Fiabiliser la mesure chimique dans la surveillance de l'eau

Aquaref réalise la formalisation de recommandations techniques pour les opérateurs (préleveurs, laboratoires) et commanditaires de la surveillance chimique DCE, notamment au travers d’une série de guides techniques. Ces guides concernent à ce jour la plupart des types de milieux et matrices aquatiques (continent et littoral), y compris les eaux de rejets. 

Aquaref a réalisé un examen des capacités analytiques des laboratoires nationaux s’agissant des nouvelles substances prioritaires de la DCE, révélant le challenge que représente la surveillance effective d’une bonne part de ces nouveaux contaminants mais aussi concernant les substances pertinentes à surveiller au niveau national. Une autre étude d’Aquaref a éclairé la situation et les besoins en matière d’estimation des incertitudes analytiques, dont la connaissance est essentielle pour fiabiliser l’évaluation de l’état des masses d’eau. Aquaref contribue aussi à une meilleure connaissances des performances des laboratoires au travers de l’organisation d’essais inter-laboratoires, tels celui mené en 2012 sur les métaux prioritaires de la DCE ou plus récemment celui consacré aux parabènes, molécules utilisées comme agents conservateurs dans de nombreux produits d’usages courant.

Des lignes directrices Aquaref sont depuis peu disponibles concernant l’évaluation de la stabilité des substances organiques dans les échantillons avant leur analyse, ou pour la vérification des concentrations minimales quantifiables dans les sédiments de rivière.
Aquaref agit également pour faciliter la transférabilité des méthodes analytiques développées par des laboratoires experts vers les opérateurs de la surveillance de routine ; des études illustratives concernent la famille des phtalates, plastifiants posant de nombreux problèmes analytiques, ou encore celle des alkyphénols, résidus de produits de nettoyage.
L’évaluation des incertitudes associées à la mesure chimique d’échantillons environnementaux a aussi fait l’objet de plusieurs études démonstratives ou de propositions méthodologiques, qu’il s’agisse des phases d’échantillonnage – par exemple pour la matrice sédiments de rivière - ou des étapes d’analyse.

Malgré le grand nombre de méthodes écotoxicologiques aujourd’hui disponibles, leur utilisation pour la surveillance de la qualité des milieux aquatiques ou des rejets reste encore limitée. De plus, au-delà d’avoir une vision globale des outils existants et de leur maturité technique, elle nécessite d’évaluer leur applicabilité effective dans ces contextes et de définir les modalités pratiques de leur utilisation. Fort de ce constat, un groupe de travail mis en place dans le cadre du partenariat OFB-Aquaref, réunissant scientifiques des secteurs public et privé et gestionnaires, s’est fixé comme objectifs de :

• réaliser un inventaire des bioessais existants susceptibles de permettre une caractérisation de l’écotoxicité des milieux aquatiques et des rejets aqueux, en considérant à la fois les méthodes d’essai renseignant sur l’écotoxicité générale, mais aussi les méthodes basées sur le mécanisme d’action des contaminants, spécifiques de certaines familles de polluants (i.e. oestrogènes, dioxin-like, mutagènes, génotoxiques…) ;
• définir de façon consensuelle une liste de critères scientifiques et technico-économiques pour l’évaluation des performances de ces bioessais et ainsi évaluer l’ensemble des bioessais inventoriés ;
• hiérarchiser les bioessais en fonction de différents scénarios d’utilisation en lien avec les objectifs de la DCE afin de distinguer les méthodes les plus pertinentes selon chaque scénario et faire des premières propositions de batteries d’essais en fonction des scénarios retenus.

Ainsi le ministère de l’Écologie a confié à Aquaref, le laboratoire de référence, l’appui à la constitution du référentiel méthodologique national.

Aquaref propose depuis 2008 une collection évolutive de "fiches méthodes" à usage des laboratoires. En cohérence avec les évolutions réglementaires récentes (DCE 2013/39) les productions les plus récentes se sont focalisées sur la matrice biote aquatique (analyse de la chair du poisson ou des mollusques, par exemple pour la surveillance des HAP,  des perfluorés, des résidus de pesticides comme l'Heptaclore ou le Dicofol, retardateur de flamme HBCDD), et sur des polluants nouvellement réglementés (molécules de la nouvelle liste de vigilance européenne, dont des hormones, des médicaments, ou encore de composants des cosmétiques comme les muscs synthétiques).

De nouvelles références sont aussi mises à disposition s’agissant de la surveillance de paramètres physico-chimiques plus classiques permettant d’évaluer l’état écologique des masses d’eau (ex. nutriments, pH, Oxygène dissous, etc..), au travers d’un panorama critique des capteurs existants et de leurs opportunités d'utilisation des recommandations de bonnes pratiques pour l’installation et la mise en œuvre de dispositifs de mesure en continu, ou encore de recommandations pour choisir un tel dispositif s’agissant des pollutions azotées ou phosphorées.

Un effort important est consenti par Aquaref pour le suivi de la normalisation des méthodes d’analyse physico-chimiques des eaux, sédiments et boues via la participation aux commissions de normalisation nationales (AFNOR), européennes (CEN) ou internationales (ISO) pertinentes, ou leur animation. Les comptes-rendus de ces suivis sont mis en ligne, ainsi qu'une synthèse annuelle de ces activités et des enjeux afférents.