La qualité des données issues de la surveillance est conditionnée par l’utilisation de méthodes et de technologies de prélèvement et d’analyse fiabilisées. Un premier retour d’expérience sur les résultats de la surveillance a permis de mettre en évidence des difficultés récurrentes à quantifier dans l’eau, à des niveaux de concentration proches des normes de qualité environnementale (NQE), certaines substances organiques et des métaux traces. De plus, afin de tenir compte des effets ecotoxiques chroniques sur les organismes du milieu, la DCE exige une évaluation de l’état de contamination représentative de durées longues ; à cet égard le recours à des séries limitées de prélèvements ponctuels permet difficilement d’assurer cette évaluation dans le cas courant où les pressions polluantes ou le milieu sont soumis à des variations significatives au cours du temps.
Techniques de stabilisation des échantillons pendant leur transport
L’état chimique des molécules prélevées dans le milieu est susceptible de s’altérer dans les flacons utilisés pour conditionner les échantillons ; c’est notamment le cas lorsque le temps de transport est grand, comme cela se produit pour les Département d’Outre-Mers, puisque les analyses en laboratoires s’effectuent le plus souvent en territoire métropolitain. Pour limiter ces effets, Aquaref a pu évaluer une technique d’extraction des molécules sur phase solide effectuée directement sur le terrain, préalablement à leur expédition vers la métropole. Cette étude conclut favorablement à la faisabilité de cette stratégie, dont les conditions d’application restent désormais à consolider.
Echantillonnage intégratif
Afin d’accroître la sensibilité et la représentativité temporelle des analyses environnementales, en cohérence avec les obligations de la directive fille 2008/105/CE, l’utilisation de matrices intégratrices et alternatives à l’eau (sédiment, organismes aquatiques « biote », échantillonneurs passifs) est souvent évoquée.
Pour les échantillonneurs passifs, le consortium Aquaref s’est activement attaché à mettre en valeur ces outils pour la mise en œuvre de la DCE, notamment en publiant des fiches méthodes et des guides et en organisant des essais inter-laboratoires et des séminaires sur le sujet. Un premier document synthétique sur l’applicabilité de ces dispositifs pour la DCE a été produit dès 2011.
Depuis lors les experts d’Aquaref mènent des actions complémentaires d’évaluation de ces échantillonneurs pour cibler des domaines d’application prioritaires (notamment pour les eaux littorales dans lesquelles les polluants sont fortement dilués), et avaient pu en 2015 établir un premier bilan de leur utilisation dans les eaux françaises pour la réalisation de campagnes à grande échelle.
Les efforts d'Aquaref se sont concentrés sur l'amélioration des capacités de quantification de certains échantillonneurs, par exemples s'agissant de leur utilisation pour évaluer les contamination aux pesticides. La capacité de ces échantillonneurs à détecter des événements brefs de pollution, par exemple liés à l’utilisation intermittente de pesticides, fait également l’objet d’études spécifiques, avec de premiers résultats informatifs livrés en 2016, s'agissant d'outils de types SBSE ou POCIS. Ces expérimentations ont ensuite été exportées sur le terrain et étendues au cas métaux.
L’expérience acquise par Aquaref ces dernières années a conduit à la production de références pour l’utilisation de ces outils, d’une façon générale pour la maîtrise de la qualité des résultats, et plus spécifiquement s’agissant des capacités de ces outils à contribuer à la surveillance réglementaire dans la cadre de la DCE.
Depuis 2016 Aquaref s'est investi dans la mise en oeuvre d'un exercice de démonstration de grande ampleur de ces outils, dans le cadre du réseau de surveillance prospective (RSP) piloté par le Ministère de l'Ecologie, l'OFB et les agences de l'eau. Ce sont ainsi une centaine de substances DCE qui ont été intensivement mesurées sur une vingtaine de sites en France. Les résultats sont désormais disponibles (+ annexes), qui confortent l'applicabilité de ces outils en surveillance DCE.
Dans ce même cadre prospectif, ces outils intégratifs ont aussi été éprouvés dans les eaux littorales de Martinique spécifiquement pour la caractérisation de la pollution Chlordécone.
En parallèle, toujours le cadre conjoint Aquaref-RSP, des formations, ainsi qu'une série de vidéos-tutoriels ont pu être produits pour l'utilisation de ces outils en milieux marins et continentaux.
Ces résultats de campagnes à grande échelle sont complémentés par des développements réalisés au sein de projets locaux, notamment dans le cadre du dispositif "Micropolluants des eaux urbaines":
- rendre compatibles avec des mesures en réseau d'assainissement et en station d'épuration. Deux nouvelles configurations miniaturisées ont peut être testées avec succès et devraient pouvoir être mise en oeuvre opérationnellement par la suite.
- le projet martiniquais Seneur a lui aussi produit des avancées dans le développement et l'utilisation des POCIS, en se focalisant pour sa part sur les résidus de produits stupéfiants et pharmaceutiques.
- le projet strasbourgeois Lumieau-Stra a pu éprouver l'application d'autres techniques d'échantillonnage passif, également en réseau d'assainissement. Il a fournit un retour d'expérience complet sur l'utilisation de plusieurs outils: la cellule Prebio, ainsi que l'échantillonneur SBSE et des cartouches au charbon actif, ces deux derniers étant disposés au sein d'un réceptacle adapté (le CFIS, Continuous flow integrative sampler).
Par ailleurs les matières en suspension (MES) peuvent également faire l'objet d'une surveillance intégrative. Aquaref a récemment produit un état de l'art à ce sujet, ainsi qu'une analyse de la représentativité des MES captées par des pièges à particules.
Développements de capteurs in-situ et analyse en continu
Aquaref effectue une veille technologique sur les capteurs in-situ en développement.
S'agissant des techniques de suivi en continu, qui permettent a priori une information fine sur le comportement temporel des polluants et trouvent des applications pour la prévention de crises aiguës de pollution (protection de la ressource), l’Onema avait soutenu en 2013 l’initiative des Pôles de compétitivité Eau consistant à produire un premier retour d’expérience sur les intérêts technico-économiques de l’utilisation de ces dispositifs.