Chaque été, le niveau des petits cours d'eau baisse, parfois jusqu'à leur assèchement complet. Pour mieux comprendre et anticiper ce phénomène, un Observatoire national des étiages (Onde) a été mis en place en 2012. Cette dataviz dresse un bilan des 13 premières années d'observation, et s'ajoute à la collection créée par l'Office français de la biodiversité.
Les étiages estivaux, un enjeu de société et de biodiversité
Au cours de l’été, de nombreux petits cours d’eau de France métropolitaine voient leur débit baisser. La hauteur d'eau diminue, la température de l'eau augmente, sa qualité se dégrade et la vie qu'elle abrite est modifiée. L'écoulement du cours d'eau peut même être interrompu.
Définitions
Étiage : débit exceptionnellement faible d'un cours d'eau.
Assec : cas le plus extrême de l’étiage, il n’y a plus d’eau qui s’écoule, le lit de la rivière est asséché.
Les étiages, d’origine naturelle, sont souvent amplifiés par les activités humaines, telles que l’irrigation ou l’alimentation en eau potable.
La surveillance et la compréhension de ces étiages sont aujourd’hui un enjeu fort pour les pouvoirs publics, afin de mieux réguler les usages de l’eau en période sèche et limiter les impacts sur la faune et la flore aquatiques.
Des impacts sur les milieux, les activités humaines et la biodiversité
Plus un cours d'eau est en étiage intense et long, moins il est en mesure de remplir les fonctions d’épuration naturelle de l'eau, de recharge des nappes phréatiques et d'approvisionnement en eau douce (pour l'eau potable, l'énergie, l'agriculture, l'industrie, la pêche, les sports nautiques, etc.).
L'impact du manque d'eau sur les milieux aquatiques dépend de la durée, de l'intensité et de la fréquence des étiages affectant le cours d'eau. Du point de vue de la biodiversité, des étiages graves et répétés d'un cours d'eau peuvent impacter la végétation aquatique et perturber les fonctions naturelles pour la faune aquatique : habitat, alimentation, reproduction (ainsi, les zones de frai des poissons peuvent être dégradées ou devenir inaccessibles). L'assèchement d'un cours d'eau peut entraîner la mort des espèces aquatiques peu mobiles, par exemple les alevins de poissons ou certains batraciens, mais aussi une disparition d'espèces autochtones au profit d’espèces envahissantes plus résistantes.
Des observations pour comprendre et agir
Afin de caractériser les étiages affectant les petits cours d’eau en été (intensité, durée...) et anticiper les situations de crise, un réseau d’observations visuelles a été mis en place depuis 2012 sur tous les départements de l'hexagone, l’Observatoire national des étiages (cf. ci-dessous). Le suivi peut être fait toute l’année, si une sécheresse est précoce par exemple, mais les suivis « usuels » sont faits mensuellement de mai à septembre. Lors d’une observation, 3 modalités sont possibles :
- écoulement visible : de l’eau s’écoule et de façon continue,
- écoulement non visible : de l’eau est présente, par exemple sous forme de flaques, mais aucun courant n’est visible,
- assec : l’eau est absente, évaporée ou infiltrée.
La Dataviz
Au sommaire
Un assèchement globalement en progression sur 2012–2024, malgré des années plus humides
Le graphique permet d’observer les disparités spatiales et temporelles des sécheresses estivales, basées sur les cours d’eau affectés par des écoulements non visibles et par des assecs, sur une période de 13 ans.
À noter : cette durée est néanmoins trop courte pour dégager des tendances hydrologiques statistiquement robustes.
D’un point de vue hydrographique, la France hexagonale est découpée en 6 régions basées sur les grands fleuves français : les bassins versants hydrographiques . Bien que les 2 bassins du sud de la France, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée-Corse, apparaissent comme les plus touchés, toute la France est affectée par l’assèchement estival des petits cours d’eau.
Observations en écoulement non visible et en assec : les infos clés
- Sur la période 2012-2023, le taux cumulé est globalement en hausse.
- Les années les plus impactées correspondent à 2022 et 2023, et la période 2017-2020 pour l'ensemble de l'hexagone, ainsi que 2012 pour le sud de la France.
- Taux le plus élevé sur la décennie : > à 32 % en 2022 dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse.
- En 2023, les bassins ont été touchés par un taux d’assec et d’écoulement non visible compris entre 12 et 27 %.
Carte des bassins hydrographiques de l'hexagone (OFB, 2020)
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De plus en plus d'assecs, répartis différemment selon les années
Cette carte de France à l’échelle départementale offre une lecture plus précise des inégalités géographiques sur cette période de 13 années (2012-2024). Selon les années, ce ne sont pas les mêmes régions françaises qui sont touchées par les sécheresses estivales.
- Durant les années les plus sèches (2012, 2017-2020, 2022 et 2023), les Pays de la Loire, le pourtour méditerranéen, le Centre et la Bourgogne comptent la plus grande part de cours d’eau en assec.
- Durant les années moins affectées, d’autres secteurs peuvent être touchés, tels que :
- le Morbihan et le Loiret en 2013, la Creuse en 2015, l’ouest du pays en 2016 (Loire-Atlantique/Vendée), la moitié nord en 2018 (excepté le littoral de la Manche),
- et le pourtour méditerranéen ressort davantage les années les plus humides (par exemple en 2024).
Quelques départements sont épargnés par les sécheresses estivales, du fait notamment de leur climat, de leur topographie et des caractéristiques de leurs cours d’eau : Finistère, Manche, Landes, Haute-Vienne, Haute-Savoie.
À l’opposé, dans certains départements parmi les plus touchés, plus de 70 % des sites suivis ont fait l'objet d'au moins un assec sur cette décennie : Loire-Atlantique, Vaucluse, Drôme, Vendée, Creuse, Nièvre, Aveyron.
À l’échelle de la France, le nombre d’assecs augmente globalement sur la période, à l'exception de 2021 et 2024.
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Les années peuvent être sélectionnées directement en utilisant le curseur. Au clic sur le bouton "Faire défiler" les années s'enchaînent en série.
Des fins d'été de plus en plus sèches
En regardant de plus près la période de l’année concernée par le suivi usuel des étiages, c’est-à-dire de mai à septembre, le pourcentage de sites en assec est de plus en plus élevé au fil des mois. Ce taux ne dépasse jamais 10 % en mai, atteint à plusieurs reprises 20 à 30 % en juillet et c'est majoritairement août qui compte le plus d'assecs. Selon les années, il arrive que leur nombre soit plus élevé en septembre. C’est donc en fin d’été que les cours d’eau subissent le plus le manque d'eau.
Cette tendance s'accentue sur la période étudiée, excepté en 2021 et 2024 (années humides).
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Au survol, sont précisés pour chaque mois : le nombre de stations en assec et le nombre total de stations, ainsi que la part des observations en assec par bassin.
Des assecs se suivant d'un mois sur l'autre
Ce graphique permet de visualiser simultanément le nombre de stations d’observation en assec et le nombre de mois successifs d'observation en assec pour la période de mai à septembre de chaque année (entre ces observations successives, le cours d’eau peut toutefois revenir en eau). Il confirme une augmentation du nombre de stations en assec sur la période 2013-2014 et en 2022. L’année 2023, bien que sèche, l’a été de façon moins marquée que 2022, tandis que 2024 se caractérise par des conditions très humides.
Les années les plus touchées par la sécheresse sont facilement identifiables : 2017 à 2020, 2022 et 2023, ainsi que 2012 dans le sud de la France.
Globalement, les 3 premières années connaissent des assecs ponctuels, avec au maximum 2 mois consécutifs pour la majorité des sites. À partir de 2015, de plus en plus de stations sont touchées par des assecs observés au moins 2 mois de suite. Entre 2017 et 2020, un nombre important de stations subissent des assecs 3 mois de suite et plus.
Par comparaison de 2 années particulièrement sèches (2017 et 2022), il apparaît que :
- les sites en assecs consécutifs de longue durée (3 et 4 mois) sont plus nombreux en 2017 pour la plupart des bassins versants (à l’exception de Rhône-Méditerranée-Corse),
- en 2022, davantage de sites sont touchés par au moins un assec.
La sécheresse de 2017 semble donc avoir été plus longue que celle de 2022, bien que moins intense (moins de stations en assec).
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À noter : cette figure est basée sur les suivis usuels mensuels, il est donc impossible de parler de "durée" d'assec.
Les sites n’étant jamais en assec ne sont pas représentés.
Des sites rarement en assec une seule année
Sur l'ensemble des stations en suivis usuels, soit 3299 en 2024 :
- 10 % des stations ont été en assec au moins 10 années sur les 13 de la période étudiée (pas forcément consécutives),
- 2 % des stations l’ont été tous les ans (soit 82), principalement en Rhône-Méditerranée-Corse.
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Des informations apparaissent au survol et le clic permet de zoomer pour visualiser les proportions.
Méthode utilisée pour cette dataviz
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8 questions / réponses sur la gestion de la sécheresse
Vous pouvez également
- Suivre les bulletins de situation hydrologique en France (eaufrance.fr)
- Participer à En quête d'eau, le programme de suivi des cours d'eau
- Consulter les arrêtés de restriction d'eau (Propluvia)
Notice
- Date d’édition : juillet 2025
- Structure(s) autrice(s) : Office français de la biodiversité (OFB)
- Editeur(s) : Office français de la biodiversité (OFB)
- Collection : Dataviz
- Zone : France hexagonale
- Milieux : Milieux aquatiques continentaux (plans d'eau, cours d'eau, sources et berges)
- Thématiques : Connaissances, données & diagnostics, Education & sensibilisation, Risques naturels