Œuvrer conjointement en faveur de la biodiversité

En Guyane, l’Office français de la biodiversité travaille avec de nombreux partenaires pour mettre en place des projets de protection de la biodiversité.

Parmi ceux-là, il existe des programmes ambitieux de réduction des captures accidentelles par les engins de pêche. Elément relativement singulier pour être relevé, ces programmes sont issus d'approches collaboratives initiées par les pêcheurs guyanais et des associations œuvrant dans le domaine de la conservation de la biodiversité.

Ainsi, le CRPMEM Guyane (CRPMEMG), le WWF France, l'IFREMER et d’autres partenaires travaillent ensemble depuis 2005 pour développer des techniques innovantes afin de limiter les captures accidentelles.
L’OFB apporte son soutien à cette dynamique exemplaire sur une thématique complexe.

Quelques exemples de projets

Le « Trash & Turtle excluder device » (TTED) : Le TTED est un dispositif qui permet aux grands vertébrés marins pris dans les chaluts de s’en extraire par une trappe de sortie, rendant ainsi la pêche crevettière sélective. Ce système a pu voir le jour à la suite d’un projet de recherche collaboratif entre les acteurs de la pêche (représentés par le CRPMEMG), le WWF France, l’agence états-unienne d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) et l’Ifremer.
Depuis la publication d’un arrêté préfectoral en 2021 reprenant une délibération du CRPMEMG, ce dispositif est désormais obligatoire sur l’ensemble des chalutiers crevettiers guyanais.

Les projets PALICA I, II et III (Pêcheries Actives pour la Limitation des Interactions et des Captures Accidentelles) : Pilotés par le WWF France et le CRPMEM Guyane, les projets PALICA visent à réduire les captures accidentelles de tortues marines et de dauphins. En 2017 et 2018, une concertation a été lancée à l’échelle de la façade maritime guyanaise auprès des pêcheurs pour identifier des méthodes alternatives de pêche (projet PALICA). Entre 2020 et 2023, des tests ont été menés sur la modification des systèmes de flottaison et des filets, ainsi que sur l’utilisation de signaleurs acoustiques qui envoient un signal répulsif en cas de présence de cétacés (projet PALICA II). La rentabilité de ces techniques innovantes est étudiée, et des activités visant à promouvoir les produits de la mer issus d’une pêche éco-responsable ont été programmées.
Dans le cadre du projet PALICA III, mené en collaboration avec l’association Kwata, le CNRS et l’Ifremer (avec un soutien financier de l'OFB), les tests de réduction des prises accidentelles seront poursuivis jusqu’en 2026 et des actions spécifiques seront menées pour diminuer les captures de grands vertébrés marins et d’espèces commerciales par les filets abandonnés en mer.

Le projet ARRIBA (Alerte au Risque Relatif aux Interactions Bloquant les Arribadas) : En complément des projets PALICA, le projet ARRIBA a permis une coopération entre conservateurs, scientifiques et acteurs de la pêche dans un objectif commun de limiter les risques de prises accidentelles des tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea) dans les filets. Cette espèce de tortue marine a la particularité de pondre de façon synchronisée. Ce phénomène de concentration de centaines d’individus aux abords des plages de ponte, appelé « arribada », les rend particulièrement sensibles aux risques de captures accidentelles.
Des programmes d’acquisitions de connaissances sur les comportements des tortues et sur les zones de leurs interactions avec les engins de pêche ont été menés, pour aboutir à la mise en place d’une zone volontaire de non-pêche sur la zone de regroupement au large de l’île de Cayenne, pendant la période de ponte des tortues olivâtres. Un calendrier de prédiction des arribadas a ainsi été établi grâce aux données fournies par l’association Kwata et le CNRS. Désormais, à l’approche des arribadas, le CRPMEMG alerte les pêcheurs afin qu’ils évitent la zone de regroupement.
L’augmentation du nombre de pontes de tortue olivâtre sur les plages de l’île de Cayenne depuis 2020 suggère que l’accès aux plages a été facilité par ce projet.
Le projet PALICA III va permettre une mise à l’échelle de la protection de ces tortues marines, avec la mise en place d’une nouvelle concertation incluant les professionnels de la pêche évoluant entre Cayenne et Kourou.