017). Réduire les nuisances engendrées par la bernache du Canada en milieu urbain, Carnets, ONCFS, 24p.
• Sarat E. (coord.) 2012. Vertébrés exotiques envahissants du bassin de la Loire (hors poissons) : connaissances et expériences de gestion. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Plan Loire Grandeur Nature, 128 pp.
•  Fouque C., Schricke V., David Y., Serre D. 2011. La Bernache du Canada : une espèce exotique devenue envahissante. Diagnostic, plan de lutte et régulation. Faune Sauvage, 290 : 18-31.
• Cramp S., Simmons K.E. 1977. Handbook of the birds of Europe, the Middle Eastand North Africa. The birds of the Western Palearctic (1) Ostrich to Duck. Oxford, UK ; Oxford University Press. 913 pp.