Nombre d'entre nous ont aujourd'hui un quotidien, une histoire, "déconnectés" de la nature, principalement consommée. Faire évoluer nos relations avec le vivant, c’est (re)mettre le vivant au cœur de notre façon de penser, d’habiter le monde, de nos actions. Afin de développer ce levier, l’Office français de la biodiversité (OFB) travaille en réseau pour produire et diffuser des connaissances, mobiliser professionnels et citoyens sur le territoire.
Pourquoi et comment travailler sur nos relations avec le vivant ?
Dans son évaluation mondiale de l’état de la biodiversité en mai 2019, l’IPBES a dressé un constat alarmant de l’effondrement de la nature à un rythme sans précédent. Pour enrayer cet effondrement, l’IPBES appelle à des changements en profondeur sur les plans économique, social, politique et technologique, appelés aussi "changements transformateurs". Ces changements transformateurs concernent notamment nos représentations du vivant, nos relations au vivant.
Pont de pierre sur la source du Tarn (Sébastien Lamy, OFB)
Les leviers pour faire évoluer ces représentations et relations sont d’ordre culturel au sens anthropologique du terme. Ils sont ceux qui fondent notre culture : le système éducatif, les arts et la culture, la formation supérieure et professionnelle, les institutions, les systèmes de valeurs, les normes et technologies, les croyances… Il nous faut passer à autre chose en construisant de nouveaux récits refondant nos systèmes sociaux, économiques et culturels autour et par le vivant (Morizot, 2017).
Notre relation au vivant et la construction de nouveaux récits autour et par le vivant sont explorées :
- par de nombreux scientifiques dans le domaine des humanités environnementales. À titre d’exemple, la publication collective Société, nature, biodiversité (CGDD, 2021) rassemble quelques-unes de ces recherches et dresse un premier panorama des représentations sociales et formes d’appropriation des Français de la « nature ». Elle pointe la variété des points de vue et la complexité des interactions entre les citoyens et le monde vivant qui les entoure,
Inventaire scientifique mené par les élèves dans le projet 2018-2019 de l'Aire marine éducative Simone Veil de La Rochelle)
- via de nombreuses initiatives, impulsées par différents acteurs, différentes structures, qui mettent en œuvre des actions de mobilisation, d’éducation, des initiatives artistiques, etc. Ils investissent le registre des relations humains non-humains. Ces initiatives sont multiformes (universités populaires, débats publics, festivals, spectacles, formations...) et se déroulent à différentes échelles sur tout le territoire.
Néanmoins les politiques et l’action publique demeurent peu connectées avec les recherches et les initiatives. Elles prennent peu en compte cette dimension et ne contribuent pas encore à leur mise en réseau ni à la massification de ces recherches et de ces actions sur le rapport au vivant.
Identifier et définir des actions à mener pour initier des changements
L'OFB se saisit de la question avec l'intention d’en faire un levier pour mieux mobiliser la société. En s’appuyant sur ses dispositifs de mobilisation et de diffusion des connaissances, ses liens avec la recherche, sa forte implantation territoriale et sa capacité de mise en réseau, l’OFB cherche à amplifier le passage à l’action à toutes les échelles. Ainsi, via ses actions et celles de ses partenaires, l’objectif in fine est de lutter plus efficacement contre l'effondrement de la biodiversité.
Il développe sa feuille de route à travers le projet dédié, et y propose les ressources associées ainsi que des éléments sur les différentes thématiques liées.
Un préalable : comprendre les facteurs humains grâce aux sciences sociales
Depuis de nombreuses années, l'étude des pressions exercées par nos activités sur la biodiversité révèlent à la fois la nécessité des changements de pratiques sous l'aspect technique, mais également les freins "culturels" ou "sociologiques" à ces changements, le traitement médiatique...
De même, l'approche "utilitaire" s'est largement développée dans les discours sur l'environnement à travers la notion de "services rendus" aux humains par les écosystèmes, pour permettre :
- de faire comprendre leurs relations avec les éléments de notre quotidien,
- et de donner une "valeur" à ces espaces et cette biodiversité, notamment économique.