Les prairies, une question d'équilibre

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France entière

Issues d’un équilibre intime entre conditions écologiques et pratiques agricoles et pastorales, les prairies représentent près d'un tiers de la surface agricole en France. Parmi elles, les prairies semi-naturelles ont un fort intérêt patrimonial, environnemental et agricole. Cependant, depuis plusieurs décennies, elles disparaissent. Et le processus pourrait s’accélérer sous l’effet du changement climatique. Préserver les prairies est un enjeu majeur, autour duquel l'Office français de la biodiversité (OFB) et ses partenaires se mobilisent.

Les prairies dans le paysage français

À l'échelle mondiale, les prairies représentent 36 % des surfaces continentales, soit à peu près autant que les forêts et que les terres arables.
En France, elles font partie intégrante des paysages ruraux et sont présentes dans des territoires diversifiés :

  • zones de reliefs, moyenne ou haute montagne où dominent prairies et alpages et transhument les troupeaux,
  • zones herbagères de plaine, avec des surfaces toujours en herbe au sens agronomique du terme,
  • zones mixtes de culture et d’élevage au sein d’exploitations qui combinent céréales avec des ateliers d’élevages laitiers ou allaitants.

La surface des grands espaces de prairies permanentes a diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010 (source naturefrance.fr).

Paysage prairial (S.Perera/CBN Massif Central)

Définitions et histoire des prairies

Des services rendus à toutes les échelles

Les prairies rendent de nombreux services - économiques, culturels, environnementaux - tant au niveau de l’exploitation agricole qu’au niveau du territoire.

Des services économiques

Les prairies contribuent à la production animale et à la performance économique des exploitations. Elles sont une modalité d’occupation, conséquence d’une production animale associée, qui utilise la biomasse produite et en assure la valorisation économique.

Vallée du Fossat (S.Perera/CBN Massif Central)

De nombreuses études ont montré qu’augmenter la diversité au sein des prairies :

  • a des effets bénéfiques sur la production de biomasse et sa stabilité face aux aléas,
  • augmente la qualité des fourrages,
  • permet de limiter les intrants et
  • participe de manière significative aux revenus des agriculteurs.

Des services environnementaux

Les prairies assurent d’autres fonctions essentielles, comme limiter l’érosion des sols et les pollutions diffuses, et participer à l’atténuation des effets du changement climatique (entre 15% et 30% du carbone global est stocké dans leur sol). Elles représentent la majorité des éléments fixes des paysages et contribuent au fonctionnement des paysages agricoles. Leur qualité en termes de diversité spécifique mais aussi de couverts hétérogènes apparaît comme un paramètre essentiel pour maximiser leurs effets sur les services écosystémiques qu’elles soutiennent, comme la pollinisation ou la régulation des bio-agresseurs.

Un élément clé de la transformation agroécologique

Leur maintien dans le temps et dans les territoires constitue un facteur clé pour la construction de systèmes économiques viables, flexibles et sécurisés, contribuant à un environnement préservé. À l’image des infrastructures agroécologiques, elles favorisent une faune et une flore diversifiées et abondantes qui favorisent à leur tour les pollinisateurs et les auxiliaires des cultures. Elles participent ainsi au maintien des rendements agricoles et à leur stabilité.

La préservation des prairies dans les systèmes agricoles français nécessite de développer leurs atouts économiques par des modes d’exploitation adaptés qui valorisent la biodiversité, notamment dans un contexte de changement climatique, et de les valoriser auprès des consommateurs et des collectivités. Le concours des pratiques agroécologiques Prairies et Parcours vise à les mettre en lumière auprès du grand public.

Un concours des pratiques agroécologiques

Le concours Prairies et Parcours a été créé en 2010 par les Parcs nationaux et les Parcs naturels régionaux de France. Elargi à l’ensemble du territoire national, il intègre le Concours général agricole en 2014. Il est depuis piloté par la Chambre d’agriculture France auprès des 50 territoires concernés chaque année. Soutien du concours, l’OFB participe à la remise des prix.

Des pressions subies par les prairies en évolution

Intensification des pratiques agricoles (surpâturage, utilisation d’intrants, fauche précoce jusqu’au labour) et homogénéisation des pratiques à l’échelle de petites régions

En Franche-Comté, les prairies mésophiles sont à plus de 50 % dégradées par des pratiques agricoles non adaptées. À noter particulièrement : le broyage des sols aux casse-cailloux, qui remonte à la fin des années 1990 et est en plein essor dans les prairies et pâturages du massif jurassien. Les prairies humides sont aussi menacées par les changements de régime hydrique.

Fermeture naturelle des prairies suite à l’abandon de pratiques agricoles

Les surfaces embroussaillées ont gagné 6,5 M d’ha en France depuis 1970. Cette fermeture des milieux est en grande partie liée à la disparition d’activités agro-pastorales. Elle touche principalement les prairies mésophiles à moindre potentiel productif ou éloignés des exploitations, les prairies humides et les prairies alpines et subalpines.

Prairie fleurie (Philippe Massit/OFB)

Artificialisation

D’après les indicateurs de l'Observatoire national de la biodiversité (ONB), 55 271 ha de prairies ont été perdus par artificialisation entre 1990 et 2018.

Fragmentation des prairies

Cette fragmentation augmente les distances entre « patchs » de prairies au sein du paysage, constituant une menace pour leur conservation. La diminution et l’éloignement des surfaces renforcent l'effet des perturbations, comme la pollution ou l’envahissement d’espèces invasives. L’homogénéisation des habitats entourant les patchs de prairies a un effet négatif sur le potentiel de dispersion des espèces des prairies et entraîne donc une baisse des migrations d’espèces entre les îlots de prairies restants.

Changement climatique : des effets déjà visibles

Il représente un risque fort de nouvelles disparitions de prairies, principalement du fait de la variabilité interannuelle de production fourragère qu’il est susceptible d’engendrer (en cas de sécheresses ou canicules par exemple). Les capacités de résilience des systèmes pastoraux paraissent être un point faible dans la stratégie de conservation de la biodiversité, dans la mesure où de nombreuses espèces prairiales pérennes ont des banques de graines transitoires et des capacités de dispersion limitées.

L’impact d’une sécheresse exceptionnelle comme en 2003 sur la biodiversité des systèmes pastoraux est susceptible de modifier les communautés sur un pas de temps relativement long. Les sécheresses répétées entre 2018 et 2020 ont augmenté la dépendance des agriculteurs à l’égard du fourrage produit en dehors de la ferme. Pour s’adapter, les éleveurs mettent en place différentes stratégies qui jouent sur l’équilibre entre l’abandon des parcelles, le surpâturage, l’accroissement de la fertilisation ou la conversion des prairies permanentes en prairies temporaires, voire en culture annuelle. De même, les prairies alpines et subalpines pourraient subir les effets du réchauffement climatique à travers une saison hivernale plus courte augmentant la période de pâturage.
De tels changements de l’utilisation des terres et des modes de gestion ne valorisent pas la biodiversité, modifient l’équilibre des services environnementaux et fragilisent la résistance à long terme des prairies face au changement climatique.

Une dégradation de l'état de conservation des prairies

En chiffres : liste rouge européenne des habitats terrestres et aquatiques

  • 30 % des habitats de prairies classés vulnérables,
  • 17 % classés en danger,
  • 6 % classés en danger critique d’extinction.

Les prairies naturelles et semi-naturelles sont l’écosystème le plus menacé à l’échelle mondiale et subissent une dégradation généralisée de leur état écologique.

En Europe, le rapport concernant la directive habitats sur la période 2013-2018 indique que l’état de conservation des habitats de prairies enregistre une tendance à la dégradation liée au déclin des pratiques agricoles extensives dans l’Union européenne.


En France, l’état de conservation est défavorable-mauvais pour 4 types de prairies :

  • prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux (Molinion caeruleae - fiche INPN n°6410),
  • prairies humides méditerranéennes à grandes herbes du Molinio-Holoschoenion (fiche INPN n°6420),
  • prairies maigres de fauches de basse altitude (Alopecurus pratensis, Sanguisorba officinalis - fiche INPN n°6510),
  • prairies de fauche de montagne (fiche INPN n°6520).

Des actions en faveur des prairies

En projet : un plan d'action dédié aux prairies

Face à la réduction continue des surfaces de prairies naturelles et à la perte progressive de leur biodiversité, l’OFB, le réseau des Conservatoires botaniques nationaux et l’Inrae proposent d'élaborer un plan d’actions avec leurs partenaires. Ce plan s’inscrit dans la volonté de l’OFB d’accompagner la transition agroécologique. Sa rédaction sera organisée courant 2022.

Les objectifs du plan

  • Proposer des actions structurantes d’observation et de surveillance des prairies, mises en cohérence à l’échelle nationale,
  • Accompagner le déploiement d’actions de renforcement des connaissances, de conservation ou de restauration à l’échelle des territoires.

Un premier rendez-vous en 2021 pour co-construire le plan

Paroles d'acteurs dans les parcs nationaux : des vidéos techniques

Avec l'appui de l'Office français de la biodiversité, les parcs nationaux français proposent des vidéos, pédagogiques et techniques, à destination d'un public de professionnels (agriculteurs, techniciens) et de l'enseignement agricole.

Pourquoi et comment restaurer des prairies naturelles ?

Agriculteurs et partenaires d'un territoire présentent :

  • les raisons qui les ont amenés à restaurer des prairies naturelles,
  • et 3 trois techniques mises en œuvre : transfert de foin, récolte des graines par moissonneuse ou récolte des graines par brosseuse.

Durée : 7 min

Vidéo YouTube [Paroles d'acteurs dans les parcs nationaux : la restauration des prairies naturelles]

Les prairies naturelles sont des écosystèmes assez rares qui présentent de nombreux atouts pour les éleveurs et qui méritent parfois d'être implantées ou restaurées pour conserver toutes leurs qualités. Dans ce film technique et pédagogique, l'OFB et le collectif des Parcs nationaux de France donnent la parole à des agriculteurs et partenaires de leur territoire pour présenter les raisons qui les ont amenées à restaurer des prairies naturelles et les trois techniques mises en œuvre (transfert de foin, récolte des graines par moissonneuse ou récolte des graines par brosseuse).

Les 11 parcs nationaux français, rattachés à l'Office français de la biodiversité, sont engagés dans la promotion de l'agro-écologie sur leurs territoires, des activités agricoles qui « travaillent » avec la nature et la renouvellent.

Les prairies naturelles peuvent abriter plus d’une centaine de plantes et produire durablement du foin. De ce fait, elles présentent de nombreux atouts : économie en travail, intrants et semences, qualités nutritionnelles et sanitaires, réservoirs de biodiversité, résilience aux aléas climatiques et création de paysages typiques. Ce film réalisé par l'OFB donne la parole aux acteurs des parcs nationaux des Ecrins et des Cévennes.

Qu'est-ce qu'une prairie naturelle ?

Intervenant 1 Lise Merlin, Parc national des Cévennes
La définition d'une prairie naturelle ou permanente, c'est une vieille prairie. Souvent l'éleveur ne se rappelle pas l'avoir semée. Elle permet en fait de fournir du stock fourrager à moindre coût qui nécessite moins d'engrais moins de
semences, moins de travail. C'est un écosystème assez rare et en plus d'être rare, ce sont des surfaces qui sont souvent menacées, soit par la surutilisation donc une demande de mise en culture pour faire des cultures annuelles ou alors au contraire un abandon de surface et donc un reboisement.

Intervenant 2 Bruno Molines, Agriculteur
Le climat se réchauffe, comment on fait pour essayer de faire en sorte que notre exploitation s'adapte à ça ? Les prairies temporaires vont être de plus en plus compliqués à implanter parce que les semences achetées vont peut-être moins résister à la sécheresse donc on se dit : si cette prairie là résiste plutôt bien à la sécheresse, on va essayer de la dupliquer.

Intervenant 3 Marylène Pieyre, Agricultrice
La question était de commencer un peu à réfléchir sur comment prendre soin de nos prairies sans forcément avoir recours à de la motorisation ou des méthodes beaucoup plus mécaniques ? L'expérience porte aussi sur un objectif de
faire repousser le dactyle qui s'était installé, suite à une prairie temporaire qu'on avait avait créé il y a déjà plus de quinzaine d'années. L'idéal est de tenter de voir si on peut effectivement renforcer la prairie naturelle, lui permettant naturellement de se développer.

Intervenant 4 Jean-Baptiste Martin, Agriculteur
On a beaucoup de dégâts de sangliers, pas sur toutes les parcelles mais sur certaines parcelles où c'est vraiment très récurrent. En général c'est les meilleurs d'ailleurs et les sursemis que j'ai fait, c'était vraiment pas probant. Après un sursemis avec des espèces du commerce c'est sûr, ça produit bien mais ça produit bien pendant trois quatre cinq ans si on a du bol. Après, il n'y a plus qu'une ou deux espèces donc on perd ce côté diversité et il
faudrait recommencé le processus, ce qui n'est pas l'idée. J'ai eu l'envie en fait d'essayer de récolter une de mes prairies naturelles qui a une grande diversité pour essayer de réimplanter intégralement. En fait, j'avais une
prairie qui est vraiment très dégradée. Je l'ai labourée et je vais essayer de la réimplanter intégralement avec des semences issues de mes prairies mais l'idée c'était de conserver une prairie naturelle en continuant à faire un minimum de fourrage dessus.

Intervenant 1 Lise Merlin
Les méthodes de duplication existantes, il en existe trois. C'est à dire soit on transfère le foin donc c'est la méthode transfert de foin ou fleur de foin qui mobilise tout le foin de la parcelle, ou alors sinon on va récolter vraiment les graines du foin donc soit par une moissonneuse ou une autre machine créee spécifiquement pour récolter les graines de prairies. C'est la brosseuse, qui va vraiment peigner les prairies.

Intervenant 5 Stéphanie Huc, Conservatoire Botanique Alpin
Dans le transfert de foin il y à coupe. Il y a coupe de matériel végétal et ce matériel végétal coupé donc tige, feuille et graines va être déplacé sur une prairie source à revégétaliser.

Intervenant 2 Bruno Molines
Lorsqu'on a récolté l'herbe au bon stade, c'est à dire lorsqu'il y avait un maximum de graines qui était susceptible de germer donc j'ai fauché, j'ai endainé. J'ai pressé dans la foulée. On a transporté les balles rondes sur la
prairie receveuse C'est assez simple à mettre en oeuvre, il faut juste un peu d'organisation

Intervenant 5 Stéphanie Huc
L'avantage c'est qu'on a des graines et aussi on a du mulch, on a des tiges etdes feuilles. Tiges et feuilles forment un paillage qui est extrêmement important, notamment en montagne. Surtout, lorsqu'on fait ses transferts de foin en plein été, ça évite de cramer les graines qui viennent d'être semées et puis ça maintient l'humidité et ça favorise du coup la germination.

Intervenant 2 Bruno Molines
L'inconvénient c'est juste, on perd une année de récolte sur la prairie donneuse. Mais voilà si on compare au coût de semences qu'on achète sur le commerce,ça coûte quand même moins cher.

Intervenant 5 Stéphanie Huc
Tous les agriculteurs se sont quand même rendus compte que certes, ils perdaient une prairie pour une année mais ils en gagnaient une seconde dès l'année suivante Dès l'année suivante, la prairie qui avait reçu ce foin vert pouvait
être fauchée en fin de saison. Donc ce qui est quand même très avantageux. Pour une prairie de fauche de montagne située à peu près entre 900 et 1300 mètres d'altitude un rapport de 1 pour 1 suffit. C'est-à-dire que 1 hectare récolté pour 1 hectare à semis. Plus on monte en altitude, plus il va falloir de surface à récolter.

Autre exemple, lorsqu'on est à peu près à 2000-2200 mètres d'altitude, on est plutôt sur un rapport de 1 sur 5 donc 5 fois la surface a récolter pour 1 surface semée et on a fait même des expérimentations jusqu'à 2000 2600 2700 mètres d'altitude où là on est sur des rapports de 1 pour 10.

Avantage transfert de foin
-facilement réalisable
-matériel disponible
-rendement intéressant
-1 ha pour 1 ha en moyenne
-foin qui mulche le sol et favorise la germination

Inconvénient
-1 année de perte

Intervenant 6 Alexandre Mercier, Agriculteur
Avec la moissonneuse, on va couper, on n'aura plus de moyens de repasser derrière. Toutes les espèces vont être au sol, l'avantage c'est qu'il va y avoir un batteur. Le batteur va extraire toutes les graines de toutes les plantes. On va essayer d'amener 20 000 graines au mètre carré pour être tranquille. En semis agricole comme là, on va partir plus sur 4000-5000 graines au mètre carré pour être vraiment optimum.

Avantage moissonneuse
- meilleur rendement
- pas de perte de foin

Inconvénient
- matériel pas forcément disponible
- récolte difficiel sur les parcelles pentues et de petites taille
- ne permet pas d'avoir tout le cortège de graines

Intervenant 6 Alexandre Mercier
La brosseuse est une brosse qui va tourner du bas vers le haut pour ramener les graines dans un bac et elle va passer sur les plantes, récupérer les graines qui sont mûres, laisser les tiges et laisser les fleurs qui ne sont pas
mûres pour ne récupérer que les graines mures.
L'avantage est que sur une même prairie, on peut faire plusieurs passages si on a des stades différents entre les légumineuses, les graminées et les autres espèces. La brosse facilite le passage dans parcelles pentues mais on a
du mal à récupérer certaines espèces, le potentiel de rendement est moins bon à la brosse qu'avec une moissonneuse batteuse.

Avantages
- adaptées à des parcelles difficiles d'accès
- pas de pertes de foin
- passage possible à plusieurs stades

Inconvénient
- Matériel pas forcément dispobible
- Recours à un prestataire
- Rendement plus faible
- 2 ha pour 1 ha en moyenne

Intervenant 1 Lise merlin
Le but est vraiment que les éleveurs soient autonomes sur ces méthodes-là.
En fait, le parc va vraiment aider sur un temps d'animation et également sur une expertise en termes botanique pour faire les suivis et également agronomique. L'intérêt du parc est vraiment de réaliser un suivi sur le long terme.

Les atouts des prairies naturelles

Agriculteurs et partenaires d'un territoire présentent :

  • les multiples atouts des prairies naturelles qu'ils soient agronomiques, économiques ou environnementaux,
  • et leur place dans les systèmes de production.

Durée : 7 min 45 sec

Vidéo YouTube [Paroles d'acteurs dans les parcs nationaux : les atouts des prairies naturelles]

Paroles d'acteurs dans les parcs nationaux : les atouts des prairies naturelles

Agriculteurs et partenaires de leur territoire présentent les multiples atouts des prairies naturelles qu'ils soient agronomiques, économiques ou environnementaux, et leur place dans les systèmes de production.

Dorothée Lépolard, Parc national du Mercantour
Une prairie naturelle est une surface en herbe caractérisée par une grande diversité floristique et qui n'a pas connu de perturbations depuis plusieurs années.

Emeric Sulmont, Parc national des Cévennes
Pour un botaniste que je suis, une prairie naturelle est un curieux concentré de toute la végétation qui peut pousser en bordure des bois.

Dorothée Lépolard
Ce sont des milieux qui vont être valorisés par l'élevage, soit par la fauche, soit par le pâturage.

Emeric Sulmont
Son caractère maigre et peu intense joue son rôle de préservation d'une biodiversité très grande.

Hervé Roume, éleveur viande
Ma propriété comporte environ une centaine d'hectares, avec de la prairie naturelle permanente de fauche essentiellement, qui me permet d'être presque à 80 à 90% autonome pour l'hiver en foin pour les brebis. Il y a moins de boulot, hormis la fauche. Après, pour ce qui est traitement, engrais, je n'utilise que du fumier de l'exploitation fumier des brebis.

Thierry Brillant, éleveur
L'autonomie fourragère me permet de ne pas avoir d'intrants sur mon exploitation et d'avoir une rentablité de l'exploitation, on ne laboure pas, on ne rajoute pas de semences. C'est vraiment un cout minime, pour une bonne production derrière.

Raymond Sabatier, Eleveur
Il y a plusieurs intérêts : d'une part, en termes de d'exploitation, c'est à notre avis quelque chose de plus souple que la prairie temporaire parce qu'il y a une flore qui est relativement diversifiée. Toutes les plantes ne sont pas au même stade végétatif. On fait essentiellement du foin. Comme on a des contraintes météo, si on peut pas exploiter tout de suite on attend 8 jours, 10 jours, 15 jours et donc c'est beaucoup plus facile à ce niveau là, une prairie
naturelle par rapport à une prairie temporaire.

Georges Zinsstag, commission agricole du Parc national des Cévennes
La base d'une bonne prairie naturelle, c'est un sol de qualité, sol qui résiste mieux au changement climatique puisque il retient mieux l'eau. Je pense que globalement, ils sont plus résilients dans ce contexte.

Stéphanie Huc, Conservatoire Botanique alpin
Une prairie de fauche qui est bien conservée va avoir une plus grande résistance au changement, aux parasites et aux maladies, que des prairies qui ont été semées avec des semences plus traditionnelles, on va dire plus commerciales.

Atouts pour l'exploitation
-participe à l'autonomie fourragère,herbe de qualité adaptée au terroir
-moins de travail, semences, carburants, engrais minéraux
-meilleure souplesse d'exploitation
-meilleure résilience face au changement climatique
-meilleure résistance aux parasites, prédateurs, maladies

Thierry Brillant
Les prairies naturelles donnent une qualité floristique différente, c'est plus appétent. Ca donne aussi du foin qui est plus fin, donc il sèche plus vite et il perd moins d'éléments minéraux au séchage. Les bovins, en mangeant ce fourrage, profitent plus, gagnent plus de poids de gain moyen quotidien, dans la ration.

Isabelle Lehir, éleveuse
Un bon foin maintient en forme le troupeau,parce qu'on travaille surtout sur la résistance du système immunitaire des brebis. Les prairies fleuries sont un bon atout parce que le foin est beaucoup plus équilibré que du foin de prairie temporaire parce que c'est plus varié.

Jean-Baptiste Martin, éleveur
Nous, on y est assez attaché parce que du point de vue biodiversité, je pense que c'est pas, c'est un peu empirique, mais je pense qu'il y a un grand rôle pour la flore des fromages. Nous, on n'a jamais aucun souci, que ça soit
sur les bactéries lactiques ou sur de la flore d'affinage.
En fait, on a toujours une flore très riche et des très beaux fromages. C'est en grande partie due aux prairies naturelles, je pense.

Atouts pour le troupeau et les productions
-Fourrage plus appétent
-Foin plus riche et digeste
-Vertus thérapeutiques
-Facilite la transformation des produits
-Meilleure qualité gustatuve
-Valorisation des produits éthiques

Isabelle Lehir
Au niveau du sol, le fait de travailler en prairie fleurie, c'est vrai, que je pense que le sol est quand même très vivant, c'est pour ça qu'on essaie de pas trop l'abîmer non plus.

Thierry Brillant
Pour toutes les espèces vivantes, comme les abeilles, tout ça leur donne de quoi manger et de quoi vivre.

Dorothé Lépolard
Du point de vue de la biodiversité, ce sont des milieux extrêmement riches par leur diversité floristique. Avec cette diversité floristique en fait, c'est toute une diversité faunistique qui va suivre, parce qu'on va avoir des hauteurs de végétation différentes. On va avoir des populations d'orthoptères donc criquets, sauterelles et grillons qui vont être eux aussi très variés. On va attirer les pollinisateurs par la disponibilité en ressources nutritives, pollens et nectars, et avec tous ces insectes, c'est aussi tout le cortège d'espèces associées.

Marylène Pieyre, éleveuse
J'ajouterai aussi un détail qui est important pour nous, peut-être moins pour d'autres, c'est le caractère esthétique aussi. Puisqu'en fonction des saisons,on a des floraisons différentes, de type différents avec des couleurs qui sont
très marquées et qui je pense, sont aussi apprécié par toutes les personnes qui profitent aussi du paysage.

Dorothée Lépolard
Ce sont des écosystèmes en fait à part entière et comme tous les écosystèmes, ce type de milieu va pouvoir rendre un certain nombre de services dit écosystémiques. Sur la préservation des sols, tout ce qui va être limitation de
l'érosion puisqu'en fait des prairies naturelles ne tolèrent qu'un travail superficiel du sol. La limitation des ruissellements va aussi limiter la propagation des pollutions diffuses et puis permettre en fait une meilleure épuration des eaux par l'infiltration dans le sol.

Laure Gomita, chambre d'agriculture
L'intérêt des prairies naturelles qui n'ont jamais été retournés est également de permettre de garder des sols couverts toute l'année, de permettre du stockage carbone et ça vient un petit peu améliorer les bilans carbone des
exploitations.

Atout pour le sol, les paysages et le climat
- sols plus vivants
- biodiversité faunistique et floristique
- limitation de l'érosion et du lessivage
- épuration de l'eau, filtration des pollutions diffuses
- caractère esthétique et paysager
- stockage carbone

Emeric Sulmont
Souvent les prairies fauchées sont dans un bon état. Nous, on a juste à encourager les pratiques déjà existantes et à les maintenir tels qu'elles étaient autrefois, pour ne pas trop évoluer vers une intensification.

Dorothée Lépolard
Un des dispositifs de contractualisation de mesures agro-environnementale et climatiques va permettre de maintenir la pratique de la fauche. Une autre façon est de leur proposer de s'inscrire au concours prairies fleuries, qui permet de valoriser les éleveurs engagés dans ces démarches.

Isabelle Hir
Là, sur cette exploitation que j'ai reprise après des gens qui travaillaient en traditionnel avec pas mal d'engrais, labour etc, moi j'ai fait carrément l'inverse. Je pense qu'il faut être patient. Il ne faut pas se décourager à
l'avance en disant bah au bout de 3 ans ouh là là c'est pas beau, on n'a pas encore le résultat qu'on veut. Faire confiance à la terre qui de toute façon après reprend le dessus quand même. Il y a beaucoup d'atouts et c'est quand même plus agréable de se dire qu'on ne pollue pas, on contribue un peu, à ce que nos enfants, arrière petits enfants aient de l'espoir aussi de pouvoir y arriver.