Ces dernières semaines, trois opérations ont été organisées pour relâcher des jeunes lynx dans l’Ain, le Jura et le Doubs.
Le lynx boréal, seul grand félin sauvage présent en France, est une espèce menacée et strictement protégée en Europe. Trois jeunes lynx en détresse ont été recueillis dans les départements du Doubs, du Jura et de l’Ain fin 2019. Ils ont été examinés et soignés au centre de sauvegarde de la faune sauvage Athénas dans le Jura. Après cette période de réhabilitation, ils ont pu être remis en liberté à proximité des lieux de leur capture, respectivement les 23 et 29 avril 2020 dans le Doubs et le Jura, et le 19 mai dans l’Ain.
Environ 150 spécimens sont présents sur le territoire national, dont la majorité au sein du massif jurassien. La régression de l’habitat forestier, la diminution des proies et les persécutions directes ont entraîné le déclin de l’espèce à partir du Moyen Âge. Actuellement, les collisions routières et les destructions illégales représentent les causes les plus importantes des mortalités connues. La sauvegarde de cette espèce revêt un enjeu fort pour la préservation de la biodiversité en France.
Ces jeunes lynx ont tous été équipés de colliers VHF/GPS afin de garantir leur sécurité et collecter des informations sur leur réinsertion et leur réadaptation au milieu naturel. Grâce à ce collier émetteur, l’un d’eux a malheureusement été retrouvé mort dans le Doubs le 1er mai. Immédiatement, une équipe composée d’un inspecteur de l’Environnement de l’Office Français de la Biodiversité et du responsable du Centre Athénas s’est rendue sur place et une autopsie a été réalisée. Ni les examens radiologiques, ni l’autopsie n’ont révélé de lésions de type traumatique ou de projectile. Des investigations complémentaires sont nécessaires pour progresser dans le diagnostic et conclure avec certitude sur la cause de la mort.
Le lynx est une espèce sauvage protégée qui n'est pas dangereuse pour l'homme. La destruction illégale de lynx, comme récemment dans les Vosges et le Jura, constitue une atteinte grave à la biodiversité et un délit puni de trois ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende. Cette peine peut être portée à sept ans d'emprisonnement et 750 000 € d'amende s’il est commis en bande organisée.
Comment fonctionnent ces opérations de relâchers ?
Les captures de lynx en détresse et leurs relâchers sont encadrées par les dispositions d’un arrêté ministériel du 12 mai 2017. La mise en œuvre et le contrôle des dispositions de cet arrêté sont réalisés par les services des préfectures, des directions départementales des territoires (DDT), des directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de l’Office français de la biodiversité (OFB). Ce dernier est plus particulièrement chargé de valider la qualification de « lynx en détresse » avant toute capture et participe aux opérations de relâchers. Concernant les jeunes lynx en détresse, après avoir été soignés, ils sont relâchés en avril-mai, période à laquelle ils s’émanciperaient s'ils restaient avec leurs mères.
En août 2018, le ministère de la Transition écologique a décidé d'initier un « plan national d’actions » (PNA) en faveur du Lynx boréal en vue de rétablir cette espèce dans un état de conservation favorable en France. Le préfet de région Bourgogne-Franche-Comté est en charge de la coordination de ce plan, avec l’appui de la DREAL. L’OFB en assure la rédaction, grâce aux contributions de l’ensemble des acteurs concernés (scientifiques, représentants associatifs, représentants des activités socioprofessionnelles, éleveurs et chasseurs). Ce plan doit être approuvé en 2020.