Comme pour le loup et le lynx, le suivi de l’Ours brun des Pyrénées est une mission d’intérêt public, confiée à l’Office français de la biodiversité (OFB) par le ministère en charge de l’écologie. Cette mission vise à produire un état des lieux solide de l’état de conservation de la population et à éclairer le processus de décision en matière de conservation et de gestion de l’espèce.

De nature discrète, l'ours est difficile à observer. Les individus vivent en petit nombre sur de très grands territoires et sont essentiellement nocturnes. Leur suivi nécessite de rechercher des indices indirects de leur présence, tels que des poils, crottes ou empreintes. Laissés par l’animal, ces indices n’induisent pas d’intervention sur l’animal, de capture notamment.

L’OFB anime un réseau multi-partenarial d'observateurs, le réseau Ours brun (ROB), qui collecte sur le terrain des indices de présence de l'ours sur l’ensemble des Pyrénées françaises. Une fois analysés, ces indices permettent d’évaluer annuellement l’aire de répartition géographique, l’effectif de la population, et d’autres paramètres démographiques (survie, reproduction) utilisés pour réaliser diverses études scientifiques.

Les usagers de la montagne qui ne font pas partie du réseau Ours brun peuvent également faire remonter leurs observations au réseau (contact : stgaudens (a) ofb.gouv.fr). Des conseils pour le relevé des indices sont détaillés ci-après.

L'ours brun

Durée : 1 min 19 sec

L'ours brun

Observations visuelles d'individus

Observation directe d'ours (mâle et femelle), avec comportements de rut (F. Martin/ROB)

Les observations directes d’ours sont rares et, en général, rapides, lointaines, avec de mauvaises conditions de lumière et un animal en mouvement. La difficulté est d'identifier les critères de détermination de l’ours et de répondre rapidement à 5 questions :

  • quelle est la taille de l’animal ?
  • ai-je pu observer des caractéristiques frappantes au niveau de sa silhouette ?
  • ai-je pu observer des particularités au niveau de son pelage ?
  • ai-je pu observer les oreilles et/ou la queue ?
  • que dire de son comportement ?

L’ours présente des caractéristiques spécifiques qui permettent de le distinguer des autres espèces sauvages. Cependant, les confusions sont régulières, en particulier à grande distance, avec le sanglier. Les oursons peuvent être confondus avec la marmotte et le renard. Les observations d’ours sont validées par le ROB uniquement si un indice indirect associé à l’animal est trouvé sur le lieu de l’observation.

Voie d’homme et voie d’ours dans la neige (OFB)

Traces

Voies et empreintes

C’est sur un sol meuble ou enneigé, en entrée ou sortie de tanière, que la découverte d’une voie (piste) d’ours est la plus facile. La largeur de la voie est frappante : 30 à 40 cm de large entre les centres des empreintes. Un examen technique (forme et taille de l’empreinte, photo avec échelle et dessin des empreintes, etc) est nécessaire, il est généralement réalisé par un membre du ROB.

Si vous êtes usager de la montagne non spécialiste, vous pouvez prendre une photo générale de la voie de l’ours et des photos en gros plan des empreintes (idéalement empreintes de patte avant et arrière) avec un objet servant d’échelle (pièce, clé, portable, stylo…). La photo en gros plan devra être prise bien d’aplomb à la verticale de l’empreinte pour pouvoir être exploitable.

Empreintes d'ours dans la neige (OFB)

Les caractéristiques d’une empreinte d’ours sont :

  • pour la patte avant (en haut sur la photo), la présence de 5 doigts alignés sur un arc de cercle assez ouvert et d’une paume, le talon est rarement visible ;
  • pour la patte arrière (en bas sur la photo), l’ensemble de la plante du pied est au contraire bien visible ;
  • la longueur des griffes permet de bien distinguer une patte avant d’une patte arrière ;
  • les confusions sont possibles avec le blaireau, autre plantigrade (la taille des empreintes notamment permet en général une différenciation).

Griffures

Griffades d’ours sur un sapin en bord de sentier (OFB)

Les griffures (ou griffades) d’ours sont en général effectuées avec les pattes avant, souvent de chaque côté d’un arbre (comportement de marquage).

Les griffures sont parallèles, régulièrement espacées de 2 à 4 cm les unes des autres et en forme de virgules, contrairement aux marques des cervidés qui sont verticales et espacées anarchiquement.

Dans certains cas, si l’ours grimpe sur l’arbre, il peut laisser des marques avec ses pattes arrières plus bas sur l’arbre.

Restes alimentaires

Zones de repos et d'hibernation

Cris / grondements

Cet indice reste difficile à identifier de manière formelle : les vocalisations des ours sont sourdes, peu audibles et portent peu. Des confusions sont fréquentes avec d’autres espèces sauvages comme les cervidés et sangliers.

À noter : en raison de l’absence de critère objectif pour décrire un son, les cris ne sont pas considérés comme des indices de présence exploitables par le ROB. Ils doivent être nécessairement confirmés par des indices de présence associés, trouvés à proximité du lieu où le grondement/cri a été entendu.

Exemples de communications sonores (monter le son)

Dans la nature, la communication entre individus est discrète, contrairement aux idées reçues.

Une vidéo à écouter ! Une ourse suitée de 2 oursons de l’année semble renifler la caméra et communiquer avec ses oursons.

Ourse suitée de 2 ourson de l’année, 2018 [Vidéo à écouter]

Durée : 58 sec

Ourse suitée de 2 ourson de l’année, 2018 [Vidéo à écouter]

Les vocalisations d’un ours de 16 mois qui semble appeler sa mère. Situés dans le parc animalier de Borce (64), ils viennent d’être séparés, afin de déplacer le jeune dans un autre parc. (Prise de son OFB )

Indices biologiques

Seuls les excréments et les poils d’ours font l’objet d’une analyse génétique spécifique qui permet de confirmer l’espèce et d'identifier l’individu avec son profil génétique, son sexe et sa filiation avec les autres ours.

Outils de suivi de la présence de l'ours