Le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale

L’Office français de la biodiversité gère le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale dans les régions Hauts-de-France et Normandie.

Créé le 13 décembre 2012, le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale couvre une superficie de 2 300 km² au large des départements de la Seine maritime, de la Somme et du Pas-de-Calais. Sa limite nord est située sur la commune d’Ambleteuse, sa limite sud au Tréport. Il comprend 34 communes littorales, sur plus de 118 km. En mer, le Parc s’étend jusqu’au dispositif de séparation du trafic maritime, au milieu du détroit du pas de Calais.

Au nord du Parc, le paysage littoral est représentatif de la côte d’Opale avec des dunes de sable blond.
En descendant vers le sud, viennent les grands estuaires de type « picard » : leur forme est caractéristique de cette partie du littoral français. Elle est liée à l’action combinée des vents, des marées et des confrontations entre les eaux douces - qui arrivent perpendiculairement à la mer - et des eaux du « fleuve marin côtier », qui les emportent vers le nord. Au gré des marées, naturellement, les sédiments (sable et vase) sont déplacés pour former des zones d’accumulation et d’autres d’érosion. Ces estuaires picards sont la Canche, l’Authie et la Somme. Leur surface totale est de 120 km².

Carte du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale

Plus au sud du Parc, s’installent les hautes falaises de craie, caractéristiques de la côte d’Albâtre.
Sous l’eau, l’étendue de sable se poursuit de façon presque continue. Beaucoup plus loin au large, quelques hauts-fonds rocheux sont présents, sur lesquels une flore et une faune différentes peuvent se fixer et se diversifier.

Un écosystème marin exceptionnel et fragile

Alimenté par sept fleuves côtiers, un fleuve marin et de multiples courants, le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale représente un important carrefour biologique. Il accueille de très nombreuses espèces animales et végétales, au sein d’une grande diversité d’habitats : prés salés, plaines sableuses, platiers rocheux, etc.

A la rencontre de la terre et de la mer, dans les estuaires, une vie foisonnante se développe : poissons, mollusques, crustacés, oiseaux et mammifères cherchent abris et repos dans ce milieu protégé.
Les eaux côtières, de faible profondeur, offrent quant à elles une production biologique riche : des crevettes aux marsouins, chacun y trouve sa nourriture.
En face, en mer, les dunes sous-marines se déroulent sous l’effet des courants et des vents. De nombreux poissons, comme la sole, et des coquillages s’y reproduisent et grandissent. Il n’est pas rare d’apercevoir le grand dauphin ou le globicéphale, migrant vers des eaux plus septentrionales, à l’instar des fous de bassan, sternes et plongeons arctiques.

A quelques encablures de Boulogne-sur-Mer, surgissent du sable les hauts-fonds rocheux des ridens, sur lesquels une flore et une faune différentes peuvent se fixer et se diversifier : éponges pinceaux, algues, anémones, etc., contribuent à la richesse naturelle du Parc naturel marin.
Toutes ces ressources naturelles alimentent une activité économique maritime importante, traditionnelle et innovante. De la préservation de ce patrimoine marin dépend le maintien de la qualité des ressources et la pérennité des activités.

La voile, la pêche, les traditionnels bains de mer, le char à voile - mais aussi de nouveaux sports tels que le kitesurf et le parapente ou encore des raids et des courses - se partagent chaque été l’espace maritime et littoral.

Dans le Parc naturel marin, l’économie vit surtout au rythme de la pêche. Activité majeure en mer, elle contribue à la structuration des paysages littoraux, avec les ports. La pêche fait également vivre les hommes à terre : elle approvisionne une importante industrie locale, qui transforme les produits de la mer, y compris en provenance d’eaux plus lointaines. Cependant, les difficultés économiques du secteur, la raréfaction de certaines ressources et l'altération du milieu marin suscitent recherche et développement : diversification des ressources exploitées, adaptation des techniques, etc.

La qualité de l’eau de mer est au centre de ces enjeux : elle influe directement sur la biodiversité et sur les usages. Son amélioration est une priorité pour le Parc naturel marin.

Outil de développement durable, le Parc marin vise à préserver le patrimoine naturel qui fait vivre les différentes activités. C’est un outil de protection et de gestion globale du milieu marin permettant de prendre en compte les enjeux écologiques, économiques, paysagers et humains.

Substrat rocheux couvert d'alcyons jaunes (Alcyonium digitatum), d'éponges et d'hydraires petites tubulaires (Tubularia larynx). Crédit photo : Yves Gladu / OFB
Baie de Somme. Crédit photo : Laurent Mignaux / Terra
Cargos et voilier au cap Gris-Nez. Crédit photo : Ludivine Têtu / OFB

Objectifs et orientations du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale

Les trois objectifs fondamentaux d’un parc naturel marin sont :

  • Mieux connaître le milieu marin
  • Protéger ce milieu et les espèces qu’il abrite,
  • Contribuer au développement durable des activités maritimes.

Chaque Parc adapte ces objectifs pour répondre aux enjeux locaux dans ses orientations de gestion.
Les huit orientations de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale sont :

  • mieux connaitre le milieu marin et partager cette connaissance ;
  • protéger les écosystèmes et le patrimoine naturel marin ;
  • contribuer au bon état écologique des eaux marines ;
  • mieux connaître, faire connaître, et préserver les paysages marins et sous-marins, les biens culturels ;
  • coordonner de manière partenariale la gestion des espaces protégés en mer ou contigus à la mer ;
  • développer de manière durable les différentes pêches, activités essentielles à l'économie locale ;
  • développer de manière durable les activités économiques actuelles (le tourisme, les sports et loisirs en mer…), ou futures, en restant ouvert à l'innovation et à de nouveaux usages ;
  • coopérer avec les pays voisins pour la protection et la gestion d'un espace marin commun.

Ces orientations sont déclinées dans un plan de gestion, feuille de route du Parc naturel marin pour les 15 années à venir.

Gouvernance et organisation

vignette_67_33
Renouvellement du conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale (juillet 2018). Crédit photo : Sylvain Dromzée / OFB
texte_p_67_33

Un conseil de gestion définit et met en œuvre la politique du Parc, dans le cadre des huit orientations de gestion fixées à la création du Parc. Il est composé de représentants de tous les groupes d’acteurs locaux concernés par l’espace marin couvert par le Parc. Il se réunit deux à trois fois par an. 

L’équipe du Parc naturel marin est constituée d’une quinzaine d’agents de l’Office français de la biodiversité. Elle élabore la stratégie pluriannuelle d’actions et la décline chaque année au travers du programme d’actions, met en œuvre les mesures de gestion prévues, instruit les dossiers techniques concernant les demandes d’avis soumis au conseil de gestion.

Les agents du service « opérations » surveillent et contrôlent les usages, assurent les suivis scientifiques et sensibilisent les usagers. Les agents inspecteurs de l’environnement, sont commissionnés et assermentés pour faire appliquer les réglementations en matière de police de l’environnement.

Quelques exemples d’actions

> Concevoir et tester un filet de pêche à partir de matériaux biosourcés, valorisables par voie de recyclage ou de compostage et biodégradables sans diffusion de micro-plastiques persistants

Tel est l’enjeu du projet TEFIBIO, porté par le Parc naturel marin en partenariat avec l’organisation de producteurs FROM Nord, financé par le Fond Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche et cofinancé par France Filière Pêche.

Il doit permettre de proposer un filet utilisable sur une durée similaire aux filets utilisés aujourd’hui par les fileyeurs, pêcheurs pratiquant la petite pêche côtière, mais pouvant se décomposer plus rapidement dans le milieu marin en étant assimilé naturellement lors du processus de biodégradation, sans impact persistant sur l’environnement.

Des tests du prototype sont menés en conditions réelles depuis l’été 2020.

Lancement de l'expérimentation de filets biosourcés et biodégradables. Crédit photo : Line Viera / OFB

> Connaître et protéger les phoques

Le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale accueille à l’ouvert de ses estuaires deux espèces de phoques : les Phoques gris et Phoques veau-marin. On estime leur nombre à plus de 1 200.

Des études sont menées pour comprendre ces mammifères : définir leur abondance, leur répartition, leur régime alimentaire ou encore leurs déplacements. En parallèle, des actions sont mises en œuvre pour protéger les animaux des comportements humaines. Le Parc naturel marin travaille avec les opérateurs de découverte du milieu marin pour concilier au mieux leurs activités avec la tranquillité des phoques.
Des opérations sont aussi déployées pour sensibiliser le grand public aux enjeux du dérangement : c’est l’interaction entre l’animal et un humain, un chien, un drone, un fat bike, un cheval ou toute autre activité qui va entrainer un changement du comportement de l’animal tel que la fuite. Or le phoque sur un banc de sable se repose, met bas ou mue pour renouveler son pelage. Ces moments sont vitaux pour lui. Tout dérangement entrainant la fuite peut avoir de grands impacts, allant jusqu'à la mort des individus les plus fragiles, comme les nouveau-nés.

Phoques veaux marins (Phoca vitulina) au Hourdel. Crédit photo : Magali Loeuillet / OFB

Les agents du Parc marin qui sont des inspecteurs de l’environnement peuvent verbaliser si un dérangement volontaire des phoques est constaté.

> Eduquer les populations littorales aux enjeux du milieu marin

Depuis septembre 2016, le Parc naturel marin déploie les aires marines éducatives (AME) sur son périmètre : il accompagne activement les projets et leur propose un soutien scientifique, matériel et financier.

La croissance du réseau des établissements scolaires en AME est constante : ce sont désormais plus de 1 000 élèves chaque année qui s’approprient la gestion d’un petit morceau de périmètre du Parc marin et découvrent ses richesses et les enjeux de sa protection.

 

Sortie aire marine éducative (école Louis Pasteur). Crédit photo : Line Viera / OFB