Un premier bilan des ABC bretons pour mieux accompagner l’action des territoires

Entre 2010 et 2023, 66 Atlas de la biodiversité communale ont été conduits en Bretagne, couvrant 343 communes. Afin d’analyser cette dynamique, d’en mesurer les effets et d’identifier les axes d’amélioration, le projet AplaBC – « de l’acquisition à la planification : les ABC en question » – a été lancé en 2023.

Dans ce cadre, l’évaluation conduite entre mars 2023 et octobre 2025, souligne la pertinence des ABC en tant qu’outils d’aide à la décision, d’animation territoriale et de mobilisation citoyenne. Elle met également en lumière des marges de progression pour renforcer leur efficacité, notamment en matière d’opérationnalité des plans d’actions, de gouvernance multi-échelles et d’ancrage territorial.

L’évaluation s’est concentrée particulièrement sur 4 thématiques : la connaissance, la mobilisation de la société, l’insertion de l’ABC au sein d’un territoire et le passage à l’action.

Au niveau des connaissances, l’enjeu identifié est clair : renforcer systématiquement l’approche par enjeux écologiques, afin de mieux orienter les actions futures. En effet, si 80 % des ABC bretons analysés prennent en compte des données sur les espèces, les milieux et les fonctions écologiques, une partie des projets reste encore centrée sur des inventaires taxonomiques, générant des volumes importants de données souvent difficiles à interpréter afin d’identifier les enjeux écologiques.

En termes de mobilisation des citoyens, les formats d’animation proposés par les collectivités porteuses d’ABC font preuve d’une vraie dynamique locale. Les retours sont particulièrement positifs lorsque les événements sont organisés dans un cadre festif, interactif ou mêlent l’approche biodiversité avec une autre thématique comme les arts du spectacle ou le patrimoine historique bâti. À l’inverse, les retours mettent en avant plus de difficultés à mobiliser un public diversifié lorsque les évènements prennent la forme de conférences ou d’animations sur les sciences participatives.

Concernant l’insertion des ABC au sein d’un territoire, l’étude souligne l’importance d’un ancrage territorial fort, reposant sur un panorama des acteurs, une clarification des rôles de chacun et la désignation d’une personne en charge de l’animation. Selon les enquêtes et interviews réalisées, les ABC apparaissent comme des opportunités de créer des espaces de dialogue, mobilisant un grand nombre de partenaires locaux. Plus de 100 structures ont contribué aux projets bretons, dont de nombreuses associations naturalistes et culturelles.
Dans 70 % des ABC, les réseaux de bénévoles naturalistes ont été activement sollicités, témoignant de la force du tissu associatif en Bretagne.

Enfin, les ABC constituent un levier de mise en action prometteur.
Parmi les projets évalués, 74 % ont débouché sur un plan d’actions, bien que le niveau d’opérationnalité soit encore hétérogène. Près de la moitié de ces plans n’intègrent pas d’informations facilitant une mise en œuvre directe (calendrier, coûts, priorisation des actions…). Un manque d’appropriation du plan d’actions est également identifié lorsque ce dernier est rédigé par des prestataires. La principale cause de ces difficultés est liée au fait que son élaboration démarre généralement très tardivement au cours de l’ABC et ne permet pas d’aller loin dans la préparation des actions ni dans les phases de co-construction avec les parties prenantes.
Pour autant, les données liées à la mise en œuvre des plans d’actions sont encourageantes sur la volonté d’agir : 60 % des collectivités ont désigné un référent pour l’animation du plan d’actions, et 11 % ont recruté spécifiquement un agent dédié.

Si le projet AplaBC a été coordonné en Bretagne, il s’inscrit pleinement dans une dynamique nationale. Les travaux menés ont bénéficié d’échanges constants avec les autres régions et avec les services nationaux de l’OFB, afin d’assurer une cohérence et une montée en qualité des ABC sur l’ensemble du territoire.